La fulgurante ascension de Lamine Yamal intrigue autant qu’elle inquiète. À seulement 18 ans, l’ailier du Barça vit déjà avec une pression qui broie certains joueurs bien plus âgés. Entre sa réputation qui grandit à toute vitesse, des polémiques toujours prêtes à éclore et un environnement médiatique féroce, beaucoup craignent qu’il se laisse happer. Rafael Nadal, invité dans l’émission Universo Valdano sur Movistar+, a pris le temps d’aborder son cas. L’Espagnol sait ce que signifie réussir jeune, car son histoire personnelle ressemble à un manuel de survie en haute altitude. Ses mots, chargés d’expérience, résonnent comme une mise en garde mais aussi comme un véritable mode d’emploi.
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Getty ImagesNadal, témoin privilégié de la réussite précoce
Quand Rafael Nadal évoque le parcours de Yamal, il ne parle pas en spectateur. Il sait ce que signifie briller avant même l’âge adulte. Dès ses 16 ans, il entrait dans le circuit ATP avec déjà cette étiquette de phénomène. Un an plus tard, il devenait le deuxième plus jeune joueur de l’histoire à s’imposer en tournoi international, derrière Michael Chang. La suite, tout le monde la connaît : 92 trophées, dont 22 titres du Grand Chelem, une longévité hors du commun et une résistance mentale qui force toujours l’admiration.
Aujourd’hui retraité depuis un an, le Majorquin prend du recul, observe les nouvelles générations et mesure à quel point le succès, quand il arrive trop vite, peut déstabiliser. C’est dans cet état d’esprit qu’il a répondu aux questions de Jorge Valdano concernant le jeune prodige du Barça, très critiqué pour son comportement.
Getty Images"Il devrait s'entourer de personnes qui le soutiennent véritablement"
Face à la situation de Yamal, Nadal n’a pas mâché ses mots. Son premier réflexe : lui rappeler l’importance du cercle qui l’accompagne au quotidien.
« Il devrait s'entourer de personnes qui le soutiennent véritablement et qui sont assez intelligentes pour écouter ce que les personnes qui réussissent préfèrent ignorer. Il devrait s'entourer de personnes qui veulent sincèrement son bonheur, et il devrait savoir les écouter, ce qui n'est pas toujours facile quand on est une personnalité aussi célèbre, sous les feux des projecteurs », lance-t-il avant de développer, avec cette sincérité calme qu’on lui connaît.
Ce rappel vaut presque comme un avertissement. Le tennisman insiste ensuite sur la nécessité de garder une forme d’ancrage :
« Mais il faut bien, d'une manière ou d'une autre, retrouver les pieds sur terre et ne pas vivre constamment dans un monde irréel. C'est important pour lui, vu son jeune âge. Il doit s'entourer de personnes qui lui seront bénéfiques, que ce soit sa famille ou une équipe. La réalité de chacun est différente, et chacun a sa propre mentalité et sa propre personnalité. Il existe de nombreux chemins vers le succès, mais la façon dont on le gère et dont on vit avec pendant des années peut faire de vous une personne équilibrée et heureuse, ou au contraire, le succès peut vous rendre malheureux car la notoriété finit par vous consumer ».
Ces mots tranchent comme un diagnostic clair : l’éclosion d’un talent ne suffit pas. Il faut aussi apprendre à tenir le choc.
Getty Images SportLe cas Yamal et les turbulences qui l’entourent
Depuis son apparition en équipe première à 16 ans, Yamal vit dans un tourbillon continu. Les projecteurs l’ont englouti et, parfois, ils brûlent. Entre une fête d’anniversaire qui a fait jaser et un comportement qui aurait irrité Hansi Flick selon plusieurs échos, le jeune Barcelonais marche sur une ligne fine. Beaucoup redoutent qu’il perde ce qui fait sa force : la lucidité et la fraîcheur.
Dans ce contexte, les conseils d’un champion comme Nadal tombent à point nommé. Ils résonnent comme un soutien sincère et un message d’expérience destiné à un joueur qui avance dans un monde où chaque faux pas se transforme en une tempête de commentaires.
AFPNadal, supporter du Real… et peut-être futur président
L’autre moment marquant de son passage sur Movistar+ vient d’une révélation inattendue. Grand amoureux du Real Madrid, membre honoraire du club, Nadal n’a pas fermé la porte à une éventuelle présidence.
Il l’a confié sans détour : « Le Real Madrid a le meilleur président (Florentino Perez) et n'a pas besoin d'un nouveau. On ne sait jamais ce que l'avenir nous réserve. En théorie, oui, j'aimerais bien, pourquoi pas? C'est un défi formidable, stimulant et motivant. Avant tout, je devrais être sûr d'être prêt. Est-ce que ça me plairait? C'est possible. Est-ce que cela signifie que je pourrais envisager la présidence à un moment donné de ma vie? Eh bien, je ne sais pas, je vois ça comme une possibilité lointaine et difficile, mais on ne sait jamais ».
Une ambition lointaine, mais pas exclue. Un peu comme ce qu’il souhaite à Yamal : un futur solide, construit, réfléchi.



