Seleção, la nomination de Carlo Ancelotti fait grincer des dents au Brésil

La nomination de Carlo Ancelotti comme sélectionneur du Brésil a immédiatement suscité un élan d’enthousiasme mondial. Avec ses cinq Ligues des Champions, l’Italien incarne une référence du coaching européen. Attendu au Brésil dès le 26 mai, Carlo Ancelotti est vu comme celui qui pourrait offrir à la Seleção cette sixième étoile tant attendue depuis 2002. En Italie, son pays natal, la fierté domine. « Je suis heureux pour Carlo Ancelotti, c’est une immense satisfaction pour lui, mais également pour le football italien. Le choix des Brésiliens de s’appuyer sur lui est la confirmation de la suprématie actuelle de l’école des techniciens italiens », a déclaré Gabriele Gravina, président de la Fédération italienne.

Mais si Carlo Ancelotti séduit par son palmarès, au Brésil, c’est moins sa compétence que le contexte de son embauche qui fait débat. La Confédération Brésilienne de Football (CBF) a officialisé son arrivée alors même que le Real Madrid, son club actuel, n’avait pas encore communiqué sur son départ. Un timing jugé précipité, voire suspect, par de nombreux observateurs.

Selon plusieurs médias locaux, dont Globo, cette annonce prématurée serait directement liée à une stratégie du président de la CBF, Ednaldo Rodrigues, actuellement sous pression judiciaire. Ce dernier aurait précipité la communication officielle pour devancer une audience décisive au tribunal de Rio de Janeiro. Carlo Ancelotti devient ainsi un levier politique, utilisé pour renforcer la position d’un dirigeant contesté, accusé de fraude électorale en 2022.

L’objectif ? Consolider son pouvoir à la tête de la CBF avant une éventuelle destitution. L'embauche « millionnaire » de Carlo Ancelotti permettrait, selon certains analystes, de détourner l’attention des problèmes internes de gouvernance. Mais cette stratégie pourrait se retourner contre lui.

Le vice-président de la CBF, Fernando Sarney, n’a pas tardé à réagir. Dans une démarche relayée par Globo, il a demandé en urgence au Tribunal de Rio de suspendre l’accord du Tribunal suprême fédéral garantissant le maintien d’Ednaldo Rodrigues à la présidence. Il réclame la destitution immédiate de ce dernier, la convocation d’élections anticipées, et met en cause les conséquences financières du contrat d’Ancelotti. Il dénonce un risque de « dommages graves et difficilement réparables » pour l’institution.

« Et maintenant, semble-t-il, pour tenter de "clore" l’action judiciaire sur l’irrégularité de son maintien à la tête de la CBF, dans la précipitation, sur ordre d’Ednaldo Rodrigues, la CBF a annoncé l’embauche millionnaire de l’entraîneur Carlo Ancelotti. Tout porte à croire que c’est en raison de l’audience d’inspection prévue aujourd’hui (lundi, ndlr) à 14 heures. Il semble qu’il s’agisse encore du même modus operandi qui est toujours utilisé lorsqu’il est question de la destitution d’Ednaldo Rodrigues. C’est une raison de plus pour que la décision elle-même fasse office de mandamus afin qu’elle soit exécutée immédiatement, avec la révocation du président et la nomination exceptionnelle du requérant pour diriger l’organisation et convoquer des élections dans les délais les plus brefs prévus par les statuts. »

Si Carlo Ancelotti n’a pas encore dirigé le moindre entraînement avec la Seleção, son nom est déjà au cœur d’une tempête politique et institutionnelle. Ce contexte tendu pourrait peser lourd dans les mois à venir, d’autant plus que les attentes des supporters brésiliens restent immenses. Pour Carletto, le défi s’annonce aussi brûlant que prestigieux.