A Marseille, on est toujours dans la démesure et il convient de tempérer toute analyse concernant le rendement de l’équipe ou le travail de l’entraineur car la réalité d’un jour diffère souvent de celle du lendemain. Mais, et c’est un constat évident à tirer au sortir du premier mois de compétition, Marcelino peine à convaincre en tant que nouveau coach de l’équipe. Avec des méthodes et un style qui tranchent complètement avec ceux de son prédécesseur, l’Espagnol suscite énormément de réserves dans la cité phocéenne. Et c’est pourquoi il n’est pas certain qu’il fasse long feu du côté du Vélodrome.
OM, un troisième du championnat qui fait pâle figure
Après quatre journées de championnat, l’OM est 3e au classement. Il n’a que deux points de retard sur le leader monégasque et il fait partie des cinq équipes qui n’ont pas encore chuté depuis l’entame de la saison. Le bilan parait positif, mais ce jugement est biaisé. D’abord parce qu’il y a aussi l’élimination dès le 3e tour préliminaire de la Ligue des Champions à prendre en compte (contre le Panathinaikos) et aussi parce que l’impression dégagée dans le jeu ne concorde absolument pas avec l’ambition affichée.
Vendredi dernier, sur la pelouse de Nantes (1-1), Marseille a fourni une prestation indigeste alors que tout était réuni pour glaner un troisième succès en quatre matches. Un but précoce et une supériorité numérique pendant 80 minutes de jeu laissaient présager une soirée tranquille pour Pierre-Emerick Aubameyang et ses coéquipiers. Ce fut tout le contraire. En panne d’inspiration et aussi très décevante au niveau de l’engagement, l’équipe olympienne n’a quasiment rien proposé tout au long de l’empoignade. Et si l’on excepte les dix dernières minutes quelque peu animées, Nantes n’a jamais tremblé alors qu’il avait un homme en moins sur le terrain.
GettyC’est ça le style Marcelino ?
Au coup de sifflet final, Marcelino a été le premier à déplorer cette prestation médiocre. Il n’a pas hésité à tancer ses joueurs pour leur faible activité offensive. « Vouloir plus, c’est ce qu’il nous manque », a-t-il confié en creux. Une analyse pertinente, mais n’est-il pas le premier responsable de ce que propose sa formation sur le terrain ? Il n’est pas besoin d’être un expert de football pour réaliser que cet OM-là est nettement moins percutant que celui de la saison passée.
En à peine quelques mois, on est passé d’une équipe qui va de l’avant et impose un pressing d’enfer sur ses opposants à celle qui se montre étonnement attentiste, à attendre l’erreur adverse pour éventuellement se montrer menaçante. Pourtant, ce ne sont pas les atouts offensifs qui manquent. La direction ayant fait le travail de ce côté-là durant le mercato en offrant au staff technique les outils dont il avait besoin pour pouvoir faire mal devant. Les Alexis Sanchez, Cengiz Under, Ruslan Malinovskyi et Dimitri Payet sont partis mais ils ont été remplacés par les Aubameyang, Iliman Ndiaye, Ismaila Sarr et Joaquin Correa.
Un contraste saisissant avec l’OM de Tudor
Alors oui, tout n’était pas parfait non plus avec Igor Tudor. Son football énergivore avait aussi ses inconvénients et on ne peut pas dire qu’il ait atteint les objectifs qui lui ont été fixés, mais la certitude c’est qu’avec lui les fans marseillais ne s’ennuyaient pas. Son exigence poussait ses joueurs à se surpasser pendant les 90 minutes. A ne jamais laisser le moindre répit à l’adversaire et à toujours rechercher la verticalité. Et s’il y a une statistique pour corroborer ce contraste c’est bien celle des fautes commises. L’année dernière après quatre journées les Marseillais en étaient à 59. Aujourd’hui, ils n’en sont qu’à 33. Soit quasiment le double. Il est difficile de ne pas y avoir une baisse au niveau de l’intensité fournie. La différence est également légèrement perceptible au niveau des duels joués (101 par match, contre 92 actuellement).
GettyOui, cet OM est moins explosif. Oui, il ne fait pas autant vibrer les foules qu’avant. La question maintenant est de savoir si c’est irrémédiable. Le 4-4-2 de Marcelino peut-il à terme générer autant d’émotions et de rythme que le 3-5-2 de Tudor. Il n’est pas interdit de le croire, même s’il s’agit de deux schémas et de deux animations complètement différents. Quand il a été questionné vendredi après le nul à La Beaujoire, Jean-Pierre Papin, l’ambassadeur du club, a demandé du temps pour que les automatismes se créent et que la mayonnaise puisse prendre. « On a changé beaucoup de choses au sein du club pendant l’été : l’entraineur, les joueurs et l’organisation. Ce n’est pas simple à mettre en place. Il faut se réhabituer à autre chose », a-t-il confié sur Amazon Prime.
L’ancien Ballon d’Or est d’avis de laisser Marcelino travailler sereinement et sans pression. Mais, à Marseille, le temps est un luxe. Et ils ont été nombreux parmi les entraineurs à s’en rendre compte assez rapidement, notamment parmi les techniciens étrangers. A fortiori quand le style ne collait pas avec l’identité du club. Les deux derniers espagnols passés par le club (Michel en 2015/2016 et Javier Clemente en 2000/2001) n’ont d’ailleurs pas dépassé une année complète en fonction alors qu’ils étaient arrivés en milieu de la saison. Pas vraiment rassurant pour Marcelino.
Le temps presse pour Marcelino
Pablo Longoria n’est pas de ceux qui remet en question ses coaches au bout d’un mois. Il ne l’a d’ailleurs même jamais fait, puisqu’avec lui il n’y a encore eu jamais eu de limogeage. Mais, ses collaborateurs pourraient ne pas avoir la même patience. Il se murmure d’ailleurs que Javier Ribalta, qui n’était pas forcément pour la venue de l’ancien entraineur de Bilbao, commence déjà à grincer des dents face au football produit par les Olympiens. Et il n’est certainement pas le seul dans ce cas à Marseille.
Marcelino, qui a deux semaines de trêve internationale pour corriger ce qui doit l’être, gagnerait à vite convaincre son entourage. Autrement, son séjour sur les bords de la méditerranée ne devrait pas être très long. Et le fait qu’un certain Tudor est toujours libre n’est pas de nature à réduire la pression qui pèse déjà sur ses épaules.


