Alors que le couperet de la DNCG est tombé mardi soir sur l’Olympique Lyonnais, rétrogradé administrativement en Ligue 2, les réactions ne se sont pas fait attendre. Dans un silence pesant, les fans attendaient des paroles fortes, et ce sont deux voix puissantes de l’histoire lyonnaise qui ont ouvertement pris la parole : Jean-Michel Aulas, président historique du club, et Sidney Govou, ancien attaquant des Gones. Tous deux ont exprimé, chacun à sa manière, leur désarroi… et leur colère. Et c’est John Textor, patron actuel du club, qui se retrouve directement dans leur viseur.
AFP
GettyJean-Michel Aulas, entre douleur et incompréhension
Jean-Michel Aulas a connu des jours bien meilleurs avec l’Olympique Lyonnais. Celui qui a dirigé le club pendant plus de trois décennies a pris la plume sur ses réseaux sociaux, quelques jours après avoir enterré son ami Bernard Lacombe.
« C’est un choc. Un coup terrible pour tous ceux qui aiment profondément l’Olympique Lyonnais. Je pense d’abord aux joueurs, aux éducateurs, aux salariés du club, à nos supporters tellement fidèles, et à tous ceux pour qui l’OL est bien plus qu’un club. Pendant 36 ans, j’ai veillé à ce que jamais une telle situation ne puisse se produire. J’ai tout donné pour bâtir un club solide, respecté, ambitieux et sain financièrement. Aujourd’hui, c’est la tristesse qui domine. Et une immense incompréhension », a-t-il confié dans un message fort sur X (anciennement Twitter), teinté de peine.
Pas question, pour lui, de rester indifférent face à cette décision, même s’il choisit pour l’instant de rester mesuré dans ses mots.
« Par respect pour les institutions, et dans la retenue que m’impose aussi la disparition de Bernard Lacombe, je ne commenterai pas davantage à ce stade. Je n’ai pas encore connaissance des attendus de la décision. Je souhaite de tout mon cœur que l’appel, et les garanties que pourra apporter l’OL - et surtout celles de John Textor et de ses associés au sein d’Eagle Football Holding - permettront de revenir sur cette situation inédite. Je resterai, comme je l’ai toujours été, vigilant et profondément attaché à l’avenir de notre club », conclut-il, avec dignité.
AFPSidney Govou ne retient pas ses coups
Du côté de Sidney Govou, la retenue a laissé place à la colère. L’ancien international français s’est exprimé dans Le Parisien, et sa confiance envers l’actuel propriétaire américain de l’OL est totalement anéantie.
« Aujourd’hui, je suis en colère. Je suis surpris et énervé. Encore une fois, John Textor nous a enfumés. Cela ne passe pas. C’est un beau parleur, toujours de belles paroles mais, à l’arrivée, les actes ne suivent pas », lance-t-il sans détour.
Govou ne mâche pas ses mots. Pour lui, Textor a trahi la parole donnée au peuple lyonnais, et il ne voit plus en lui un président crédible.
« Cela semblait compliqué mais quand le président fait autant de sorties en disant de ne pas s’inquiéter car il a l’argent, on est tentés de croire les gens. Aujourd’hui, il n’a plus aucune crédibilité à mes yeux. Zéro. Même si ça devait passer dans trois semaines, il n’a aucune crédibilité pour être président d’un club comme l’OL », assène-t-il.
AFPUn propriétaire isolé et contesté
John Textor avait pourtant martelé dans les médias qu’il n’y avait aucune raison de s’inquiéter. Il assurait que les finances étaient sous contrôle et que les exigences de la DNCG seraient respectées. Pourtant, la sanction est tombée comme une lame. Et pour Govou, le constat est sans appel :
« Mais ces mecs-là sont là pour faire du business, pas avec leur argent, et se foutent complètement de nous. C’est une réalité », accuse-t-il.
Il va encore plus loin : « Si l’OL coule demain, il retournera à Botafogo et il fera les mêmes conneries avec Botafogo ».
Une phrase brutale, mais symptomatique de la fracture profonde entre l’homme d’affaires américain et l’ADN de l’OL.
Getty ImagesLyon dans la tourmente, l’espoir toujours là ?
Le club a déjà annoncé faire appel de la décision. La procédure est lancée, et les dirigeants espèrent encore éviter le pire. Mais une chose est sûre : l’image de John Textor est désormais sérieusement écornée. Et au sein du club comme en dehors, les voix s’élèvent. Certaines avec la peine d’un bâtisseur. D’autres avec la rage de ceux qui se sentent trahis.

