Mohamed Salah : La "machine" à marquer des buts de Liverpool mérite d'être considérée comme le meilleur joueur de l'histoire de la Premier League.

Salah, rappelons-le, n'est même pas entré dans le top 10 du vote du Ballon d'Or de cette année. Certes, on pourrait dire qu'il a été la victime inévitable de la triste campagne de Liverpool en 2022-23, ainsi que de la non-qualification de l'Égypte pour la Coupe du monde, mais il s'agit en fin de compte d'une récompense individuelle et il faut un joueur d'un genre particulier pour briller dans une équipe en difficulté - et c'est exactement ce qu'a fait Salah. En effet, seuls Erling Haaland (61) et Kylian Mbappé (50) ont été directement impliqués dans plus de buts, toutes compétitions confondues, dans les cinq grands championnats européens la saison dernière que Salah (46).

Mais voilà, la classe continue de Salah n'a jamais été pleinement reconnue par les votants du Ballon d'Or. Par exemple, il a terminé septième en 2021, à une époque où il marquait en moyenne un but par match en Premier League et inscrivait des buts solitaires époustouflants contre des équipes comme Manchester City. Interrogé sur son classement, Salah a souri et répondu "Pas de commentaire", tandis que Klopp a simplement déclaré que "Mo aurait certainement dû être plus haut".

Alan Shearer, lui, est furieux : "Semaine après semaine, année après année, Salah fait de la magie. Tout le monde se demande comment il est arrivé septième. Salah est le meilleur au monde à l'heure actuelle. Le meilleur buteur et le meilleur joueur, point final".

C'est cette constance qui le distingue. Lorsque Klopp affirme que Salah est "une machine à marquer des buts", il n'a pas tort. L'homme n'arrête jamais de livrer la marchandise, en partie parce qu'il ne tombe jamais en panne.

Au cours des sept saisons complètes qu'il a passées depuis qu'il a rejoint Liverpool en provenance de l'AS Rome pour un montant initial de 36,5 millions de livres (46 millions de dollars) - la meilleure opération de l'histoire du club - Salah n'a jamais joué moins de 48 matches. Il n'a manqué que trois rencontres de Premier League pour cause de blessure ou de maladie, ce qui est tout simplement stupéfiant et témoigne de son incroyable professionnalisme.

Même au sein d'un groupe de joueurs réputés pour leur éthique de travail et leur endurance, Salah se distingue, selon le capitaine Virgil van Dijk, tandis que le responsable de la condition physique de Liverpool, Andreas Kornmayer, affirme que si vous dites à Salah de se présenter 30 minutes avant l'entraînement, il arrivera avec une heure d'avance.

Le manager adjoint Pep Lijnders n'est pas sûr qu'il rentre chez lui. "La voiture de Mo est toujours sur le parking", a déclaré le Néerlandais au site officiel du club l'année dernière. "Parfois, je pense qu'il le fait exprès !

Quoi qu'il en soit, Peter Krawietz, l'autre assistant de Klopp, estime que le fait que Salah soit presque toujours disponible pour la sélection le rend inestimable. "Je pense que c'est la meilleure chose que l'on puisse faire en tant que joueur", a-t-il déclaré à liverpoolfc.com. "Il veut être le plus en forme possible chaque jour parce qu'il veut être disponible pour nous, pour atteindre les prochains objectifs de l'équipe, pour marquer des buts et gagner le Soulier d'or - toutes ces choses".

Les résultats de l'incroyable dévouement de Salah à son métier parlent d'eux-mêmes. Après son doublé contre Brentford juste avant la pause internationale de novembre, il compte désormais 198 buts en seulement 321 apparitions sous le maillot de Liverpool.

Il est le meilleur buteur de l'histoire du club en Premier League, et il a également marqué plus de fois en compétitions européennes pour les Reds que n'importe quel autre joueur de l'histoire. Ce qui est vraiment incroyable, c'est la vitesse à laquelle l'ailier a battu ces records. Salah (0,62) a en fait un meilleur ratio de buts par match que les deux meilleurs buteurs de Liverpool, Ian Rush (0,52) et Roger Hunt (0,58), qui étaient tous deux des numéros 9 classiques.

Comme l'a déclaré Jamie Carragher sur Sky Sports, "ses chiffres sont hors norme, en termes de buts et de passes décisives, plus élevés que ceux de n'importe quel autre joueur de Liverpool dans l'histoire".

Il est difficile de dire où se situe Salah dans le panthéon des légendes de Liverpool, mais il n'a probablement pas encore fait assez pour détrôner King Kenny Dalglish, qui a remporté six titres de champion et trois Coupes d'Europe lorsqu'il jouait sur les bords de la Mersey.

Cependant, il est difficile de ne pas le considérer comme le meilleur joueur du club de l'ère de la Premier League. Steven Gerrard est évidemment une icône d'Anfield, un héros local dont la complétude en tant que milieu de terrain et la grandeur en tant que capitaine ont été parfaitement résumées par sa performance herculéenne lors de la finale de la Ligue des champions 2005.

Même Paul Scholes, légende de Manchester United, a admis depuis que Gerrard se serait sans aucun doute épanoui à Old Trafford, mais qu'il n'aurait pas été capable de porter Liverpool comme l'a fait son compatriote pendant tant d'années. On ne peut qu'imaginer le nombre de trophées que Gerrard aurait pu remporter s'il avait eu la chance de jouer sous les ordres d'un manager comme Klopp tout au long de sa carrière à Anfield.

Cependant, Gerrard n'a jamais pu accéder à la Premier League et, bien qu'un faux pas soit souvent présenté comme l'unique raison de ce triste fait, la vérité est qu'il a été trop souvent déçu par des managers médiocres et des recrutements de piètre qualité pendant ses années de gloire. Par conséquent, Gerrard n'a jamais pu atteindre le même niveau de régularité que Salah.

"Il faut dire que Salah est le meilleur joueur de Liverpool en Premier League, simplement en raison de ses statistiques", a récemment déclaré l'ancien ailier des Reds Jermaine Pennant. "Nous comprenons ce que Steven Gerrard a fait pour Liverpool, mais si vous regardez les buts, les passes décisives et les chiffres globaux, Salah a été phénoménal et a battu toutes sortes de records."

Salah ne peut cependant pas se contenter de revendiquer le titre de meilleur joueur de Liverpool en Premier League. Nous sommes arrivés à un point où il peut être considéré comme le plus grand talent offensif que la compétition ait jamais connu.

"Il est sans aucun doute l'un des meilleurs buteurs que la Premier League ait jamais connus, je le considère comme tel", confie l'ancien défenseur de United, Rio Ferdinand. "Je pense que c'est un joueur fantastique et qu'il a cette confiance en lui qui le différencie des autres joueurs.

"La régularité avec laquelle il joue à un niveau aussi élevé le place dans l'élite des joueurs que nous avons vus en Premier League. Cette affirmation est incontestable. Mais Salah n'est pas seulement un buteur. "Les gens oublient souvent qu'il est aussi passeur décisif", affirme Klopp. Et il a parfaitement raison.

Depuis son arrivée à Anfield, Salah a été directement impliqué dans plus de buts que n'importe quel autre joueur (209) - et ce n'est même pas serré, Harry Kane étant loin derrière, avec 169. Shearer, Andy Cole, Sergio Aguero, Ian Wright, Didier Drogba et Wayne Rooney - tous des joueurs prolifiques de Premier League et indéniablement capables de façonner des ouvertures pour les autres, mais aucun d'entre eux n'était aussi habile pour marquer et créer des buts que Salah, qui se classe deuxième pour les passes décisives (62), quatrième pour les occasions créées (402) et cinquième pour les dribbles réussis (360) depuis le début de la saison 2017-18 de Premier League.

Nous parlons ici d'un attaquant hybride rare, un ailier de classe mondiale avec les instincts prédateurs d'un numéro 9 classique. Dans ce contexte, Salah n'a que deux rivaux possibles : Cristiano Ronaldo et Thierry Henry.

Si le premier avait passé une plus grande partie de sa carrière à Manchester United, le phénomène portugais aurait probablement égalé l'excellence de Salah en Angleterre, mais Ronaldo a quitté Old Trafford un an après sa campagne la plus prolifique.

Henry, en revanche, a donné ses meilleures années à Arsenal. Au total, il a passé huit saisons sensationnelles dans le nord de Londres, où Arsène Wenger l'a transformé en la force offensive la plus dévastatrice du monde. Il existe donc des parallèles évidents avec la manière dont Klopp a ajouté des buts - et beaucoup de buts - au jeu de Salah.

La différence, bien sûr, est que Salah a continué à évoluer principalement sur le côté, alors qu'Henry jouait surtout au milieu, mais ils ont beaucoup en commun. Henry a même eu ses propres problèmes avec le Ballon d'Or.

Le meilleur buteur de l'histoire d'Arsenal était un talent palpitant, aussi élégant qu'efficace, à la fois beau et bestial, capable de déchiqueter les équipes à lui tout seul, mais aussi altruiste - comme le souligne le fait qu'il reste le seul joueur de l'histoire de la Premier League à avoir accumulé plus de 20 buts et plus de 20 passes décisives au cours de la même saison (2002-2003). La raison pour laquelle le Ballon d'Or a été décerné à Pavel Nedved cette année-là reste donc un mystère...

Bien sûr, Henry n'a jamais réussi à remporter la Ligue des champions lorsqu'il exerçait son métier en Angleterre - contrairement à Salah, qui a marqué lors de la victoire de Liverpool sur Tottenham en finale de 2019 - mais le Français a remporté deux titres de Premier League, ainsi que quatre Souliers d'or, ce qui lui donne une longueur d'avance sur le joueur de Liverpool dans les deux cas.

Pourtant, Salah, qui semble indestructible, est toujours au sommet de son art à 31 ans et il n'est pas impossible qu'il égale, voire dépasse, les exploits d'Henry. Après tout, Liverpool est deuxième au classement avant le match de samedi contre Manchester City, l'une des victimes préférées de Salah, et affiche un optimisme prudent quant à la possibilité d'un défi surprenant pour le titre.

Bien sûr, pour ce qui est d'améliorer les chiffres d'Henry, tout dépendra en fin de compte de la décision de Salah de partir en Arabie Saoudite à la fin de la saison. Mais, à vrai dire, ce n'est pas comme si son héritage était entaché par un départ l'été prochain. Au contraire, cela pourrait même être une bonne chose car, peut-être, juste peut-être, il obtiendrait enfin le crédit qu'il mérite.

Comme l'a dit Van Dijk, "plus tard, je pense que les choses qu'il a faites seront beaucoup plus appréciées par le monde extérieur. En ce qui nous concerne, nous apprécions tout ce qu'il fait jour après jour. Nous voyons tout le travail qu'il accomplit. Il n'a plus qu'à continuer".

Et c'est ce qu'il a fait. Il n'y a eu aucun relâchement et aucun signe de ralentissement. Plus de sept ans après son arrivée à Anfield, la séquence reste la même : Salah, bang, but ! Douloureusement prévisible pour les adversaires, il n'en demeure pas moins inarrêtable.