Coppa Italia ou pas : Leao, Theo, Maignan… Milan s’apprête à tout changer

L'aventure de João Félix à San Siro avait pourtant démarré sous les meilleurs auspices. Prêté par Chelsea, le Portugais avait marqué dès son premier match avec le Milan, en quart de finale de Coupe d’Italie face à la Roma, le 5 février. Il n’en fallait pas plus pour que Zlatan Ibrahimovic – désormais conseiller du club – s’enflamme en direct sur Sky Sport Italia, évoquant déjà un possible transfert définitif.

« Il s’est présenté avec un but magique, c’est un talent exceptionnel, jeune mais déjà expérimenté. On cherchait un joueur capable de faire la différence entre les lignes, surtout face à des blocs bas. Il a ce truc en plus, cette magie qu’on ne peut pas apprendre », s'était enthousiasmé le Suédois. « On est satisfaits, maintenant à nous de le mettre dans les meilleures conditions. »

Problème : cette « magie » a totalement disparu depuis. Félix n’a plus marqué le moindre but en rossonero depuis cette fameuse soirée de février. Et le mirage d’une renaissance milanaise a rapidement laissé place à une triste réalité. L’un des plus grands fiascos du football moderne va (encore) faire ses valises cet été, quelques mois seulement après avoir confié vouloir « enfin se poser » à Milan.

Certains affirment que Zlatan Ibrahimovic accorde plus d’importance au profil médiatique qu’aux performances sportives dans ses choix de recrutement. Et l’arrivée en prêt de Kyle Walker leur donne plutôt raison. Car quiconque avait vu évoluer l’Anglais avec Manchester City lors de la première moitié de saison – ou même à l’Euro l’été dernier – savait que l’ancien latéral supersonique n’était plus au niveau du très haut niveau.

Milan a pourtant jugé que le pari valait la peine. À Milanello, nombreux sont ceux qui louent sa polyvalence, son professionnalisme et son leadership dans le vestiaire. Mais sur le terrain, l’Anglais de 34 ans n’a jamais réussi à s’imposer comme un titulaire indiscutable. Pire : il devrait débuter la finale de la Coppa sur le banc, Alex Jimenez ayant désormais pris le dessus dans la hiérarchie.

Preuve de cette désillusion partagée, les Rossoneri n’envisageraient de lever l’option d’achat de Walker – fixée à 5 millions d’euros – que si City accepte de la baisser à 3,5 millions. Un compromis révélateur : à ce tarif, le club ne perdrait pas grand-chose. Et l’ancien Citizen, lui, mesure sans doute à quel point son étoile a pâli.

Sans Tammy Abraham, Milan ne serait sans doute pas en finale de la Coppa Italia. L’attaquant prêté par la Roma est tout simplement le meilleur buteur de la compétition cette saison, avec quatre réalisations, dont un doublé crucial face à son club propriétaire en quarts de finale.

Mais cela ne garantit en rien sa titularisation face à Bologne. Ces dernières semaines, Luka Jovic et surtout Santiago Gimenez se sont montrés plus réguliers, forçant Sergio Conceiçao à revoir sa hiérarchie offensive.

Le club lombard n’exclut pas de conserver Abraham, tant son bilan – 10 buts en 17 titularisations toutes compétitions confondues – reste plutôt solide. Mais l’ancien joueur de Chelsea perçoit actuellement 6 millions d’euros annuels à la Roma, un montant que Milan refuse d’aligner pour un joueur aussi souvent blessé.

Dans ce contexte, un départ vers Fenerbahçe, où José Mourinho rêve de le retrouver, semble aujourd’hui plus plausible qu’un transfert définitif à San Siro.

Durant le mercato hivernal, Fikayo Tomori semblait tout proche d’un départ. La Juventus et Tottenham le surveillaient de près, et tout laissait penser qu’il ne faisait plus partie des plans de Paulo Fonseca, malgré son rôle central dans le sacre de 2022. Pourtant, en février, le défenseur anglais avait balayé les rumeurs.

« Je me sens bien ici, je suis comme chez moi », confiait-il à Sky Sport Italia. « En quatre ans, j’ai gagné deux trophées, et on aurait pu faire encore mieux. Aujourd’hui, on a une équipe plus forte. Tant qu’on ne me dit pas de partir, je suis heureux ici. »

La vérité, c’est que le changement d’entraîneur a sans doute sauvé sa peau. Sergio Conceição l’apprécie bien plus que son prédécesseur, et à moins d’un contretemps, Tomori devrait être titulaire mercredi au Stadio Olimpico, malgré un coup reçu à la tête contre Bologne vendredi.

Mais le sort du joueur de 27 ans semble déjà scellé. Le club envisage de le vendre cet été, profitant de l’intérêt toujours fort de plusieurs clubs de Premier League. Objectif : réinjecter les fonds dans une défense qui a montré trop de failles cette saison.

Quand Gianluigi Donnarumma a quitté Milan libre pour le PSG, la plaie semblait béante. Mais le club lombard avait réagi avec clairvoyance en attirant Mike Maignan pour 15 millions d’euros. L’ancien Lillois s’était imposé dès sa première saison comme un rempart décisif dans la conquête du Scudetto, au point de faire oublier son prédécesseur.

Depuis ? Pas de chute brutale, mais un constat : Maignan n’a jamais réellement retrouvé le niveau stratosphérique affiché en 2021-2022. Et cela a suffi à relancer les rumeurs de départ, dans un contexte où Milan cherche à vendre intelligemment.

La priorité du club reste de prolonger son gardien, sous contrat jusqu’en juin 2026. Mais les négociations patinent autour du montant du nouveau salaire. Et le timing n’arrange rien, avec une fin de contrat qui se rapproche dangereusement.

Comme pour Leao ou Theo Hernandez, la tentation pourrait venir d’ailleurs : un club offrant à la fois un meilleur salaire et la perspective de jouer la Ligue des champions, ce que Milan semble trop fragile pour garantir aujourd’hui. Le feuilleton Maignan ne fait que commencer, mais il pourrait bien devenir l’un des dossiers majeurs de l’été.

L'information a de quoi inquiéter les tifosi rossoneri : Manchester City aurait fait de Tijjani Reijnders l’une de ses priorités pour cet été, selon The Telegraph. Et il faut dire que le Néerlandais coche toutes les cases. Infatigable, technique, complet, il est tout simplement l’homme fort du Milan version 2024-25.

Avec 51 apparitions toutes compétitions confondues, il est le joueur le plus utilisé de l’effectif. Mieux encore, avec 15 buts, seul Christian Pulisic a fait mieux (17). Bref, Reijnders est le moteur du milieu, et le vendre serait un aveu d’échec dans un projet censé être bâti autour de lui.

Ce n’est pas Frank Rijkaard qui dira le contraire. L’ancienne légende néerlandaise du club s’était montrée dithyrambique dans La Gazzetta dello Sport: "Il peut couvrir tous les rôles du milieu, il est généreux, infatigable, toujours juste dans ses transmissions. Avec les qualités qu’il a, il est en train de devenir un joueur fondamental pour Milan."

Alors, rassurant de savoir que Reijnders a prolongé jusqu’en 2030 ? Pas vraiment. On se souvient tous de Sandro Tonali, vendu l’an passé à Newcastle pour 70 M€ malgré son statut de chouchou du public. Si une offre à peine plus élevée tombe cet été, le risque est grand de voir Milan refaire la même opération.

L’avenir de Theo Hernandez à Milan reste plus incertain que jamais. Le latéral gauche français, souvent cité parmi les meilleurs à son poste dans le monde, continue d’intriguer autant qu’il frustre. Cette saison, son niveau de jeu a connu des hauts très hauts... et des bas très inquiétants.

Les tensions répétées avec Paulo Fonseca durant le passage raté du Portugais n'ont évidemment pas aidé. Mais même après son départ, Theo a plombé son équipe en se faisant expulser stupidement pour simulation contre le Feyenoord, lors du barrage retour de Ligue des Champions. Résultat : Milan éliminé, et un vrai tournant dans la saison rossonera.

Depuis cet épisode, la direction du club s’est montrée plus prudente à son sujet. Et pourtant, le club tente aujourd’hui de prolonger son contrat. Mais là encore, les discussions traînent, Milan refusant de lui accorder une revalorisation salariale, ce que le joueur et son entourage vivent très mal.

Dans ce contexte, rien d’étonnant à voir le nom de Theo associé à un retour au Real Madrid. Le futur entraîneur merengue Xabi Alonso chercherait un latéral offensif gauche pour sa défense à trois, et Theo coche toutes les cases. Avec un contrat qui expire en 2026, un gros chèque cet été pourrait convaincre Milan de tourner la page.

Mais au fond, à quel niveau se situe vraiment Rafael Leao ? La question continue de diviser. Son talent, lui, ne fait aucun doute. Depuis ses débuts au Sporting CP, on le comparait déjà à Cristiano Ronaldo – certains allaient même jusqu’à dire qu’il était plus prometteur que CR7 au même âge.

À Milan, l’année du Scudetto 2022 reste son chef-d’œuvre. Ce printemps-là, il marchait sur l’eau et semblait promis à une carrière de superstar. Mais depuis ? Leao alterne les fulgurances et les frustrations, capable de porter son équipe à lui seul, mais aussi de passer complètement à côté de certains matchs.

La saison en cours résume parfaitement le paradoxe. 12 buts, 11 passes décisives, un bilan statistique flatteur. Et pourtant, il a parfois démarré sur le banc, tant son impact réel dans le jeu reste inégal. Pour un joueur annoncé comme « world class », l’impression de stagnation persiste.

A priori, Leao ne bougera pas cet été. Son contrat court jusqu’en 2028, avec une clause libératoire fixée à 175 millions d’euros. Mais le sentiment commence à monter à Milan : si un gros d’Europe (comme Barça, Chelsea ou Arsenal) faisait une offre sérieuse, la tentation serait grande de vendre. Car avec une telle somme, le club pourrait refonder un effectif devenu trop déséquilibré, et construire sur du solide plutôt que sur des promesses.