PS Wigan Cedric Kipre

12 points en moins pour Wigan : "C'est injuste", réagit le défenseur Cédric Kipré

Wigan vit des moments difficiles. 14e de Championship (D2) à six journées de la fin du championnat, le club anglais vient de se voir imposer un retrait de douze points par l'EFL (English Football League), après que le club a été placé en redressement judiciaire suite à la crise du Covid-19. Une décision "injuste" pour le défenseur Cédric Kipré (23 ans), qui a balayé pour Goal l'actualité brûlante des 'Latics'.

L'occasion d'évoquer son parcours atypique marqué notamment par ses passages au Paris Saint-Germain et à Leicester. Le Franco-ivoirien a porté le maillot du PSG de 2008 à 2014. Il jouait avec l'équipe U23 de Leicester lorsque N'Golo Kanté et sa bande ont remporté le titre de champion d'Angleterre en 2016. De grands souvenirs.

Comment vivez-vous la reprise à Wigan, qui vient d'être placé en redressement judiciaire ?

Cédric Kipré : C'est un petit peu compliqué. Mardi soir, on sortait d'un gros match face à Stoke (victoire 3-0), et le lendemain on a appris la nouvelle. C'est chaud, surtout qu'on était dans une bonne période. On n'a pas perdu depuis le 8 février, et là on nous annonce qu'on va nous retirer douze points à la fin de la saison. C'est difficile à avaler, mais on se concentre sur le terrain en espérant que les dirigeants trouvent les solutions.

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Si on arrêtait le classement aujourd'hui, vous seriez dans la zone de relégation avec ce retrait de points. C'est injuste ?

Bien sûr que c'est injuste. Les propriétaires ont décidé de quitter Wigan sans nous expliquer les raisons. On n'était pas au courant de leur départ, et d'après ce que nous ont dit les directeurs du club, ça s'est fait du jour au lendemain. Eux-mêmes n'ont pas compris.

Il y a un sentiment de trahison ?

Complètement !

Quelles sont les conséquences sur vos salaires notamment ?

Pour le salaire, on ne sait toujours pas ce qu'il va se passer. Leur objectif c'est de trouver un acheteur au plus vite pour qu'on puisse au moins être payé jusqu'à la fin de la saison. On espère a minima avoir la moitié de notre paye. Ce serait déjà pas mal. Si ce n'est pas le cas, ça va être compliqué.

PS Cedric Kipre

Êtes-vous inquiet pour le futur proche du club ?

J'essaye d'être positif. Il y a toujours de l'espoir. Il nous reste six matches. S'il y a cinq ou six victoires, ça pourrait le faire pour nous.

Cette crise intervient alors que vous montiez en puissance à titre personnel à Wigan.

Ma première saison, l'an dernier, a été compliquée. J'ai démarré sur le terrain, puis au fil des semaines je ne jouais plus. Cette saison, pareil. Au départ, je ne jouais pas beaucoup, j'étais souvent en tribune, mais depuis que j'ai réintégré l'équipe ça va. J'ai fait de bons matches, je me sens de mieux en mieux. Je ne suis plus le petit jeune qui arrivait avec peu d'expérience. Je suis davantage un cadre de l'équipe.

"Si je n'avais pas écouté mon père..."

Votre parcours est assez atypique car votre carrière en Angleterre a démarré par une rencontre avec un agent dans un train de banlieue à Londres. Racontez-nous cette histoire.

J'avais 15 ans. J'étais en stage avec ma classe. Ce jour-là, on allait jouer au foot avec des potes. On a commencé à courir en direction de la gare, et comme par hasard on a raté le train de quelques secondes. On attendait le prochain. J'avais mon ballon à la main et mes équipements du PSG. Là, un agent m'a vu et m'a dit "ah, tu joues au foot". Je lui ai répondu que oui et il m'a expliqué qu'il voulait me voir jouer. Il m'a recontacté quelques jours plus tard. Je suis parti faire un petit match et à la fin de l'année scolaire il m'a ramené faire des essais à Stoke City. C'est de là que tout est parti en fin de compte.

Vous auriez pu signer à Stoke City. Pourquoi ça ne s'est pas fait ?

Je ne sais toujours pas. J'ai disputé un match avec eux, et dès la fin de la partie ils m'ont dit qu'ils voulaient me faire signer. Mais chaque semaine ils repoussaient la signature, jusqu'au moment où ils ont dit à mon agent que j'étais "too lazy" (flemmard) et que ça n'allait pas le faire. Je ne sais pas ce qui s'est passé.

À ce moment-là, vous n'étiez pas du tout sûr de vous orienter vers le foot. N'est-ce pas ?

Vraiment pas. L'année du stage, je jouais à l'ACBB (AC Boulogne-Billancourt). Et sincèrement, je ne voulais pas faire ce stage. J'allais manquer six matches alors que je faisais une bonne saison à Boulogne. Mais pour mon père, c'était les études avant tout. Il m'a un petit peu forcé et j'ai dû l'écouter. Je lui en voulais au début (rires). Mais si je ne l'avais pas écouté je n'aurai pas fait cette rencontre et il n'y aurait peut-être pas eu tout ce qui s'est passé ensuite. C'est un petit peu grâce à lui.

PS Wigan Cedric Kipre

Vous rejoignez Leicester en 2014, et deux ans plus tard vous vivez le titre en Premier League. Quels souvenirs vous en gardez ?

C'était incroyable. Un truc de fou. Il y avait une telle ambiance. Même les joueurs ne l'avaient pas vu venir. C'était vraiment beau. Le jour du titre, j'étais en tribune, derrière le banc des remplaçants. Je filmais tout avec mon téléphone, je voulais garder des souvenirs.

Quelle était votre relation avec les francophones Riyad Mahrez et N'Golo Kanté ?

Même si j'étais avec les U23, je m'entraînais parfois avec eux. Ça se passait très bien entre nous. Pour l'anecdote, à Leicester, j'ai eu une galère d'appartement et j'ai dû vivre un mois avec N'Golo. Il nous a hébergés, mon frère et moi. Tout le monde ne l'aurait pas fait, et c'était vraiment gentil de sa part. Aujourd'hui, je suis fier d'avoir rencontré quelqu'un comme lui. Il n'y a pas plus humble que N'Golo.

"Le PSG c'est mon club de cœur. Je les supporte de fou !"

Est-ce un regret de ne pas avoir percé dans un club comme le PSG ?

J'aime ce club, et forcément, quand je ne suis pas rentré au centre et que j'ai vu tout le monde y rentrer, ça m'a fait mal. Je voyais tous mes copains partir. Moussa (Dembélé), Dylan Batubinsika, James (Lea Siliki) aussi. C'était dommage, mais j'ai rejoint l'ACBB dans l'espoir que ça me relance.

Vous suivez encore les matches de Paris ?

Au début, c'était difficile parce que je n'avais pas les chaînes françaises. Mais maintenant, c'est bon. Dès que j'ai le temps et que je n'ai pas match avec Wigan, je regarde direct. Le PSG, c'est mon club de cœur. C'est le club de toute ma famille. Je les supporte de fou !

L'hiver dernier, votre nom a circulé du côté d'Amiens. Cela vous tenterait-il de revenir en France ?

J'aime trop l'Angleterre. J'aime l'ambiance qu'il y a ici. Tous mes potes me le disent. Mais si en France il y a un bon projet dans un bon club, on pourra réfléchir. La France, c'est quand même mon pays, on étudiera les possibilités.

Propos recueillis par Benjamin Quarez

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