Wirtz Liverpool winners & losers GFXGetty/GOAL

125 M€, une révolution : qui gagne, qui perd dans l’opération Wirtz ?

« C’est probablement le meilleur joueur d’Europe actuellement »,a lancé l’ancien milieu de Liverpool Dietmar Hamann dans le podcast Aldo Meets, après que le transfert à 116 millions de livres sterling (soit 159 millions de dollars) de Florian Wirtz vers Anfield a été largement relayé. « Il jouait dans une équipe qui était 16e ou 17e quand [Xabi] Alonso a pris les commandes, ils finissent par remporter le titre la saison suivante, puis terminent deuxièmes cette année. Le plus grand artisan de cette transformation, c’est Florian Wirtz. Il est exceptionnel. »

Interrogé sur la capacité du joueur à s’imposer rapidement en Premier League, Hamann a poursuivi : « Ce qui me fait penser qu’il va réussir, c’est qu’il sait se défendre tout seul. C’est un gamin de la rue. Il ne fuira pas le combat. » Autrement dit, Wirtz est un détonateur… avec du caractère. Liverpool a cassé sa tirelire pour devancer le Bayern Munich, le Real Madrid et Manchester City sur ce dossier, mais ce pari pourrait rapporter gros.

Il y a trois ans et demi, Wirtz a subi une rupture du ligament croisé antérieur lors d’un match de Bundesliga face à Cologne. Dix mois de rééducation ont suivi, dans la douleur. Certains craignaient que sa carrière ne s’éteigne avant même d’avoir réellement commencé. Mais sous la houlette de Xabi Alonso, le meneur de jeu a défié tous les pronostics et a porté Leverkusen vers la période la plus faste de son histoire.

La qualité technique et la force mentale que Wirtz a démontrées à un âge aussi précoce sont tout simplement remarquables. L’enthousiasme de Hamann reflète celui de tous les décideurs de Liverpool, mais aussi de nombreux fans neutres de Premier League. Ce transfert a tout d’une valeur sûre.

Et avec un tel talent et un tel prix, cette opération devrait avoir des répercussions bien au-delà d’Anfield. Voici donc les huit grands gagnants et perdants du plus gros transfert de l’été…

  • Arne SlotGetty Images

    GAGNANT : Arne Slot

    Nommé pour succéder à l’iconique Jürgen Klopp, Arne Slot a d’abord suscité autant d’interrogations que d’enthousiasme sur les bords de la Mersey. Certes, il avait remporté l’Eredivisie avec Feyenoord en 2022-2023, mais son équipe avait terminé à sept points du PSV la saison suivante. Et surtout, il n’avait jamais entraîné en dehors des Pays-Bas. Pour beaucoup, il risquait de suivre les traces d’Erik ten Hag : un autre technicien néerlandais qui s’est brûlé les ailes en Premier League.

    Certains doutaient aussi de son charisme, estimant qu’il n’aurait jamais l’aura de Klopp à Liverpool. Mais il n’aura fallu que quelques mois à Slot pour faire taire ses détracteurs. Les Reds ont dominé la phase aller de Premier League et de Ligue des champions, et s’ils ont fini par tomber face au futur champion, le PSG, ils ont remporté le championnat d’Angleterre avec quatre journées d’avance, tout en affichant la meilleure attaque du pays.

    Surtout, Slot n’a pas seulement préservé l’héritage de Klopp : il l’a transcendé. Et ce, sans révolutionner l’effectif, puisque son seul recrutement estival s’était limité à Federico Chiesa pour 10 millions de livres. Aujourd’hui, Slot est reconnu comme l’un des meilleurs entraîneurs du monde, et cette réputation a largement pesé dans le choix de Florian Wirtz.

    Le message est clair : Slot est là pour bâtir une dynastie. Et avec Wirtz comme première pierre d’un nouveau cycle, Liverpool s’apprête à redevenir une puissance dominante sur la scène nationale et européenne.

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  • FC Bayern München v VfL Bochum 1848 - BundesligaGetty Images Sport

    PERDANTS : Harry Kane & Bayern Munich

    Le Bayern Munich a longtemps dicté sa loi en Bundesliga. Saison après saison, le club bavarois rafle les titres nationaux et, lorsqu’un rival commence à menacer son hégémonie, il n’hésite pas à aller piocher dans ses rangs. Jonathan Tah, défenseur de Leverkusen, est d’ailleurs le dernier à avoir cédé aux sirènes munichoises, suivant la trace de figures comme Ballack, Neuer ou Lewandowski.

    Mais cette fois, le Bayern a mordu la poussière. Malgré une offre salariale supérieure, Florian Wirtz a préféré Liverpool. Un camouflet cinglant pour les dirigeants allemands, et un revers particulièrement humiliant pour Vincent Kompany, leur entraîneur fraîchement nommé.

    Le projet sportif proposé par Anfield a su séduire l’international allemand, au point de faire vaciller la réputation de toute-puissance du Bayern sur le marché local. Imaginer Wirtz combinant avec Harry Kane faisait saliver les supporters munichois, mais cette association restera à l’état de fantasme.

    Ce transfert manqué révèle un malaise plus profond. Le parcours décevant en Ligue des champions 2024-2025 a mis en lumière les limites actuelles du Bayern. Malgré les performances individuelles de Kane, le collectif reste en chantier. Et l’image du club en pâtit : l’attraction qu’il exerçait sur les jeunes talents allemands semble s’effriter.

    Wirtz n’est sans doute que le premier d’une série à faire le choix de l’étranger. Un symbole que le Bayern ne peut plus se permettre d’ignorer.

  • Brighton & Hove Albion FC v Liverpool FC - Premier LeagueGetty Images Sport

    GAGNANT : Mohamed Salah

    Mohamed Salah a été le meilleur joueur de Premier League la saison dernière. Avec 47 contributions décisives en 38 matchs, l’Égyptien a signé son meilleur exercice sous le maillot des Reds. Surtout lors de la première moitié de saison, il semblait tout simplement inarrêtable.

    Mais cela ne suffira probablement pas à lui offrir le Ballon d’Or. La lumière médiatique éclaire davantage le héros du PSG Ousmane Dembélé ou le prodige barcelonais Lamine Yamal, portés par leurs épopées européennes. La sortie prématurée de Liverpool en huitièmes de finale pèsera lourd dans les votes. Et malgré ses statistiques XXL, Salah semble encore une fois condamné à regarder le trophée lui échapper.

    Pourtant, à 33 ans tout juste, son rêve n’a pas encore totalement volé en éclats. Le Ballon d’Or 2025 semble compromis, mais la signature de Florian Wirtz peut tout changer pour 2026.

    Car Salah n’aura plus à porter à lui seul la charge créative de l’équipe. Si son nombre de passes décisives baisse, son volume de buts pourrait exploser grâce au génie technique de l’ancien de Leverkusen, capable de le servir dans les meilleures conditions. Moins de responsabilités, moins d’usure physique, plus d’efficacité : le cocktail idéal pour briller jusqu’au bout de la saison.

    Et si cette nouvelle alchimie offensive lui permettait enfin de décrocher ce Ballon d’Or qui lui échappe depuis tant d’années ?

  • Everton FC v Liverpool FC - Premier LeagueGetty Images Sport

    PERDANT : Cody Gakpo

    Les deux premières saisons de Cody Gakpo à Liverpool avaient laissé un goût d’inachevé. Mais l’arrivée d’Arne Slot a tout changé. Sous les ordres de son compatriote, l’ancien joueur du PSV a enfin trouvé sa place. Exit les essais en pointe sous Klopp, qui le laissaient souvent sur le banc : Slot en a fait son ailier gauche titulaire, et les résultats ont suivi.

    À 26 ans, Gakpo a cumulé 25 buts et passes décisives toutes compétitions confondues sur l’exercice 2024-2025. Il est devenu un détonateur offensif avec ses passes tranchantes et ses appels dans la surface. Mais l’arrivée de Florian Wirtz pourrait tout remettre en question, et relancer l’incertitude autour de son avenir à Anfield.

    Le nouveau prodige allemand a souvent brillé dans un rôle d’ailier gauche inversé à Leverkusen. Il pourrait parfaitement combiner avec un latéral offensif comme Milo Kerkez, très courtisé par Liverpool après sa belle saison à Bournemouth. Dans ce schéma, Gakpo risque de redevenir une solution secondaire, relégué sur le banc ou déplacé dans une zone moins naturelle.

    D’ailleurs, des rumeurs insistantes l’envoient déjà vers le Bayern Munich. Le timing de ces bruits de couloir n’est sûrement pas anodin. Le Néerlandais s’interroge : y a-t-il encore de la place pour lui dans le Liverpool version Wirtz ?

  • Liverpool FC v Crystal Palace FC - Premier LeagueGetty Images Sport

    GAGNANT : FSG

    Depuis leur arrivée à Anfield en 2010, les relations entre les supporters de Liverpool et le Fenway Sports Group n’ont jamais été simples. Le conglomérat américain, dirigé par John W. Henry, est souvent accusé de manquer d’ambition et de ne pas assez investir dans l’effectif. L’image de propriétaires frileux, plus préoccupés par la rentabilité que par les trophées, leur colle à la peau.

    Mais l’arrivée de Florian Wirtz pourrait bien rebattre les cartes. Dépenser 116 millions de livres sterling pour recruter le meneur de jeu allemand envoie un message clair : FSG veut ramener Liverpool sur le toit du monde.

    Ce transfert record est aussi une marque de confiance forte envers Arne Slot. En offrant à leur nouveau manager les moyens de ses ambitions, FSG montre qu’il bénéficie d’un soutien total – peut-être même supérieur à celui accordé à Jürgen Klopp à son époque. Et contrairement à 2020, où le titre de Premier League n’avait pas été solidement capitalisé, le club semble désormais mieux armé pour pérenniser son succès.

    Avec les signatures de Wirtz et Jeremie Frimpong, Liverpool a posé les premières pierres d’un mercato ambitieux. D'autres renforts devraient suivre dans les prochaines semaines. Le ton est donné : les propriétaires sont prêts à sortir le chéquier pour bâtir une équipe capable de dominer à nouveau l’Angleterre et l’Europe.

  • Pep Guardiola Manchester City 2025Getty

    PERDANT : Pep Guardiola

    Manchester City n’est pas resté inactif cet été. Le club a déjà mis la main sur Rayan Aït-Nouri, Rayan Cherki et Tijjani Reijnders, trois recrues de qualité. Mais en coulisses, tout le monde sait que Florian Wirtz était la priorité absolue de Pep Guardiola. Après avoir tiré un trait sur Kevin De Bruyne, City cherchait un successeur capable de prendre immédiatement le relais. Et le prodige allemand cochait toutes les cases.

    Un temps en pole position sur le dossier, City a finalement laissé filer sa cible. Selon la BBC, les exigences financières de Leverkusen ont refroidi les dirigeants. Un package total estimé à 256 millions de livres (en comptant transfert et salaire) a été jugé excessif, poussant le club à faire marche arrière, comme cela avait été le cas pour Frenkie de Jong ou Harry Maguire par le passé.

    Mais cette fois, cette stratégie prudente pourrait coûter cher à Guardiola. Car Cherki, aussi prometteur soit-il, n’a pas le même profil que De Bruyne, et encore moins la garantie de rendement immédiat que représentait Wirtz. Ce dernier aurait pu incarner une version modernisée du maestro belge. À la place, il va désormais orchestrer le jeu d’un Liverpool déjà supérieur à City la saison passée, un scénario qui risque de hanter les nuits du technicien catalan, peu importe les prochaines arrivées à l’Etihad.

  • Liverpool's Colombian midfielder #07 Luis Diaz eyes the ballGetty Images

    GAGNANT : Barcelone

    D’après la Cadena SER, le FC Barcelone a placé Luis Diaz tout en haut de sa liste pour renforcer l’aile gauche. Le champion d’Espagne en titre le jugerait même plus prometteur que Nico Williams, et Liverpool serait prêt à négocier un départ aux alentours de 80 millions d'euros.

    Comment le Barça parviendrait à sortir une telle somme malgré sa crise financière persistante reste un mystère. Mais le transfert de Wirtz à Liverpool ouvre au moins une porte. Diaz a souvent été utilisé comme faux neuf la saison dernière, avec un rendement mitigé. Or, Wirtz a aussi occupé ce rôle axial à Leverkusen à plusieurs reprises, ce qui pourrait changer la donne à Anfield.

    Avec le probable départ de Darwin Nunez, Liverpool pourrait choisir de ne pas recruter un autre buteur. Dans ce cas, Arne Slot pourrait confier à Wirtz le rôle de meneur offensif, recentré dans l’axe. Si Cody Gakpo est confirmé sur l’aile gauche, alors Luis Diaz devient soudainement sacrifiable. Barcelone devra probablement vendre un ou deux cadres pour boucler l’opération, mais le terrain est désormais favorable à un deal, si les Catalans sont prêts à se donner les moyens.

  • Harvey Elliott Liverpool 2024-25Getty

    PERDANT : Harvey Elliott

    « Je n’ai pas envie de perdre des années de ma carrière. Je veux juste progresser et devenir la meilleure version de moi-même. Si cela signifie partir ailleurs, alors je devrai prendre cette décision », a confié Harvey Elliott en rejoignant l’équipe d’Angleterre U21 pour l’Euro Espoirs cet été.

    Difficile de ne pas comprendre ce sentiment. À 22 ans, beaucoup l’imaginaient déjà dans le groupe senior des Three Lions, mais Elliott attend toujours sa première sélection, freiné par un temps de jeu insuffisant à Liverpool depuis l’arrivée de Slot.

    La saison dernière, il a certes disputé 28 matchs, mais n’a été titulaire que six fois. Et avec Florian Wirtz qui s’apprête à s’installer au cœur du jeu des Reds, la situation ne devrait pas s’améliorer. Les deux évoluent au même poste, celui de numéro 10. Et si Elliott n’est pas parvenu à dépasser Dominik Szoboszlai, il est illusoire d’imaginer qu’il puisse rivaliser avec le nouveau recordman du mercato du club.

    Le talent d’Elliott ne fait aucun doute. Mais pour franchir un cap, il devra sans doute quitter Anfield. Un transfert est dans l’intérêt de toutes les parties, et pourrait lui offrir enfin le tremplin qu’il mérite.