En cette fin d’année 2022, un autre mercato se joue dans les coulisses du PSG. Sans date de début et de fin, sans indemnité mais avec des intermédiaires facilitant l’arrivée ou le départ de certains membres importants du club de la capitale. Devant un parterre d’employés réunis au Parc des Princes, Nasser Al-Khelaïfi a d’ailleurs officialisé le 12 janvier la venue de Michelle Gilbert en tant que cheffe de la communication corporate.
Derrière ce mouvement important dans la coulisse du PSG, se cache un cabinet de recrutement. Pour trouver un profil rare à l’expérience internationale en lien avec le digital, le sport et évidemment la communication, la direction parisienne a utilisé les services d’un cabinet nommé Exeter Search, pourtant pas du tout spécialisé dans le sport.
Auparavant, Paris a déjà pu faire appel à ce type d’intermédiaire pour trouver sa directrice des ressources humaines notamment mais aussi pour embaucher à des postes plus junior sans que l’usage soit systématique.
Deux mastodontes venus d’Angleterre et des Etats-Unis
Très répandu en Angleterre ou aux Etats-Unis, où se trouve les agences les plus influentes, dans le monde du sport, la pratique prend de l’ampleur dans le football français depuis deux à trois ans. « Il y a des chasseurs de tête dans toutes les industries, certains couvrent plusieurs industries mais depuis quelques temps il y a des cabinets spécialisés dans le sport. Que ce soit dans le tennis, le rugby, la formule 1 ou le football », concède Laurent Colette, ancien directeur général de l’OM, qui a rejoint le club phocéen par l’intermédiaire de Nolan Partners, l’un des leaders du secteur.
Pourquoi faire appel à ses cabinets ? D’abord car les clubs de football se sont professionnalisés et « les postes sont plus précis, plus pointus, notamment sur le digital. Dans les grands clubs, on recherche surtout des pointures et on va chercher au niveau international et dans des secteurs un peu cousins : une boîte dans le digital, la grande consommation ou le tourisme », décrypte Laurent Colette passé par l’AS Rome et le FC Barcelone auparavant. Le poids des influences étrangères des propriétaires habitués à faire appel à des chasseurs de tête dans leur recrutement est aussi à souligner.
En France, SportCarriere et Business Sport Talent ont pris le créneau avec comme clients, l’Olympique de Marseille ou l’AS Monaco, notamment, mais doivent diversifier leur activité à travers d’autres sports ou d’autres secteurs en lien avec le sport. Malgré des rémunérations oscillant entre 25% et 30% du salaire brut annuel du candidat embauché, les deux cabinets hexagonaux ne rivalisent pas avec les mastodontes anglo-saxons du secteur : Nolan Partners et CAA.
L'exemple Pablo Longoria
Fondé par un ancien membre de la fédération anglaise de football, le premier s’est bien installé dans le football masculin et féminin outre-Manche et participé, entre autres, à la nomination d’Aymeric Magne comme président de Troyes (propriété de City Football Group). Quand le second est l’une des branches de la célèbre agence de représentation qui a fait son entrée sur le marché du football européen en rachetant Base Soccer (Heung-Min Son, Raphaël Varane et Kyle Walker) et Stellar (Jack Grealish, Eduardo Camavinga et Ibrahima Konaté).
Les deux entités ont d’ailleurs contribué à rendre la frontière entre le recrutement des secteurs administratif et sportif assez poreux. Il n’y a qu’à regarder le site de Nolan Partners pour s’en rendre compte. En France, la structure anglaise a participé au choix de Paul Mitchell comme directeur sportif de Monaco et a aussi permis à un grand club anglais de nommer son scout sur la France.
CAA n’est pas en reste. Avant de devenir le président de l’Olympique de Marseille, Pablo Longoria a été sélectionné par le cabinet américain parmi les candidats au poste de directeur sportif. « Il y a de plus en plus de scouts, des data analysts ou des analystes de la performance qui sont recrutés par des cabinets pros », confirme Laurent Colette. A quand, un entraîneur ou un responsable de la performance poussé par un chasseur de tête ? Des clubs anglais ou les Américains l’ont déjà fait.
