Bernard Tapie OMGetty Images

Bernard Tapie, sa vie dans le foot en dix dates

Bernard Tapie n’est plus. A l’âge de 78 ans, et au bout d’une lutte de quatre ans avec le cancer, « Nanar » a rendu l’âme  ce dimanche. Ce grand personnage n’a pu remporter ce dernier combat, alors qu’il en a gagné tant d’autres dans sa vie professionnelle. Une vie qui l’aura notamment vu marquer l’histoire du football français. Il l’a fait positivement et aussi négativement, mais ce qui est certain c’est qu’il était unique. Depuis qu’il a pris ses distances avec le monde du ballon rond, il n’y a plus eu de figure aussi charismatique et prégnante à occuper autant la sphère médiatique, tout en guidant une équipe sur le toit de l’Europe.

L’histoire de Tapie avec le football aura duré 15 ans, entrecoupée bien sûr par l’éloignement forcé qu’il a connu suite à la malheureuse affaire qui a provoqué sa perte. On peut même raccourcir la durée de ce lien avec les terrains, sachant qu’à son retour il n’était plus que l’ombre de lui-même et avec une influence nettement moindre. D’un autre côté, il est évident que son impact se sera étalé sur plus d’une décennie, tellement il se sera distingué dans son rôle de président de l’OM. Il ne serait d’ailleurs pas exagéré de dire qu’il y a eu un avant et un après Tapie dans la vie du prestigieux club phocéen.

En partance de ce constat-là, l’évidence est que retrouver dix dates marquantes de Tapie dans le football français est un exercice assez facile, tellement il est parvenu à se démarquer et à faire parler de lui à chacune de ses interventions et au moindre défi relevé. Il y a aussi eu des échecs et des chemins sombres empruntés et il est impossible d’en faire abstraction. Mais, finalement, l’ascension impressionnante couplée à une violente chute libre une fois au sommet, n’est-ce pas ce qui fait la singularité de tous ceux qui laissent une trace dans l’histoire de ce jeu ? Car bien qu’il n’avait pas de short ni de chaussures, il en était indiscutablement l’un des plus grands acteurs.

  • Bernard Tapie Marseille 1986Getty

    12 avril 1986 : Son arrivée à la tête de l’OM

    Après s’être fait un nom dans le monde des affaires et dans le cyclisme, Bernard Tapie débarque à l’OM en le rachetant pour un franc symbolique. Par l’entremise du maire Gaston Deffere, il fait ainsi son entrée dans le monde du football et en étalant d’emblée son ambition sans bornes. L’objectif est d’aller chercher la première coupe d’Europe du club français.

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  • Tapie Marseille 1989Getty

    2 Mai 1989 : Le premier titre de champion

    Avec la venue de Tapie à sa tête, l’OM a entamé une fulgurante ascension. Cela dit, les Olympiens ont quand même dû attendre trois ans pour pouvoir décrocher leur premier titre de champion sous la coupe de leur emblématique président. Auparavant, ils ont vu Bordeaux et Monaco les devancer. L’attente aura quand même valu le coup puisqu’ils s’offrent un doublé avec la conquête de la Coupe de France. Leur patron en était comblé.

  • Bernard Tapie Marseille Ligue 1Getty

    Mai 1989 : Il tente d'attirer Maradona à l'OM

    L'appétit vient en mangeant, après avoir conquis ses premiers titres à Marseille, Bernard Tapie essaye de frapper un énorme coup en enrôlant l'un des meilleurs joueurs du monde dans son club, en la personne de Diego Maradona. Il lui concocte même un salaire de 20 millions de francs, qui fait grincer beaucoup de dents en France mais que lui qualifie de "cadeau" pour un footballeur de ce standing. El Pibe Del Oro est proche de débarquer du côté de la Canebière, mais tout capote au dernier moment. Tapie tient le directeur sportif Hidalgo responsable de cet échec, en lui reprochant de ne pas avoir été discret dans ses manoeuvres. L'histoire retiendra quand même que l'OM de Tapie avait été à deux doigts d'accueillir un génie en son sein.
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  • Claude Bez vs Bernard TapieGettyimages

    14 avril 1990 : Le bras de fer avec Claude Bez

    Il est difficile d’évoquer les premières années de Tapie à la tête de l’OM, sans parler de sa rivalité avec Claude Bez, son homologue de Bordeaux. Les deux hommes ne se supportaient pas et les coups bas et insultes ont souvent fusé entre eux. Le point d’orgue de cette rivalité est intervenue en avril 1990 quand Bez a osé débarquer au Vélodrome au volant de sa Cadillac. Il pensait triompher chez son rival, mais son équipe s’est inclinée 0-2 et a perdu le titre pour deux points face à Marseille.

  • Bernard Tapie Marseille Benfica 1990Getty

    18 Avril 1990 : La main de Vata qui le met hors de lui

    En avril 1990, l’OM échoue aux portes de la finale de la Coupe des Champions. Les Olympiens tombent avec les honneurs contre le Benfica, et sur un but qui n’aurait jamais dû être validé. Alors qu’ils tenaient leur qualification lors de la seconde manche, une réalisation de la main du Brésilien Vata provoque leur chute. Tapie est fou furieux à cause de ce tournant. A la fin du match, il a déclaré « avoir compris » et qu’on ne l’y reprendrait pas. Sous-entendu, il a saisi ce qu’il faut pour se faire respecter sur la scène européenne.

  • Bernard Tapie Jean-Pierre Papin MarseilleGetty

    29 mai 1991 : La douloureuse défaite à Bari

    En 1991 et pour la première fois depuis l’épopée de l’ASSE dans les années 70, un club français s’invite en finale de l’épreuve reine du continent. Marseille se présente en grande favori contre l’Etoile Rouge de Belgrade. Le match se dispute à Bari en Italie. Nerveux, les Olympiens ne parviennent pas à contourner le bloc des Yougoslaves (0-0 après deux heures dejeu), qui jouent contre-nature. Et la loterie des tirs au but leur est défavorable. Tapie connait une nouvelle désillusion sur la scène européenne, et l’image de Basile Boli en larmes marquent à jamais les supporters olympiens. "Le sort nous a été contraire, ça ne donne qu'une envie : recommencer", a lâché le président.

  • Bernard Tapie Marseille 1993Getty

    26 mai 1993 : La consécration ultime

    Deux ans après la défaite à Bari, Marseille et Tapie prennent leur revanche sur le sort. Et quelle revanche ! Les Olympiens triomphent sur la scène continentale en venant à bout de leur grand rival de l’époque, l’AC Milan. Et, ironie du sort, c’est Basile Boli qui offre la Coupe aux Marseillais en marquant le but vainqueur sur une magnifique tête. Au coup de sifflet final, Tapie est submergé par les émotions. « C’est stupide, mais on ne va pas faire semblant », lâchera-t-il, en versant quelques larmes. Cette victoire est venue couronnée son travail pendant sept ans. L’œuvre d’une carrière et d’une vie.

  • Bernard Tapie Jean-Jacques GlassmannGetty

    22 mai 1993 : VA- OM, le match de la honte

    Quatre jours seulement avant la finale de la Ligue des Champions contre l'AC Milan, Bernard Tapie a la très mauvaise idée de vouloir acheter plusieurs joueurs de Valenciennes pour que ces derniers lèvent le pied face à son équipe de l’OM en championnat. Jean-Jacques Glassmann révèle cette tentative de corruption à l’issue de la saison. Le patron olympien perd de son aura, et cette affaire marque le début de sa chute. Le club aussi en souffre, puisqu'après une longue enquête les torts sont confirmés. Une rétrogradation administrative est prononcée en 1994.

  • Bernard Tapie MarseilleGetty

    11 décembre 1994 : Son départ de l’OM

    En décembre et au bout de 8 années et demies passées au club, Bernard Tapie délaisse ses fonctions de président de l’OM. Un départ forcé puisqu’il fait suite à la relégation du club en D2 et aux ennuis judiciaires de l’intéressé. La fin d’une belle idylle, même s’il était ensuite revenu dans un autre rôle.

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    3 février 1997 : Tapie est écroué

    Quatre ans après l’affaire VA - OM, Bernard Tapie se retrouve incarcéré et il est le seul dans ce cas parmi tous les incriminés dans ce scandale. Il purge sa peine de huit mois de prison ferme pour corruption et subornation de témoins puis à deux ans de prison dont huit mois ferme. Il passe finalement cinq mois et demi derrière les barreaux avant de bénéficier de libération conditionnelle. Ce passage par la case prison signe également la fin de ses ambitions politiques, lui qui se voyait président de la République.

  • Bernard TapieGettyimages

    Novembre 1999 : Son retour à l'OM comme directeur sportif

    En 1999, et cinq ans après l'avoir quitté, Tapie effectue son retour à Marseille, mais cette fois dans un rôle de directeur sportif. Il oeuvre comme bras droit de Robert Louis-Dreyfus. Avec lui, Marseille parvient à remonter de la 16e à la 9e du classement. Néanmoins, cette seconde aventure tourne court puisqu'il s'en va au bout d'un an. Ayant toujours eu les pleins pouvoirs, il n'est pas à l'aise dans ce nouveau costume et sa passion pour le football s'est éteinte suite à sa condamnation. Tapie prend du recul, mais il reste jusqu'à sa mort l'un des plus fervents supporters du club.
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