Il y a des soirs où le passé cesse d’être un poids pour redevenir une fierté. Où un club endormi dans les replis du temps rouvre les portes de la lumière. Ce mercredi à Rome, le stade Olympique a vu Bologne refaire surface, réapparaître là où nul ne l’attendait. Cinquante et un ans après son dernier sacre, les Rossoblù ont soulevé la Coupe d’Italie. Une victoire limpide, grave et maîtrisée (1-0), face à un Milan sans idées ni révolte. Et le football, une fois n’est pas coutume, a rendu justice aux audacieux.
AFP51 ans d’attente : Bologne renverse Milan et entre dans l’histoire
Getty Images SportLa leçon d’un outsider ambitieux
Ce n’est pas un hold-up. Ni une surprise sur un malentendu. C’est un triomphe bâti avec méthode et panache. Bologne n’a pas plié. Mieux encore, elle a dicté le tempo. D’abord en s’arc-boutant sur une assise défensive irréprochable, puis en frappant avec la précision d’un scalpel. À la 53e minute, Dan Ndoye profitait d’une remise hasardeuse de Théo Hernández, pressé par Orsolini, pour surgir en renard et glisser le ballon dans le petit filet. Une finition clinique, symbole d’un collectif en pleine ascension. Le Suisse aurait pu doubler la mise à la 77e minute, mais son tir frôlait le poteau.
AFPMilan, entre apathie et fin de cycle
Face à cette organisation impeccable, Milan a peiné, lentement, douloureusement. À l’image de Luka Jovic, qui ratait l’occasion de lancer le match à la 11e minute, sa reprise étant sauvée sur la ligne par Skorupski. Le reste fut terne. Hormis un coup franc bien détourné par Maignan en début de match, le Milan d’hier n’a laissé qu’un constat d’impuissance. Apathiques, étouffés, les Rossoneri ont regardé leur saison se déliter. Cette défaite sonne comme un glas : aucune qualification européenne assurée, un banc en sursis, un effectif en doute. Conceição devrait partir. Maignan aussi. Et peut-être d’autres.
Getty Images SportItaliano, le sacre du courage
Cette Coupe d’Italie, Vincenzo Italiano l’avait caressée du bout des doigts, souvent, sans jamais l’empoigner. C’est désormais chose faite. Lui qui avait chuté en finale avec la Fiorentina, lui qui avait souffert des limites d’un effectif trop tendre en Europe, a cette fois su hisser Bologne jusqu’au sommet. Un titre historique, mais aussi une qualification pour la Ligue Europa. L’autre grand mérite de ce sacre, c’est d’inscrire dans le marbre le relais réussi entre Thiago Motta et Italiano. Le projet, lui, ne faiblit pas.
Getty Images SportMilan, un paradoxe qui ne trompe plus
Milan n’a perdu aucun de ses cinq derbies cette saison contre l’Inter. Et pourtant, il termine sans trophée majeur. Ce paradoxe ne masque plus rien. Pas la lente chute, pas l’absence de fond de jeu, pas l’effondrement mental d’un groupe qui, quand ça compte vraiment, semble tétanisé. Les légendes en tribune – Baresi, Massaro, Baggio – ont assisté à un épilogue qu’elles n’ont pas dû reconnaître. C’est une époque révolue. Celle de Bologne, peut-être, recommence.
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