Manchester City fallen dynasties GFXGOAL

La chute des géants : Manchester City de Guardiola, le Barça de Messi et les plus grands effondrements du football

Mercredi dernier, au Santiago Bernabeu, un sentiment de fin d’ère planait alors que Manchester City, autrefois redoutable, était balayé par le Real Madrid lors d’un second acte à sens unique en barrages de Ligue des champions. Pep Guardiola lui-même ne s’est pas défilé.

"Rien n’est éternel", a concédé le coach catalan après la déroute 6-3 sur l’ensemble des deux matchs. "Nous avons été extraordinairement extraordinaires dans le passé, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui." Effectivement, City n’est plus cette machine infernale qui dominait le football mondial. Et ce qui frappe, c’est la rapidité de leur déclin. Il y a moins d’un an, les Skyblues remportaient un quatrième titre consécutif en Premier League. Aujourd’hui, ils se battent pour accrocher le top 4.

Mais si l’histoire du football nous a appris quelque chose, c’est que toutes les grandes dynasties finissent par s’effondrer. Parfois, c’est un long déclin progressif ; d’autres fois, c’est un basculement soudain. Mais il y a toujours un événement, un match, un transfert ou un changement d’entraîneur qui marque ce point de non-retour, ce moment où tout bascule. Retour sur les chutes les plus brutales et inattendues de l’histoire du football...

  • FBL-ENG-ARSENAL-ASTON-VILLA-WENGERAFP

    La longue chute d'Arsenal de Wenger

    Il fut un temps où Arsène Wenger incarnait l'excellence et l'innovation en Premier League. Mais en septembre 2017, à Stamford Bridge, l’image d’un supporter d’Arsenal brandissant une pancarte "Assez, c’est assez !" symbolisait le profond malaise qui entourait le club. Ce n’était plus seulement une frange mécontente des fans qui exigeait son départ : c’était devenu un sentiment largement partagé.

    Le Français, architecte des légendaires Invincibles de 2004, venait pourtant de remporter une septième FA Cup quelques mois plus tôt. Mais ce succès n'avait en rien dissipé le scepticisme croissant quant à sa capacité à ramener les Gunners au sommet de la Premier League. Arsenal semblait en perte de vitesse depuis des années, et la frustration des supporters atteignait son paroxysme.

    Le départ de David Dein en 2007 avait marqué un tournant. L’influence de Wenger sur le projet du club s'était peu à peu érodée, et en 2018, Arsenal terminait à une pâle sixième place, au terme d’une saison où les "Wenger Out !" fusaient des tribunes. Contraint de quitter son poste avant la fin de son contrat, l’Alsacien avouera plus tard à The Guardian avoir vécu cet épisode comme un véritable déchirement. "Arsenal était ma vie. Ce fut une séparation brutale et douloureuse", confiera-t-il, regrettant une fin indigne de son immense contribution au football anglais.

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  • Liverpool Player Manager Kenny Dalglish Ronnie Moran and Roy Evans Celebrate 1990 Division One ChampionshipHulton Archive

    Le déclin du Liverpool de la 'Boot Room'

    Pendant près de vingt ans, Liverpool a régné en maître sur le football anglais. Entre 1973 et 1990, les Reds ont raflé 11 titres de champion, quatre Coupes d'Europe et deux Coupes de l'UEFA. Leur succès semblait éternel, enraciné dans la philosophie de la Boot Room, cette tradition instaurée par Bill Shankly où les entraîneurs se succédaient en préservant l'ADN du club.

    Mais le 22 février 1991, lors d’un quart de finale de FA Cup contre Everton, Kenny Dalglish a senti que quelque chose s'était brisé en lui. Liverpool venait de reprendre l’avantage pour la quatrième fois à Goodison Park, mais sur le bord de la touche, l’Écossais était figé. "Je savais exactement ce qu'il fallait faire pour sécuriser notre défense. Je voyais le danger arriver… mais je n’ai pas réagi. C’est à ce moment-là que j’ai compris que je ne pouvais plus continuer."

    Deux jours plus tard, il démissionnait, sous le choc de l’Angleterre du football. Liverpool était pourtant leader de la First Division et avait encore son destin entre les mains. Les rumeurs ont fusé, mais la vérité était plus profonde : Dalglish était émotionnellement épuisé. La tragédie d’Hillsborough en 1989 l’avait consumé, lui qui avait assisté à toutes les funérailles des victimes, parfois quatre en une seule journée. "Tout le poids de la responsabilité qu’il ressentait l’a détruit", confiera plus tard sa fille, Kelly.

    Pour lui succéder, Liverpool fit appel à Graeme Souness, autre légende du club. Mais l’ancien milieu de terrain n’avait ni la sensibilité ni l’ADN de son prédécesseur. Son passage fut marqué par des choix désastreux et un incident retentissant : une interview donnée à The Sun, le journal qui avait propagé de fausses informations sur Hillsborough. Ce fut un tournant tragique.

    Liverpool mit des années à se relever, et il fallut attendre trois décennies pour que le club conquière enfin un nouveau titre de champion sous Jürgen Klopp. L’héritage de la Boot Room s'était éteint bien avant.

  • Johan Cruyff of BarcelonaGetty Images Sport

    Le naufrage du ‘Dream Team’ de Johan Cruyff

    Johan Cruyff n’était pas seulement un entraîneur brillant, il était aussi l’un des personnages les plus influents et révolutionnaires du football. Son approche du jeu a façonné une génération d’entraîneurs, et son Dream Team à Barcelone incarnait sa philosophie : une domination technique, une quête inlassable du beau jeu et une ambition sans limites.

    Alors, lorsqu’il s’est présenté en finale de la Ligue des champions 1994 contre l’AC Milan, Cruyff n’a pas hésité à fanfaronner. "Nous sommes les favoris," assurait-il avant la rencontre. "Nous sommes plus complets, plus compétitifs et plus expérimentés qu’en 1992. Milan n’a rien d’exceptionnel. Ils défendent, nous attaquons." Dans les vestiaires, le message était encore plus direct : "Vous êtes meilleurs qu’eux, vous allez gagner."

    Mais ce soir-là, Athènes devint le théâtre de l’une des plus grandes désillusions de l’histoire du Barça. Face à un Milan privé de plusieurs titulaires, mais porté par un Dejan Savicevic éblouissant, Barcelone s’effondra complètement (4-0). Plus qu’une défaite, c’était une humiliation totale, une gifle qui résonnait bien au-delà de cette finale.

    Ce revers marqua un tournant brutal. Après cinq années fastes et 11 trophées remportés, Barcelone entra dans une période de déclin. Cruyff, autrefois intouchable, se retrouva fragilisé. En 1996, après des tensions croissantes avec la direction, il fut limogé sans ménagement. Lors d’un échange houleux avec le vice-président Joan Gaspart, ce dernier lui aurait lancé : "Tu n’as plus ta place ici." Une fin amère pour celui qui avait bâti la première grande équipe moderne du Barça.

    Il faudra attendre 2008 et l’arrivée de Pep Guardiola, l’un des plus fidèles disciples de Cruyff, pour que Barcelone retrouve son identité et son éclat sur la scène européenne. Mais cette déroute face à Milan reste un rappel cruel : même les plus grandes dynasties peuvent s’écrouler en une soirée.

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  • Lionel Messi of Barcelona Press ConferenceGetty Images Sport

    La chute du Barça de Lionel Messi

    Barcelone 2-8 Bayern Munich. Un score qui restera gravé comme l’un des pires affronts de l’histoire du football. Une humiliation qui dépasse le cadre d’une simple défaite en Ligue des champions. Cette nuit-là, à Lisbonne, le monde entier a assisté à l’effondrement d’un club mythique et à la fin d’une ère.

    Beaucoup aiment dire que ce naufrage est la raison pour laquelle Lionel Messi a décidé de quitter le Barça. En réalité, l’Argentin savait depuis longtemps que son club était en ruine. Ce quart de finale cauchemardesque ne fut qu’un dernier coup de massue sur une structure déjà vermoulue. "Il n’y avait plus de projet depuis longtemps", confiait-il en septembre 2020, dans son entretien exclusif à GOAL.

    Cinq ans plus tôt, Barcelone semblait indestructible. À Berlin, le club décrochait sa sixième Ligue des champions avec un trio offensif légendaire : Messi, Neymar et Luis Suarez. À cet instant, le Barça paraissait bâti pour régner sur l’Europe pendant encore une décennie. Mais Josep Maria Bartomeu, président incapable et visionnaire du néant, a tout fait voler en éclats. Mauvais recrutements, gestion sportive chaotique, vision à court terme : le Barça s’est autodétruit.

    Messi, qui avait fait de Barcelone le plus grand club du monde, n’en pouvait plus. Bien avant le désastre de Lisbonne, il voulait partir. Il était lassé d’une direction sans ambition, d’une équipe qui se délitait sous ses yeux. Pourtant, contraint par un contrat verrouillé, il accepta de rester encore un an, avant de partir gratuitement en 2021. Un coup dur autant pour lui que pour le Barça, financièrement exsangue.

    Car Bartomeu ne s’est pas contenté de saccager un effectif. Il a laissé un gouffre financier qui continue de peser aujourd’hui. Son départ en octobre 2020 n’a rien changé à l’essentiel : Barcelone était au bord de la faillite.

    Depuis, le club a redressé la barre sur le terrain, renouant avec la compétitivité en Liga et en Ligue des champions. Mais les stigmates économiques restent visibles, et un sentiment de gâchis persiste.

    Le plus grand joueur de l’histoire du club aurait dû partir dans un Camp Nou en fête, en héros. Il est parti dans un silence amer, les larmes aux yeux. Un adieu indigne d’une légende.

  • Manchester City v Feyenoord - UEFA Champions League 2024/25 League Phase MD5Getty Images Sport

    La fin d’un cycle doré à Manchester City

    Manchester City semblait intouchable, indétrônable. Quatre titres consécutifs en Premier League, une suprématie écrasante en Angleterre et un statut de référence absolue en Europe. Même leur élimination en Ligue des champions en 2024 ne devait rien à une quelconque chute de niveau : ils n’avaient cédé qu’aux tirs au but face au Real Madrid, futur champion.

    Alors, comment une équipe aussi dominante a-t-elle pu s’effondrer en moins d’un an ? La réponse tient en un nom : Rodri. L’international espagnol, pièce maîtresse du système Guardiola, s’est rompu le ligament croisé en début de saison 2024-2025. Une absence qui a exposé des failles insoupçonnées. City sans Rodri, c’était un navire sans gouvernail.

    Bien sûr, Rodri n’a pas été le seul problème. L’effectif vieillissant, le départ de certains cadres, des blessures à répétition… Tout cela a contribué à une spirale négative. Mais c’est sans lui que City a enchaîné l’impensable : cinq défaites consécutives. Une équipe brisée, sans repères, incapable de se réinventer.

    Le symbole de cette déchéance ? Un soir de novembre 2024, à l’Etihad. Face à Feyenoord en phase de groupes de la Ligue des champions, City menait 3-0 à un quart d’heure de la fin. Un score synonyme de résurrection. Puis l’inimaginable se produisit : une réduction du score, un second but encaissé… et une égalisation hollandaise dans l’effroi général. 3-3, la confirmation que cette équipe n’était plus elle-même.

    Mais le plus frappant ne s’est pas joué sur le terrain. Après la rencontre, Guardiola s’est présenté en conférence de presse, des griffures visibles sur le crâne. Un signe du stress extrême qu’il traversait, de l’ampleur du désastre qu’il voyait se dessiner sans pouvoir l’arrêter.

    Bien sûr, City ne restera pas dans le trou éternellement. Un nouveau cycle se prépare déjà, avec plus de 200 millions d’euros investis en janvier 2025. Mais l’ère magique de Bernardo Silva, Ilkay Gündogan et Kevin De Bruyne est bel et bien révolue. Un chapitre glorieux s’est refermé – brutalement.

  • FBL-ITA-MILAN-JUVENTUS-BERLUSCONI TROPHYAFP

    L’AC Milan de Silvio Berlusconi, du sommet à l’effondrement

    Lorsque l’AC Milan a remporté sa septième et dernière Ligue des champions en 2007, Silvio Berlusconi savourait son triomphe. « Nous avons pris un club au bord de la faillite pour le ramener au sommet de l’Italie, de l’Europe et du monde », se félicitait-il.

    Il faut dire que le magnat des médias avait transformé les Rossoneri. Grâce à sa fortune colossale, il avait bâti l’une des équipes les plus mythiques de l’histoire du football. Sous Arrigo Sacchi, Milan avait conquis l’Europe en 1989 et 1990, avant d’entrer dans une nouvelle ère de domination avec Fabio Capello et Carlo Ancelotti.

    Mais le football a changé, et Berlusconi s’est peu à peu retrouvé dépassé. Les nouveaux mastodontes financiers – entre oligarques russes et clubs soutenus par des États – avaient désormais les moyens de faire plier n’importe quelle institution. Même l’AC Milan ne faisait plus exception.

    Le tournant ? L’été 2012. Juste un an après un titre de champion d’Italie, les Rossoneri ont dû céder Zlatan Ibrahimovic et Thiago Silva au Paris Saint-Germain, financé par le Qatar. Un coup fatal. Milan venait de perdre non seulement ses deux meilleurs joueurs, mais aussi son statut d’ogre du football européen.

    Berlusconi a bien tenté de prolonger l’illusion, restant président jusqu’en 2016. Mais l’ère dorée était révolue. Le Milan des Van Basten, Maldini, Kaka et Pirlo n’existait plus. Il n’avait plus les moyens de rivaliser, ni d’attirer les meilleurs talents.

    En 2017, l’homme fort du club s’est finalement résigné à vendre. Son adieu à Milan fut empreint de douleur : « C’est avec tristesse que je me sépare de ce club, mais il faut se rendre à l’évidence : aujourd’hui, seul un groupe financier peut assurer la pérennité d’un grand club. Une famille ne peut plus rivaliser. »

    Avec lui, c’est tout un cycle qui s’est achevé. Milan a depuis connu des hauts et des bas, et s’il a retrouvé les sommets en Serie A, il court toujours après son héritage perdu.

  • West Bromwich Albion v Manchester United - Premier LeagueGetty Images Sport

    Le Manchester United de Sir Alex Ferguson, une dynastie éteinte

    Le 19 mai 2013 restera gravé dans l’histoire de Manchester United comme le jour où tout a basculé. Ce soir-là, Sir Alex Ferguson dirigeait son dernier match à la tête des Red Devils, après 27 ans de règne, 13 titres de Premier League, et deux Ligues des champions. Mais dès qu’il a quitté le banc, United a entamé une chute brutale vers la médiocrité.

    Depuis, le club a glané quelques trophées – une FA Cup, une Europa League sous José Mourinho – mais il n’a jamais retrouvé sa superbe. Pire encore, il n’a plus touché au titre national et s’est souvent ridiculisé en Ligue des champions, accumulant les éliminations précoces.

    Pour beaucoup, le vrai problème ne fut pas seulement le départ de Ferguson, mais aussi celui de David Gill, son fidèle directeur général, qui quitta le club la même année. Son successeur, Ed Woodward, s’est révélé désastreux, multipliant les erreurs dans le recrutement et les choix d’entraîneurs. Sous sa direction, des centaines de millions ont été gaspillés, et les mauvaises décisions se sont enchaînées jusqu'à sa démission en 2022.

    Certains vont encore plus loin et estiment que le déclin de United a débuté bien avant, avec l’arrivée des Glazers en 2005. La famille américaine s’est emparée du club après un litige absurde entre Ferguson et les anciens actionnaires John Magnier et JP McManus, à propos d’un cheval de course nommé Rock of Gibraltar. Mais malgré la prise de contrôle des Glazers, United a continué à dominer l’Angleterre sous Ferguson, preuve que l’Écossais était le seul véritable garant du succès.

    C’est donc son départ qui a marqué le début de la fin. Son successeur désigné, David Moyes, n’a jamais eu l’étoffe du rôle, et depuis, United erre sans direction claire. Un club autrefois craint et respecté est devenu l’ombre de lui-même, enchaînant les coachs (Van Gaal, Mourinho, Solskjaer, Ten Hag…) sans jamais retrouver la rigueur, la discipline et l’aura du plus grand manager de l’histoire.

    Douze ans après, Manchester United n’a toujours pas remplacé Ferguson. Et peut-être ne le remplacera-t-il jamais vraiment.

  • David Beckham Gets Examined Getty Images Sport

    Le mirage des Galactiques

    Quand Florentino Pérez se présente à l’élection présidentielle du Real Madrid en 2000, il part de loin. Lorenzo Sanz vient de remporter deux Ligues des champions en trois ans, et aucun président en poste n’a jamais été battu. Pourtant, Pérez l’emporte grâce à deux promesses spectaculaires : assainir les finances du club et arracher Luis Figo au FC Barcelone. Deux engagements qu’il tient contre toute attente, lançant ainsi l’ère des Galactiques.

    Dès sa première saison, Figo remporte la Liga, et l’année suivante, Madrid décroche la Ligue des champions grâce à un chef-d'œuvre de Zinedine Zidane en finale contre Leverkusen. L’arrivée de Ronaldo en 2002 renforce encore cette équipe de stars, et le Brésilien mène les siens à un nouveau titre national en 2003.

    Mais c’est là que le rêve tourne au cauchemar. L’arrivée de David Beckham marque un tournant. Le choix est plus commercial que sportif, et surtout, Pérez décide de vendre Claude Makelele à Chelsea, convaincu qu’un joueur défensif est moins essentiel qu’une star offensive. Un désastre stratégique. Sans l’équilibre que garantissait Makelele, le Real perd son assise et sa domination.

    Dans la foulée, Vicente Del Bosque est limogé, une erreur monumentale qui précipite le club dans le chaos. Carlos Queiroz, nommé pour lui succéder, ne parvient pas à redresser la barre, et les résultats s’effondrent. Entre 2003 et 2006, Madrid ne remporte plus aucun trophée majeur, sa pire disette depuis 1953.

    Dépassé par son propre projet, Pérez finit par démissionner en 2006, laissant derrière lui un vestiaire gangrené par l’individualisme et une équipe en perdition. La leçon était dure, mais elle allait permettre au président madrilène de corriger le tir des années plus tard, avec une seconde ère galactique bien plus équilibrée.

  • Spain v Netherlands: Group B - 2014 FIFA World Cup BrazilGetty Images Sport

    La fin du tiki-taka

    Pep Guardiola a toujours méprisé l’expression 'tiki-taka'. Pour lui, ce terme réduisait sa philosophie de jeu à une caricature stérile. "C’est du n’importe quoi !", confiait-il à Martí Perarnau dans Pep Confidential. "On doit passer le ballon avec un but précis, pas pour le plaisir. Ne croyez pas ce qu’on raconte, le Barça ne faisait pas de tiki-taka !"

    Mais peu importe comment on l’appelle, cette approche basée sur la possession absolue a révolutionné le football moderne. Sous Guardiola, Barcelone a dominé l’Europe, remportant deux Ligues des champions en trois saisons (2009 et 2011). Dans la foulée, l’Espagne a régné sur le football mondial, enchaînant trois trophées majeurs consécutifs (Euro 2008, Coupe du monde 2010, Euro 2012).

    Mais le football évolue, et comme toutes les grandes dynasties, cette suprématie n’a pas duré éternellement. Dès la dernière saison de Guardiola à Barcelone (2011-12), des signes montraient que les adversaires avaient trouvé des parades. Pourtant, l’Espagne a refusé d’adapter son style, convaincue que sa philosophie restait intouchable. Avant la Coupe du monde 2014, Xavi l’affirmait encore avec fierté : "Nous allons gagner ou mourir avec cette manière de jouer."

    Et ils sont morts. Dès le premier match, La Roja subit une humiliation historique contre les Pays-Bas (5-1). Le tiki-taka s’effondrait sous les coups des attaques rapides et des défenses regroupées. L’Espagne n’a jamais pu s’en relever, éliminée dès la phase de groupes, marquant la fin d’une ère et la preuve qu’aucune idéologie n’est éternelle dans le football.

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