Le football français traverse une crise profonde. Qu'il semble déjà loin le temps où la Ligue 1 se félicitait de valoir un milliard d'euros et voyait grand pour le futur. Avec le retrait annoncé de Mediapro et une renégociation à venir du contrat des droits tv à la baisse, les clubs doivent se serrer la ceinture et attendent un dénouement rapide à ce feuilleton pour ne pas se retrouver dans une situation financière critique. Dans une interview accordée à Le Parisien, Laurent Nicollin a tiré la sonnette d'alarme pour le football français suite à la crise sans précédent traversée suite au refus de Mediapro d'honorer ses engagements et de payer les droits télés.
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"On se pose des questions, on essaie de trouver des solutions même si on n'a pas malheureusement toutes les réponses encore. On essaie d'anticiper pour pouvoir mettre des choses concrètes en place en janvier ou en février. Le retrait de Mediapro ? C'est quelque chose qu'on n'attendait pas mais qui effectivement s'ajoute à la période compliquée en matière de transferts, à l'absence de public dans le stade, des problèmes de sponsoring avec les loges et les VIP...", a expliqué Laurent Nicollin.
"Même si j'étais un des rares à dire que ce n'est pas la saison 2019-2020 qui allait être la plus dramatique, mais 2020-2021, je n'avais pas envisagé l'épisode Mediapro. On se disait qu'il y allait au moins y avoir l'arrivée financière des nouveaux droits télé et qu'il s'agirait de faire le dos rond pour limiter la casse... Tout le monde est en danger ! Après, je le suis peut-être moins que certains et peut-être plus que d'autres. Je ne sais pas. Mais aujourd'hui, tout club professionnel de Ligue et Ligue 2 est en danger parce qu'il n'a plus de rentrées financières, à moins d'avoir une trésorerie de plusieurs millions d'euros, ce qui n'est pas possible", a ajouté le président de Montpellier.
Laurent Nicollin avoue que certains clubs pourraient subir de lourdes conséquences de cette crise : "C'est le nerf de la guerre. Si demain il n'y a pas de repreneur et pas d'argent qui entre, ça sera très, très lourd. Là on comptera les morts. J'ai la chance d'avoir onze ans de Ligue 1 derrière moi donc j'ai des fonds propres – je suis le troisième ou quatrième club en fonds propres –, mais malheureusement, ils vont disparaître en un claquement de doigts. Ça fait des années et des années de gestion sereine qui vont s'effacer d'un coup parce que du jour au lendemain on n'a plus rien… Après, je ne veux pas faire pleurer dans les chaumières non plus parce qu'il y a des gens qui sont plus en difficulté et souffrent également du virus tous les jours, mais c'est une situation qui est très compliquée".
"Pour l'instant on ne fait que supputer. Il faut y aller étape par étape. Parce que c'était quand même quelque chose qui n'était pas gagné. Il y a quinze jours, trois semaines, quand j'en discutais avec Vincent Labrune (NDLR : le président de la Ligue), on semblait à des années-lumière d'un accord avec Mediapro. Il a réussi à le faire, donc je lui tire un grand coup de chapeau. Maintenant, j'espère que la Ligue va réussir à trouver un diffuseur qui permettra de limiter la casse. Mais, malgré tout, ça va être dramatique pour le football français, oui...", a ajouté le président de Montpellier.
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"Certains clubs peuvent faire faillite. Et, de toute façon, il va y avoir une fuite des joueurs. Ça va automatiquement affaiblir notre championnat qui, pour certains, n'était déjà pas un des meilleurs. Après, ça peut permettre aussi à certains clubs de partir sur de nouvelles bases et de baisser une masse salariale qui parfois part un peu dans tous les sens. Moi également, à mon niveau peut-être même si j'ai le 12e budget de L1 et ne me sens donc pas concerné par certains dérapages de salaires. Mais il va falloir réfléchir de nouveau à un fonctionnement, à un budget et peut-être avoir une équipe moins compétitive pour avoir des salaires plus bas", a conclu Laurent Nicollin.




