Yohan Demoncy salue les supporters après la victoire d'Annecy au stade Vélodrome en demi-finale de la Coupe de France.FC Annecy

Coupe de France - Yohan Demoncy raconte l'après PSG : "Le plus dur ça a été de se dire : je vais aller jouer en L2"

La Ligue 2, le National puis la Ligue 2. Cinq ans après son départ du club de la capitale, où il a été formé, Yohan Demoncy s’épanouit à Annecy qui dispute de jeudi la seconde demi-finale de Coupe de France face à Toulouse. En Savoie, loin de la région parisienne et après mésaventures à Orléans et au Paris FC, le milieu de terrain parvient au fil des matchs a montré son meilleur niveau. Du changement d’environnement à la baisse de ses ambitions, le Titi a accepté de revenir sur les difficultés qu’un joueur peut connaître en sortant du centre de formation du PSG.

Est-ce difficile de rebondir dans un autre club quand on a été formé dans un autre club ?

Dès le plus jeune âge, dès qu’on intègre la préformation, on se dit que l’on veut jouer avec l’équipe première. Mais quand cela n’arrive pas et que l’on doit repasser par la Ligue 2 ou un petit club de Ligue 1 ce n’est pas facile. C’est différent parce que les clubs qui viennent à toi ne sont pas toujours favoris contrairement à ce que tu vis quand tu joues en équipe jeune à Paris. Parfois, tu vas jouer dans une formation qui joue le maintien, c’est la bagarre tous les week-ends, chose que tu n’as pas vraiment connu jusque-là et qui n’est pas forcément naturel.

Le fait de vous imaginer défendre les couleurs du meilleurs club de France sur les dix dernières années et finalement de devoir jouer dans un club de L2 vous a-t-il amené à avoir un temps d’adaptation ?

Je ne dirai pas que le temps d’adaptation était difficile. Quand j’ai signé pro au PSG, j’ai directement pensé au fait que j’allais jouer en Ligue 1, même en prêt. Le plus dur a été de me dire, « putain je vais devoir passer par la Ligue 2 ». Une fois que j’y étais, j’ai mis un peu de temps à trouver mes marques mais j’étais programmé et je savais à quoi m’attendre. Quand je suis parti à Orléans, j’ai fini par me dire que c’était la L2 et qu’il ne fallait pas que je m’apitoie sur mon sort parce qu’en vrai ça reste un bon niveau, même si ce n’est pas l’objectif initial. Mais le plus dur ça a été de se dire « je vais aller jouer en L2 », alors que pour moi et je pense pour la plupart des titis, on sait que c’est dur de jouer au PSG mais au moins on pense jouer en L1. Une fois que je suis parti à Orléans, je me suis dit « c’est comme ça et je m’adapte aux conditions ».

Vous avez été étonné que des clubs de L1 ne s’intéresse pas à vous ?

Oui. Quand tu es au PSG, tu es formaté. Tu es focus sur le club et ce qu’il y a autour. Et ce qu’il y a autour ce sont des clubs de Ligue 1. Mais j’ai compris que l’élite ce n’était pas donné à tout le monde et que tu n’arrives pas comme ça en L1 sans expérience. Après tu te rends compte qu’il y a de bons joueurs partout et pas qu’au PSG.

"A Annecy, je dois laver mes affaires chez moi"

Cette difficulté d’accepter de redescendre dans un championnat moins huppé, vous en avez parlé avec les autres joueurs de votre génération au PSG ?

On n'a pas forcément échangé là-dessus mais on savait tous au fond que c’était bizarre de passer par la Ligue 2, il y en a même qui sont passés par la N2… Après quand tu vois Kingsley (Coman) qui joue en L1, tu te dis que t’as loupé un truc.

Vous auriez aimé que durant votre formation, que l’on fasse un peu plus de prévention pour expliquer le fait que redescendre d’un cran cela pouvait aussi être bénéfique ?

Personnellement non. J’ai toujours été réaliste : je savais que je n’étais pas le phénomène de ma génération. On a toujours été prévenu, pas forcément sur le fait de jouer un jour en L2 mais sur le fait que ce que l’on avait en terme de conditions de travail en U17 ou U19, il y a des clubs de L1 ou de L2 qui ne l’ont pas.

Pouvez-vous nous donner des exemples de ce que vous aviez au PSG que vous n’avez pas trouvé dans vos expériences suivantes ?

Quand tu es au centre de formation, tu as trois ou quatre kinésithérapeutes tous les jours. En Ligue 2, tu en as peut-être un ou deux, voire un plus un stagiaire. Il y avait aussi un préparateur physique pour les blessés et un autre pour l’équipe. Les paquetages aussi avec les tenues d’entraînement, de match, les crampons, tout était pris en charge par l’intendance. Quand j’arrive à Orléans, le paquetage est de moins bon en qualité et en quantité. A Annecy, je dois laver mes affaires chez moi. Les terrains sont moins bons aussi.

Etre confronté à cette réalité-là vous a permis de progresser sur le plan mental ?

Il faut savoir le prendre par le bon bout. Quand j’arrive à Orléans, par exemple, je vois que les terrains sont moins bons. Je réalise vite et je me dis que j’ai envie d’y rester le moins possible. Certains vont s’apitoyer sur leur sort, moi je me suis dit que c’était plus ça la réalité du football. Des mecs qui jouent au PSG et qui touchent des millions par mois, en vrai ce sont des exceptions dans le football. La réalité du football, c’est de passer par la Ligue 2, des conditions un peu plus difficile. Même en Ligue 1, il y a des clubs avec peu de moyens. Pour 80% des joueurs, le football c’est ça.

"C'est compliqué de se dire que tu gagnes un match sur trois, alors qu’au PSG tu penses à combien tu vas gagner"

Il y a aussi un modèle de jeu en formation au PSG qui est très différent du style de jeu pratiqué dans d’autres équipes…

A Paris, les équipes ont la possession tout le temps et puis tu es habitué à gagner presque tous les week-end. Quand tu arrives en Ligue 2 et que toutes les équipes se valent un peu, au début cela peut être compliqué de se dire que tu gagnes un match sur trois ou que sur un match il faut aller gratter un point, alors qu’au PSG tu penses à combien tu vas gagner. Après cela devient différent quand tu arrives en réserve, tu es plus jeune, tu vois que c’est un peu plus compliqué mais tu sais que tu ne gagnes pas tous les matchs mais que c’est un passage obligé dans ta formation.

Par rapport à ce que vous aviez connu à Paris, avez-vous eu besoin de développer d’autres qualités en L2 ?

Quand tu joues dans des clubs qui se battent pour le maintien, tu es obligé de développer d’autres qualités. Et encore aujourd’hui, notamment sur le plan physique à la récupération du ballon. Avec certains entraîneurs ou dans certains clubs en Ligue 2, où c’est plus la bagarre, les qualités, les points forts que tu as développé en jeune peuvent te desservir. Par exemple, à Paris où on avait la possession, pour récupérer le ballon, j’étais plus dans l’anticipation. En L2, ça ne suffit plus. Dans l’approche mentale aussi : à Paris, tu n’acceptes jamais d’un match nul, en Ligue 2 il faut parfois savoir s’en contenter.

Avec du recul, vous conseillerez aux jeunes joueurs de ne pas avoir peur d’aller découvrir un échelon inférieur ?

Ce n’est pas une question d’avoir peur mais il faut se préparer à l’idée de passer par là même s’ils n’y restent pas.

L’environnement autour du club amène parfois des joueurs à se projeter très haut et à ne pas accepter de redescendre plus bas. Est-ce un problème ?

A mon époque, ça existait déjà mais beaucoup moins qu’aujourd’hui. Quand je suis parti du PSG, je voyais des joueurs que je ne connaissais pas personnellement, sur des matchs de Ligue 2. En parlant avec eux, je voyais qu’ils n’étaient pas prêts pour être là, certainement parce qu’ils se voyaient trop beaux.

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