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Ancelotti en sursis au Real Madrid : la déroute face à Arsenal qui change tout

C’était censé être la grande soirée du Real Madrid, une nouvelle remontada en préparation. Trois buts de retard après une prestation calamiteuse à l’Emirates contre un Arsenal discipliné et revanchard ? Aucun problème. C’est Madrid, après tout. Ici, la logique ne s’applique pas lors des nuits européennes au Santiago Bernabeu... Du moins, c’est ce qu’on voulait croire.

Mais l’illusion s’est rapidement dissipée. Non seulement le Real n’a pas renversé la situation, mais il a été dominé de bout en bout par les Gunners. Arsenal a mérité son succès 2-1, venant s’ajouter à une correction 3-0 de la première manche. Un naufrage.

Il y a bien eu un frisson lorsque Thibaut Courtois a repoussé un penalty de Bukayo Saka en début de rencontre. On s’est alors dit : « Et si ? ». Mais Madrid n’a jamais su enclencher. Même une main dans la surface en leur faveur a été ignorée, et la fin de match s’est résumée à des centres désespérés vers une pointe fantôme — comme si Joselu était encore là, alors qu’il évolue désormais au Qatar.

Le scénario s’est bouclé sans surprise. Saka s’est racheté avec une subtile pichenette, Vinicius Jr a profité d’une erreur de Saliba, mais Martinelli a plié l’affaire en fin de rencontre. Le Real, amorphe, est apparu dépassé.

Et Carlo Ancelotti ? Son aura s’effrite. Face à une équipe bien organisée, son Real a manqué de structure, de plan de jeu et de réponses dans l’axe. Ajoutez à cela un Declan Rice impérial, et vous obtenez un Real Madrid dominé dans tous les compartiments. Ce genre d’échec n’est pas censé arriver au Bernabeu. Et quand ça arrive… l’entraîneur devient naturellement la cible.

GOAL analyse les gagnants et perdants du grand choc vécu dans la capitale espagnole mercredi...

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    GAGNANT : Mikel Arteta

    « Mikel Arteta est trop émotif pour gagner la Premier League. » « Arteta n’a rien d’un tacticien. » « Il n’a encore rien prouvé. » « Son crédit à Arsenal touche à sa fin. » Cela fait presque un an que l’entraîneur espagnol fait l’objet de ces critiques, et tant qu’il n’aura pas soulevé un trophée majeur depuis la FA Cup 2020, elles continueront à lui coller à la peau. Mais aller battre le Real Madrid à l’aller et au retour en Ligue des champions, c’est un bon début pour faire taire les mauvaises langues.

    Ce quart de finale retour était tout sauf simple à appréhender pour lui. Même avec un avantage de 3-0, rien n’est jamais gagné face au Real. Le charme étrange de la C1, l’aura mystique du Bernabeu… tout peut basculer. Il suffit d’un instant pour qu’un Joselu se transforme en Ronaldo. Arteta aurait pu paniquer, bétonner et viser le 0-0. Et, par moments, c’est ce qu’il a fait. Arsenal a laissé le ballon aux Madrilènes, regroupant ses dix joueurs de champ dans sa moitié de terrain.

    Mais le vrai coup de maître a été d’alterner ces phases de résistance avec de vraies séquences ambitieuses. À chaque offensive, les Gunners faisaient mal. Ils ont marqué deux fois, auraient pu inscrire un troisième but, et n’ont jamais donné l’impression d’être acculés. Une masterclass tactique au meilleur moment pour un entraîneur qui avait besoin de frapper fort pour regagner du crédit.

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  • Kylian Mbappe Real Madrid 2024-25Getty

    PERDANT : Kylian Mbappé

    Il y a une ironie savoureuse dans cette édition de la Ligue des champions. Kylian Mbappé ne voulait plus porter le maillot du Paris Saint-Germain. Il voulait absolument rejoindre le Real Madrid. Une ambition classique, en somme. Mais au fond, le cœur de sa décision était limpide : il rêvait enfin de soulever la C1, ce trophée qui s’était toujours refusé à lui à Paris. Il avait tout raflé sur le plan individuel, empilé les titres de champion de France, conquis le public du Parc. Mais l’Europe lui résistait. Et Madrid devait changer cela.

    Résultat ? Tout ça pour ça. Soyons clairs : cette élimination n’est pas uniquement à mettre sur le dos de Mbappé. Mais c’est pour ce genre de rendez-vous qu’il a signé dans la capitale espagnole. Pour peser, briller, renverser des montagnes. Et pourtant, pendant la quasi-totalité du match, il a été muselé par un William Saliba d’une rigueur impressionnante. Quelques dribbles, quelques éclairs… mais aucune menace réelle. Pire encore, Madrid s’est montré plus dangereux après sa sortie, touché à la cheville, une blessure qui pourrait compromettre sa fin de saison en Liga comme sa participation à la finale de la Coupe du Roi.

    D’autres occasions viendront. Mais ce quart de finale retour avait des allures d’instant fondateur. Et Mbappé, censé écrire un nouveau chapitre glorieux avec le Real, a raté sa première grande page.

  • Declan Rice Arsenal 2024-25Getty/GOAL

    GAGNANT : Declan Rice

    Le nouveau Patrick Vieira ? Mercredi dernier, Declan Rice a été monumental, décrochant logiquement un deuxième trophée d’homme du match sur cette double confrontation. Déjà brillant à l’aller avec deux coups francs somptueux, l’international anglais a peut-être encore élevé son niveau au Bernabeu. Face à l’un des milieux les plus réputés de la planète, il a dicté le tempo avec une autorité qui en dit long sur sa progression fulgurante.

    Si le match aller avait été une démonstration de finesse, ce retour fut un manifeste de puissance. Rice a avalé les mètres, jailli dans les duels, dominé dans les airs, et signé plusieurs interventions défensives décisives. Aucune trace d’un Madrilène capable de le suivre dans ses courses tranchantes. Il a réussi 25 de ses 26 passes, créé deux occasions franches et brisé les lignes à la moindre opportunité. En face, Jude Bellingham a tout simplement disparu, étouffé par le volume et la confiance de son compatriote.

    Certes, Thomas Partey assurait les arrières avec son sens du placement, et Martin Odegaard régalait entre les lignes. Mais Rice, lui, a tout fait entre les deux, orchestrant avec brio une prestation collective majuscule. Un patron, un vrai, pour une victoire mémorable.

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    PERDANT : Carlo Ancelotti

    Alors, est-ce la fin ? L’un des grands talents de Carlo Ancelotti a toujours été sa capacité à composer avec un groupe de stars pas forcément compatibles, et d’en faire une équipe redoutable. Pas d’attaquant ? Jude Bellingham est transformé en faux neuf de classe mondiale. Aucun ailier droit disponible ? Federico Valverde s’y colle. Ferland Mendy jugé insuffisant ? Camavinga dépanne à gauche. Et ainsi de suite. On bouche les trous, puis la magie du "Mister" opère, grâce à la mentalité qu’il insuffle à ses joueurs.

    Mais mercredi soir, cette méthode a montré ses limites. Peut-être que cette version du Real Madrid est un défi de trop pour l’Italien légendaire. Il faut le dire : cet effectif est en chantier. Il manque un milieu capable de dicter le rythme, un latéral droit de haut niveau, et un véritable patron en défense centrale.

    Sauf qu’au-delà des carences, c’est surtout l’absence de plan qui a frappé face à Arsenal. Madrid a centré 42 fois… pour seulement 7 ballons adressés avec succès. Ancelotti n’a jamais su casser le bloc des Gunners ni trouver la clé pour contrer leurs transitions éclairs. S’il y avait une idée directrice dans cette équipe, elle était bien enfouie, et il aurait fallu une loupe – et beaucoup d’imagination – pour la repérer.

    Et maintenant ? Le Real peut encore rattraper le Barça en Liga et les affrontera en finale de Copa del Rey le 26 avril. Un doublé reste possible, mais la dynamique n’inspire guère l’optimisme. Avec Xabi Alonso dans les starting-blocks et le Brésil qui continue de faire les yeux doux à Ancelotti, tout laisse à penser que l’histoire touche à sa fin.

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    GAGNANT : La défense d'Arsenal

    La solidité défensive est l’une des signatures de l’ère Mikel Arteta. C’est par là que tout a commencé : c’est grâce à elle qu’Arsenal est passé de la "banter era" à une période de stabilité et d’ambition retrouvée. Et mercredi, cette arrière-garde a une nouvelle fois été à la hauteur de l’événement.

    William Saliba a tenu la maison au centre, muselant Mbappé quasiment tout le match – malgré une erreur d’inattention qui a permis à Vinicius d’égaliser. Jurrien Timber, quant à lui, a été l’un des rares défenseurs européens capables de répondre à l’intensité et à l’imprévisibilité du Brésilien. Myles Lewis-Skelly, encore très jeune, continue d’impressionner par sa maturité et sa justesse. Et Jakub Kiwior, propulsé titulaire après la blessure de Gabriel Magalhaes, a apporté des interventions décisives et une grande rigueur dans la surface.

    Mais au-delà des performances individuelles, c’est surtout l’organisation collective qui a frappé les esprits. Les corners ont été bien gérés, les coups de pied arrêtés désamorcés, et le Real a rarement trouvé de l’espace entre les lignes. L’attaque des Gunners peut parfois manquer de tranchant, mais la défense, elle, répond toujours présente dans les grands rendez-vous. Et celle-ci en était un.

  • Real Madrid C.F. v Arsenal FC - UEFA Champions League 2024/25 Quarter Final Second LegGetty Images Sport

    PERDANT : Le vaudou du Real Madrid

    Question sérieuse : si vous êtes vous-même à l’origine de votre propre superstition, est-ce qu’elle fonctionne encore ? Faire un tour sur les réseaux sociaux avant ce match relevait de l’agression sensorielle pour tout amateur de football. Médias espagnols et Real Madrid ont fusionné dans un seul et même organisme de propagande en boucle. Références obsessionnelles aux remontadas passées, formules magiques du style "90 minutes au Bernabeu, c’est très long", et même Jude Bellingham qui avouait que le mot avait circulé dans le vestiaire madrilène.

    Tout cela avait pour effet de nourrir une attente folle. Madrid allait revenir. C’était écrit. Un but rapide, puis deux autres arrachés par on ne sait quel miracle, avec un quatrième attaquant sorti de nulle part pour sceller la soirée. Joselu allait revenir d’on ne sait où, enfiler un maillot et claquer un doublé. Parce que c’est Madrid. Parce qu’ils trouvent toujours un moyen.

    Mais cette fois, rien. Un calme plat. Le miracle annoncé n’a jamais pris forme. La prétendue magie européenne n’a pas opéré, et les Merengue n’ont jamais réellement semblé en mesure d’inverser la tendance.

    Toutes les séries ont une fin, certes. Mais peu auraient imaginé que celle-ci s’achèverait de manière aussi fade.