Swansea City v Manchester City - Carabao Cup Fourth RoundGetty Images Sport

Rayan Cherki, la lumière après le tunnel : le « génie » de City est-il enfin lancé ?

Il y a des matchs qui comptent triple. Ce huitième de finale de League Cup, un mercredi soir d'octobre 2025 contre Swansea, en était un pour Rayan Cherki. Pour sa première titularisation depuis son retour de blessure, le Français n'a pas seulement été bon ; il a été ce pour quoi Manchester City a signé un chèque de 42,5 millions d'euros à l'Olympique Lyonnais. Un poteau, une passe décisive lumineuse pour Omar Marmoush, et un but en tir croisé pour sceller la qualification (3-1). Le Manchester Evening News ne s'y est pas trompé en lui octroyant la meilleure note (8/10), tandis que le quotidien AS dégainait le superlatif : « genio maravilla ».

Cette performance n'est pas anecdotique. Elle intervient trois jours seulement après que Manchester City, battu 1-0 à Villa Park, a affiché des lacunes offensives inquiétantes, manquant cruellement de ce grain de folie et de cette capacité à casser les lignes que Cherki possède à l'état pur. L'ancien Lyonnais, qui n'avait eu droit qu'au dernier quart d'heure à Birmingham, vient de rappeler à son manager, de la meilleure des manières, qu'il était la solution à un problème naissant. Après des mois de frustration silencieuse, la fenêtre de tir est enfin ouverte.

  • Wolverhampton Wanderers v Manchester City - Premier LeagueGetty Images Sport

    Du rêve au cauchemar, la blessure qui a tout grippé

    Il faut rembobiner. L'aventure de Cherki à l'Etihad avait débuté comme dans un scénario hollywoodien. Auréolé d'une saison stratosphérique à l'OL (12 buts, 20 passes décisives), le prodige se voit confier le mythique numéro 10. La confiance est immédiate. Il marque dès son premier match de Premier League contre Wolverhampton, puis s'illustre lors de la Coupe du Monde des Clubs. L'intégration semble express.

    Et puis, le coup d'arrêt. Fin août, lors de la défaite à Brighton, le quadriceps gauche lâche. Une déchirure. Verdict : deux mois d'absence. Dans la machine guardioliste, où chaque minute d'entraînement est essentielle pour assimiler des préceptes tactiques d'une complexité folle, cette pause forcée est un poison. Elle coupe l'élan au moment le plus critique, celui de la construction des automatismes. Le retour, le 18 octobre contre Everton, est famélique : cinq minutes. S'ensuivent trois autres entrées en jeu pour un total cumulé de 23 petites minutes. Le rêve s'est transformé en purgatoire.

  • Publicité
  • Manchester City Training Session And Press Conference - UEFA Champions League 2025/26 League Phase MD3Getty Images Sport

    Le paradoxe Guardiola : "Le plus talentueux"... sur le banc

    C'est là que s'est installé le "paradoxe Cherki". Car pendant que le Français rongeait son frein, Pep Guardiola ne tarissait pas d'éloges à son sujet. « Rayan est l'un des joueurs les plus talentueux que j'aie jamais vus dans ma carrière. Techniquement, individuellement… c'est un top joueur », répétait le Catalan à l'envi. Des mots forts, presque démesurés, qui contrastaient violemment avec le traitement sportif réservé au joueur. Guardiola justifiait ce décalage par une nécessaire adaptation. Mais comment s'adapter sans jouer ?

    La frustration, palpable, n'a pourtant jamais franchi le filtre médiatique. Contrairement à d'autres, Cherki n'a formulé aucune plainte publique. Son entourage a filtré les états d'âme. Le joueur, lui, s'est contenté d'une phrase lourde de sens après Swansea : « Je veux juste jouer. Dans ma vie, je veux prendre du plaisir et en donner. Quand je suis absent, je ne suis pas heureux... Par contre, quand je suis sur le terrain, je suis vraiment heureux ». Une déclaration d'amour au jeu, mais aussi un message subtil.

  • Swansea City v Manchester City - Carabao Cup Fourth RoundGetty Images Sport

    La métamorphose silencieuse : condition sine qua non

    Pendant ces deux mois d'absence, Cherki n'a pas fait que soigner son muscle. Il s'est adapté. Des photos postées mi-octobre ont surpris les observateurs, montrant un joueur visiblement amaigri, plus "fit". Si L'Équipe a tempéré l'ampleur du changement (une perte de "seulement" deux kilos), la transformation est réelle. Elle s'inscrit dans un travail de fond entamé lors de sa dernière saison à Lyon, mais intensifié en Angleterre.

    Ce n'est un secret pour personne : pour jouer sous Guardiola, le talent pur ne suffit pas. L'exigence physique est obsessionnelle. Samir Nasri et Gaël Clichy, passés par le "Pep System", ont souvent raconté la rigueur diététique et l'intensité requises. Cherki, décrit par le passé comme ayant un indice de masse grasse parfois élevé à Lyon, a compris le message. Sa convalescence a été mise à profit pour sculpter un corps capable de répondre aux exigences du "gegenpressing" et des efforts répétés de la Premier League. Sa performance contre Swansea, où il a tenu 90 minutes avec intensité, prouve que cette métamorphose physique est achevée. Il est désormais "Guardiola-compatible".

  • ENJOYED THIS STORY?

    Add GOAL.com as a preferred source on Google to see more of our reporting

  • Swansea City v Manchester City - Carabao Cup Fourth RoundGetty Images Sport

    Swansea, plus qu'un match, un message d'urgence

    Ce récital en League Cup n'est donc pas un coup d'éclat isolé. C'est l'aboutissement d'un processus de remise à niveau physique et la première véritable expression de son talent dans le moule de City. En une soirée, il a montré sa capacité à être décisif non pas par un éclair individuel, mais en s'intégrant au collectif tout en lui apportant cette touche de génie qui fait la différence.

    Le timing est crucial. Cette démonstration intervient alors que Manchester City semble chercher un second souffle offensif. La concurrence est féroce (Foden, Bernardo Silva, Doku, Savinho, Bobb...), mais aucun de ces joueurs, à l'exception peut-être de Foden, ne possède ce profil de "trequartista" capable de jouer entre les lignes avec autant de créativité que Cherki. Le Français n'est pas un simple ailier ; il est un connecteur, un joueur qui, comme le dit Guardiola, "améliore la situation quand le ballon lui arrive".

  • FBL-ENG-PR-ASTON VILLA-MAN CITYAFP

    L'effet Villa Park : quand la crise des uns fait l'opportunité des autres

    Et puis, il y a cette défaite à Aston Villa. Un match où City a semblé stérile, incapable de déverrouiller une défense bien en place, où les circuits habituels ont tourné à vide. Guardiola a dû constater le manque de créativité de son onze. Quand un entraîneur de sa trempe voit son équipe échouer de la sorte, son premier réflexe est de chercher des solutions internes. Il va forcément rebattre les cartes.

    La prestation de Cherki contre Swansea tombe à pic. Elle offre à Guardiola une solution immédiate, crédible et spectaculaire à son problème de création. Le coach catalan sait désormais que son numéro 10 n'est plus seulement une promesse ou un talent brut en adaptation ; il est une arme opérationnelle, physiquement prête et mentalement affamée. La porte du onze, verrouillée depuis deux mois, vient de s'entrouvrir brutalement.

  • pep guardiola - omar marmoush - rayan cherki gfx goal onlyAI gfx GOAL ONLY

    Le syndrome Grealish, passage obligé du creuset mancunien

    L'histoire récente de Manchester City est remplie de trajectoires similaires. Le cas de Jack Grealish est le plus emblématique. Arrivé pour 117 millions d'euros, l'Anglais a vécu une première année cauchemardesque, admettant avoir trouvé l'adaptation "beaucoup plus difficile" que prévu. Sifflé, parfois puni par son coach, Grealish a dû digérer les principes de jeu avant de devenir un pion essentiel du triplé. Riyad Mahrez a connu le même sort, quasi écarté de la Premier League lors de sa première saison avant de devenir le "clutch player" que l'on connaît.

    Le "creuset" guardioliste est impitoyable. Il broie les impatients (Julián Álvarez, parti à l'Atlético) mais sublime ceux qui acceptent le processus. L'attitude de Cherki, patiente et professionnelle, et sa transformation physique prouvent qu'il a accepté les règles du jeu. Le match de Swansea n'est pas une fin en soi. C'est le signal qu'il a passé la première épreuve. Le mois de novembre sera décisif. Rayan Cherki a montré qu'il avait le talent, il a prouvé qu'il avait le physique. Il lui reste désormais à saisir l'opportunité que le calendrier et les méformes des autres lui offrent sur un plateau.

0