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Coup de génie ou fiasco ? Tous les transferts à plus de 100 M€ passés au crible après l’arrivée de Wirtz à Liverpool

Florian Wirtz va entrer dans un cercle très fermé en rejoignant Liverpool pour un montant record de 136 M€, en provenance du Bayer Leverkusen. Seuls 17 joueurs avant lui ont été transférés pour 100 M€ ou plus. Un tel investissement ne peut qu’amplifier les attentes.

Bayern Munich, le Real Madrid et Manchester City étaient également sur les rangs, mais Arne Slot a su convaincre l’international allemand que Liverpool était le cadre idéal pour poursuivre sa progression. À 22 ans, Wirtz fait preuve d’audace en quittant son pays pour affronter les exigences de la Premier League, alors même que le Bayern lui proposait un salaire supérieur.

Mais il n’aura aucun temps d’adaptation. Dès son arrivée sur les bords de la Mersey, l’étiquette à neuf chiffres pèsera lourd sur ses épaules. Et pour réussir, le milieu offensif devra faire preuve d’autant de force mentale que de talent technique.

Cette arrivée pose aussi une autre question : l’histoire est-elle favorable à Wirtz ? Ci-dessous, GOAL passe en revue tous les transferts à plus de 100 M€, et juge chacun d’eux comme un coup de maître, un échec… ou quelque chose entre les deux.

  • Gareth Bale Real Madrid 2018Getty Images

    Gareth Bale (Tottenham à Real Madrid - 101 M€)

    Il n’a jamais fait l’unanimité à Madrid, et pourtant, rares sont les joueurs étrangers qui peuvent se targuer d’avoir autant marqué l’histoire du Real. Gareth Bale, recruté pour 101 M€ en provenance de Tottenham, a vécu huit saisons mêlant gloire, critiques et incompréhensions. Cinq Ligues des champions, dont une finale 2018 qu’il a pliée d’un retourné acrobatique monumental contre Liverpool. Trois Liga. Une Copa del Rey remportée sur un exploit personnel resté gravé dans les mémoires : cette course supersonique en bord de touche, conclue par un but face au Barça en 2014.

    Mais malgré ce palmarès hors normes, le Gallois n’a jamais vraiment été adopté par le public madrilène. Loin du style flamboyant de certains de ses coéquipiers, Bale a parfois donné l’impression de rester en retrait. Il n’a jamais caché son amour pour le golf, a peu fait d’efforts pour s’intégrer linguistiquement, et son départ progressif, marqué par les blessures et une implication décroissante, a fini d’installer une distance durable avec les socios.

    Pourtant, quand on aligne les faits, difficile de nier l’évidence : Bale a répondu présent dans les grands rendez-vous. Il a marqué l’histoire du club, parfois même plus que certains joueurs adulés du public. À défaut d’avoir été aimé, il aura été redoutablement efficace.

    Verdict : RÉUSSITE

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  • Paul Pogba Man Utd Getty Images

    Paul Pogba (Juventus à Manchester United - 105 M€)

    On dit souvent qu’il ne faut jamais revenir en arrière. Dans le cas de Paul Pogba et de Manchester United, ce proverbe a pris des allures de malédiction. Formé à Old Trafford avant de s’envoler vers la Juventus, le Français était revenu en héros en 2016 pour 105 M€, devenu entre-temps l’un des meilleurs milieux de terrain du monde. Mais le conte de fées espéré s’est très vite transformé en chronique désenchantée.

    Sa première saison fut timide, sans éclats majeurs. Puis vint la période 2017-2019, durant laquelle Pogba laissa entrevoir toute l’étendue de son talent. Décisif, spectaculaire, influent par séquences, il incarna pendant un temps ce meneur de jeu que le club rêvait de voir émerger. Mais ce fut un feu de paille. Dès la saison suivante, les blessures s’enchaînèrent, et Pogba disparut progressivement des radars. Seize apparitions en Premier League seulement sur l’exercice 2019-2020, et une incapacité à retrouver son niveau d’antan.

    Pire encore : la fin de son aventure à Manchester fut entachée de tensions. Critiqué pour son manque de professionnalisme, pointé du doigt pour son attitude, il finit par incarner malgré lui le symbole des errements d’un club en quête de repères. Ni lui, ni United ne sont sortis grandis de cette seconde union.

    Ce retour, annoncé comme triomphal, s’est achevé dans l’amertume. Un rendez-vous manqué avec l’histoire.

    Verdict : ÉCHEC

  • Neymar PSG Getty Images

    Neymar (Barcelone au Paris Saint-Germain - 222 M€)

    En 2017, Neymar secoue le monde du football en quittant Barcelone pour Paris. Le montant (222 M€) sidère la planète et redéfinit à lui seul le marché des transferts. Le PSG pense changer de dimension. Neymar, lui, rêve de s’affranchir de Messi pour devenir Ballon d’Or. Mais ce transfert hors-norme, le plus cher de l’histoire, n’a jamais tenu toutes ses promesses.

    Certes, les statistiques sont là : 118 buts en 173 matchs, une influence technique évidente dès ses débuts et une régularité offensive impressionnante, du moins lorsqu’il était en état de jouer. En Ligue 1, il brillait souvent… avant de disparaître trop longtemps. Jamais plus de 22 apparitions en championnat par saison, entre blessures à répétition et gestion controversée de sa condition physique. Trop peu pour un joueur censé incarner l’élite mondiale.

    Et le constat est cruel : en six saisons, Neymar n’aura jamais porté Paris vers cette Ligue des champions tant convoitée. Ni atteint ce Ballon d’Or qui l’obsède depuis ses débuts. Son départ pour Al-Hilal en 2023, presque dans l’anonymat, a clos une aventure entamée avec fracas mais terminée dans l’indifférence.

    Au fond, le mariage entre Paris et Neymar fut davantage une opération marketing qu’un réel bond sportif. À ce prix, l’exigence devait être immense. Elle ne fut jamais satisfaite.

    Verdict : ÉCHEC

  • Ousmane Dembele Barcelona Getty Images

    Ousmane Dembélé (Borussia Dortmund à Barcelone - 135 M€)

    Remplacer Neymar en urgence n'était pas une tâche aisée, mais Barcelone s’est clairement trompé de pari avec Ousmane Dembélé. Recruté pour 135 M€ à seulement 20 ans, le Français incarnait l’avenir. Mais derrière la promesse d’un prodige, le Camp Nou a surtout découvert un joueur imprévisible, irrégulier et souvent hors de contrôle.

    Si le talent de Dembélé n’a jamais été remis en cause, son comportement, lui, a soulevé de nombreuses interrogations. Rumeurs d’addiction aux jeux vidéo, hygiène de vie douteuse, diète à base de fast-food… plusieurs sources internes au club ont tiré la sonnette d’alarme. Et sur le terrain, les éclairs de génie étaient trop rares pour masquer les absences, les blessures à répétition et les errements tactiques.

    Le pire, c’est que sa gestion contractuelle est venue ternir encore davantage son image : négociations prolongées à l’extrême, exigences salariales à contre-courant des performances… Dembélé a fini par prolonger d’un an, avant de filer discrètement au PSG, où il brille enfin comme attendu.

    Aujourd’hui, le Français est un prétendant au Ballon d’Or sous le maillot parisien. Mais à Barcelone, il restera comme l’un des plus grands malentendus de l’ère post-Neymar. Une immense déception, au goût amer.

    Verdict : ÉCHEC

  • Kylian Mbappe PSG Getty Images

    Kylian Mbappé (Monaco à Paris Saint-Germain - 180 M€)

    Si l’on met de côté le cirque médiatique permanent, le transfert de Kylian Mbappé au PSG peut difficilement être qualifié autrement que de réussite éclatante. Saison après saison, l’attaquant a empilé les buts à une cadence surnaturelle, répondant présent dans les grands rendez-vous européens – même si la Ligue des champions s’est longtemps refusée à lui.

    En dehors du terrain, l’histoire est plus chaotique. Mbappé n’a jamais hésité à critiquer publiquement le club, imposant son tempo à chaque mercato. Ses jeux d’ombres avec le Real Madrid ont épuisé plus d’un entraîneur, et fait tanguer le vestiaire à de multiples reprises.

    Mais voilà : quand on possède un tel niveau, on vous pardonne presque tout. Paris a souvent plié sous son influence, jusqu’à lui offrir des privilèges rares dans le foot moderne. Et même après son départ pour le Real Madrid, le président du PSG lui a adressé un message de gratitude, alors que le club venait – ironie suprême – de décrocher sa première Ligue des champions sans lui.

    Dans l’histoire du football français, peu de joueurs auront autant marqué leur époque sous un même maillot. Mbappé a été à la fois un volcan et un miracle permanent. Pour Paris, c’était un pari à 180 M€. Au final ? Un investissement largement rentabilisé.

    Verdict : RÉUSSITE

  • Philippe Coutinho Barcelona Getty Images

    Philippe Coutinho (Liverpool à Barcelone - 135 M€)

    À Liverpool, Philippe Coutinho était un magicien. Un joueur capable de changer le cours d’un match sur une frappe, une inspiration, une fulgurance. Son transfert à Barcelone en janvier 2018 – pour 135 M€ – avait tout du rêve : celui du Brésilien, mais aussi celui d’un Barça persuadé d’avoir trouvé son nouveau maestro.

    La désillusion a été brutale. Coutinho n’a jamais approché le niveau qu’il affichait en Premier League. Rapidement critiqué par les supporters, il a été prêté après une seule saison à peine. Le destin a eu la cruauté de lui faire briller son plus beau match… contre le Barça. Sous les couleurs du Bayern Munich, il a inscrit un doublé lors du légendaire 8-2 infligé aux Catalans en quart de finale de Ligue des champions.

    De retour en Catalogne, il n’a jamais rallumé l’étincelle. Son passage s’est éteint dans l’anonymat avant un prêt à Aston Villa, officialisé en transfert définitif en mai 2022. Même en Premier League, il n’a jamais retrouvé son éclat d’antan. Des prêts successifs au Qatar et au Brésil ont confirmé un lent déclin. Aujourd’hui, à 33 ans, Coutinho glisse doucement vers la sortie, loin des projecteurs.

    Un immense talent. Une trajectoire en chute libre. Et l’un des transferts les plus décevants de l’histoire récente du Barça.

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  • Cristiano Ronaldo Juventus Getty Images

    Cristiano Ronaldo (Real Madrid à Juventus - 117 M€)

    En 2018, Cristiano Ronaldo quittait le Real Madrid après avoir tout gagné, pour relever un nouveau défi à la Juventus. Montant du transfert : 117 M€, un record pour un joueur de 33 ans. Le message était clair : ramener la Ligue des champions à Turin, un Graal que le club attendait depuis 1996.

    Sur ce plan-là, l’objectif n’a pas été atteint. Ronaldo n’a jamais réussi à porter la Juve au sommet européen, malgré des campagnes où il a souvent répondu présent individuellement. Mais peut-on vraiment parler d’échec ? En Serie A, il a tenu son rang. Deux titres de champion en 2019 et 2020, une Coppa Italia en 2021, et surtout, des statistiques impressionnantes : quasiment un but par match sur deux saisons pleines.

    En trois ans, CR7 a inscrit 101 buts en 134 matches. Au-delà des chiffres, son impact marketing a été colossal. Ventes de maillots, abonnements, exposition mondiale : la Juventus est entrée dans une nouvelle dimension commerciale grâce à lui. Et malgré une fin de parcours un peu amère, son départ à Manchester United à l’été 2021 n’a pas entaché l’empreinte qu’il a laissée.

    L’obsession de la C1 a peut-être brouillé le jugement sur son passage à Turin. Mais dans l’ensemble, la Juve ne s’est pas trompée : elle a acheté une légende, et celle-ci a livré.

    Verdict : RÉUSSITE

  • Eden Hazard Real Madrid 2022-23Getty Images

    Eden Hazard (Chelsea à Real Madrid - 115 M€)

    Tout a commencé par une plaisanterie mal placée. Arrivé au Real Madrid avec cinq kilos en trop lors de sa première pré-saison, Eden Hazard déclarait alors : « Quand je suis en vacances, je suis en vacances ». Une déclaration désinvolte, qui allait tristement résumer son passage dans la capitale espagnole. Recruté pour 115 M€ à Chelsea en 2019, l’un des joueurs les plus talentueux de sa génération n’a jamais répondu aux attentes.

    Les chiffres sont implacables. En quatre saisons, le Belge n’a disputé que 76 matches toutes compétitions confondues, pour 7 petits buts et 12 passes décisives. Entre les blessures à répétition et une forme physique constamment remise en question, Hazard n’a jamais pu s’imposer comme un titulaire à Madrid. Le joueur virevoltant de Chelsea semblait s’être éteint dès sa présentation au Bernabéu.

    La dernière saison, en 2022-2023, a scellé le naufrage : seulement 10 apparitions sur toute l’année, des tensions palpables avec le staff, et un statut de poids mort assumé. Malgré les tentatives de Carlo Ancelotti pour sauver les apparences, le club n’attendait qu’une chose : s’en débarrasser. Finalement, Hazard a accepté de résilier son contrat, sans même chercher à rebondir ailleurs. À 32 ans, il prenait sa retraite, sans panache, ni adieux.

    Un gâchis monumental pour l’un des talents les plus brillants du football moderne. Et une des plus grosses erreurs de casting de l’histoire du Real Madrid.

    Verdict : ÉCHEC

  • Antoine Griezmann Barcelona Getty Images

    Antoine Griezmann (Atletico Madrid vers Barcelone - 120 M€)

    On se souvient encore du mini-documentaire "La Décision", dans lequel Antoine Griezmann annonçait en grande pompe qu’il restait à l’Atlético Madrid, avant de finalement quitter le club un an plus tard pour rejoindre le FC Barcelone. Un départ hautement médiatisé qui laissait présager un changement de dimension pour l’international français. Mais l’histoire, elle, n’a jamais vraiment décollé en Catalogne.

    Pour 120 millions d’euros, le Barça attendait un crack. Ce qu’il a eu, c’est un joueur souvent mal utilisé, mal intégré et rarement décisif. Neuf petits buts en Liga lors de sa première saison, une seconde légèrement plus productive mais loin des standards attendus pour un tel investissement. La magie de Griezmann semblait s’être dissipée dès qu’il avait enfilé la tunique blaugrana.

    Dans un club déjà en proie à une crise financière sans précédent, son rendement a rapidement été jugé insuffisant. Le Français a été l’un des premiers noms sacrifiés lorsque les comptes ont commencé à saigner. Ironie du sort, c’est l’Atlético Madrid qui l’a accueilli de nouveau, d’abord en prêt, puis via un retour définitif où il a pu retrouver ses marques.

    Griezmann n’a pas été un fiasco complet au Barça. Mais pour un joueur aussi médiatisé et pour un prix aussi élevé, l’aventure reste incontestablement en-deçà des attentes. Un détour qui n’aura servi ni son image, ni ses ambitions.

    Verdict : ÉCHEC

  • Joao Felix Atletico Madrid Getty Images

    Joao Felix (Benfica à Atletico Madrid - 127 M€)

    Quand certains hommes traversent une crise de la quarantaine, ils s’achètent une moto ou se laissent pousser les cheveux. Diego Simeone, lui, a choisi de miser plus de 100 millions d’euros sur un joueur totalement inadapté à son football. En 2019, l’Atlético Madrid cassait sa tirelire pour João Félix, un adolescent aux allures de prodige, mais au profil aux antipodes du style rigide et défensif cher à "El Cholo".

    Car Félix est un artiste. Un créatif au toucher subtil, qui a besoin de liberté pour s’exprimer. Et l’Atlético de Simeone, c’est tout le contraire : rigueur, sacrifice, travail sans ballon. Dès le départ, le mariage semblait bancal. Pourtant, les deux camps se sont convaincus qu’ils pouvaient faire fonctionner l’union. Et par moments, notamment lors de la saison 2021-22, on a entrevu des éclairs de complicité. Mais ça n’a jamais vraiment pris.

    Le divorce est devenu inévitable après un clash avec Simeone. Envoyé en prêt à Chelsea pour finir la saison 2022-2023, Félix a ensuite enchaîné un prêt à Barcelone, puis un retour aux Blues, cette fois en transfert définitif. Là encore, le déclic n’a jamais eu lieu. Et après une nouvelle pige peu convaincante à l’AC Milan, son avenir semble plus flou que jamais.

    João Félix est encore jeune, mais son passage à Madrid restera comme l’exemple même d’un transfert précipité, mal pensé et ruineux. Une erreur de casting coûteuse pour l’Atlético, et une stagnation regrettable pour un talent qui méritait mieux.

    Verdict : ÉCHEC

  • Romelu Lukaku Chelsea 2021Getty Images

    Romelu Lukaku (Inter à Chelsea - 113 M€)

    Encore une histoire qui aurait dû convaincre tous les joueurs de ne jamais revenir là où tout avait déjà échoué. Après un passage compliqué à Manchester United, Romelu Lukaku avait enfin retrouvé le sourire à l’Inter. Son duo dévastateur avec Lautaro Martinez avait porté les Nerazzurri vers un titre de Serie A en 2021. L’attaquant belge semblait épanoui, libéré.

    Mais Chelsea est revenu à la charge, prêt à débourser 113 millions d’euros pour le rapatrier. Et Lukaku, malgré un certain attachement à l’Italie, a accepté de tenter à nouveau sa chance à Londres. Le départ fut prometteur : trois buts lors de ses trois premiers matchs de Premier League. Mais très vite, la machine s’est enrayée. Les blessures s’en sont mêlées, les prestations sont devenues irrégulières… jusqu’à ce que le pire survienne.

    En décembre, alors qu’il est toujours en convalescence, une interview accordée à Sky Italia refait surface. Le Belge y critique ouvertement Thomas Tuchel, son entraîneur, et déclare son amour pour l’Inter, rêvant d’y retourner un jour. Une sortie médiatique dévastatrice, mal calibrée, et qui a précipité sa chute.

    Après cela, il ne marquera plus que cinq petits buts en championnat avec les Blues. Prêté à l’Inter pour la saison suivante, il parvient à se remettre en jambes… avant de s’aliéner une partie des tifosi en discutant avec la Juventus. Finalement, c’est à la Roma qu’il rebondit, avant de signer à Naples, où il vient de remporter son deuxième Scudetto.

    Lukaku est peut-être l’un des attaquants les plus puissants et déroutants de sa génération. Mais aussi l’un des plus insaisissables. Chelsea, en tout cas, s’en mord encore les doigts.

    Verdict : ÉCHEC

  • Jack Grealish Man CityGetty

    Jack Grealish (Aston Villa à Manchester City - 117,5 M€)

    L’annonce du transfert de Jack Grealish à Manchester City, pour un montant record de 117,5 millions d’euros, avait semé le doute dès le départ. Nombreux étaient ceux qui se demandaient si le génie d’Aston Villa, habitué à jouer en électron libre, pouvait s’adapter à l’exigence millimétrée du système Guardiola. Sa première saison n’a fait que renforcer les interrogations : trois buts, trois passes décisives, et une influence très limitée.

    La suite semblait pourtant plus prometteuse. Grealish participe activement au triplé historique de City en 2022-2023, et se retrouve au cœur des célébrations. Mais malgré ce sacre, quelque chose cloche. Le Grealish d’antan, celui qui électrisait Villa Park par ses accélérations et sa créativité instinctive, s’est fondu dans un moule trop rigide. À City, il a cessé de tenter, d’oser. Il est devenu un joueur de système, mais sans jamais briller.

    Deux saisons plus tard, le constat est amer. L’Anglais est relégué au second plan derrière Jeremy Doku et Savinho. Il n’a débuté que 17 matchs de Premier League depuis, et n’a même pas été retenu dans le groupe élargi de 27 joueurs convoqué par Guardiola pour la Coupe du monde des clubs 2025. Une exclusion symbolique. Un échec confirmé.

    Aujourd’hui, à 29 ans, Jack Grealish se retrouve face à un mur. Pour espérer rejouer avec l’Angleterre, il devra sans doute quitter l’Etihad. Et l’on se demande si ses plus belles années n’ont pas été gaspillées dans un environnement qui ne lui convenait pas. Le joueur frisson est devenu l’un des plus grands regrets du mercato anglais.

    Verdict : ÉCHEC

  • enzo fernandezGetty Images

    Enzo Fernandez (Benfica à Chelsea - 125 M€)

    S’il y a bien une chose que Benfica maîtrise, c’est l’art de vendre cher. Après avoir expédié João Felix pour une fortune, le club lisboète a récidivé en cédant Enzo Fernandez à Chelsea pour 125 millions d’euros. Les Blues, en quête d’un renfort d’envergure au milieu, n’avaient pas hésité une seconde. Mais ce pari XXL a longtemps ressemblé à un mauvais calcul.

    Pendant ses 18 premiers mois à Stamford Bridge, l’Argentin peine à convaincre. L’adaptation au rythme physique de la Premier League s’avère rude, et les interrogations sur son rendement se multiplient. En début de saison 2024-2025, l’arrivée d’Enzo Maresca sur le banc ne change pas la donne immédiatement : Fernandez perd même sa place dans le onze en novembre. Un coup dur… mais salutaire.

    C’est ce déclic qui va réveiller l’ancien héros du Mondial 2022. Propulsé dans un rôle plus offensif par Maresca, Fernandez retrouve sa créativité et son influence. Il termine la saison en boulet de canon avec 22 contributions décisives toutes compétitions confondues, s’imposant comme l’un des maillons clés du Chelsea version printemps. Un retour en grâce aussi soudain que spectaculaire.

    Pour autant, peut-on dire que son transfert est un succès ? Pas encore. Fernandez a peut-être sauvé sa peau à Londres, mais il devra désormais confirmer sur la durée. Les attentes sont immenses, et le moindre relâchement serait fatal à son crédit retrouvé. Le talent est là, comme l’a prouvé son épopée avec l’Albiceleste. Il reste désormais à bâtir la constance.

    Verdict : EN ATTENTE DE JUGEMENT

  • Jude Bellingham Real Madrid 2024-25Getty

    Jude Bellingham (Borussia Dortmund à Real Madrid - 103 M€)

    Jude Bellingham faisait déjà partie du gratin européen lorsqu’il portait les couleurs du Borussia Dortmund. Mais c’est bien depuis son transfert à 103 millions d’euros au Real Madrid, à l’été 2023, que le milieu anglais a franchi un nouveau cap. Véritable électron libre dans le système d’Ancelotti, il a pris les commandes de l’attaque madrilène aux côtés de Vinicius Jr et Rodrygo, claquant 23 buts en 40 matchs dès sa première saison.

    Si Vinicius attirait les projecteurs par ses fulgurances, c’est bien Bellingham qui faisait tourner la machine. À seulement 20 ans, il a été le moteur du doublé Liga – Ligue des champions, avec une autorité déconcertante pour un joueur aussi jeune. Il s’est imposé comme un leader technique et émotionnel dans un vestiaire pourtant riche en stars. Et ce, en un temps record.

    L’exercice 2024-2025 fut logiquement plus contrasté. L’arrivée de Kylian Mbappé a bouleversé l’équilibre collectif. Bellingham, relégué dans un rôle plus reculé, a vu ses responsabilités évoluer. Le Real a terminé la saison sans trophée majeur, un échec rare à la Casa Blanca. Mais Bellingham, lui, a continué à briller : 28 contributions décisives toutes compétitions confondues, et l’impression d’être toujours au cœur du jeu.

    À ce rythme, les titres reviendront vite. L’Angleterre l’a bien compris, et Madrid aussi : ce gamin est taillé pour régner. Au milieu des Galactiques, il semble être celui qui les incarne le mieux.

    Verdict : REUSSITE

  • TOPSHOT-FBL-ENG-PR-ARSENAL-BRENTFORDAFP

    Declan Rice (West Ham à Arsenal - 123 M€)

    « Mikel Arteta est la principale raison pour laquelle j’ai signé ici. » À l’été 2023, Declan Rice justifie son transfert record à Arsenal (123 M€) par un pari : celui de franchir un nouveau palier sous la houlette du technicien espagnol. Deux ans plus tard, le constat est sans appel. L’ancien capitaine de West Ham est devenu l’homme de base d’un Arsenal en quête de grandeur.

    Arteta ne s’est pas contenté de renforcer les qualités naturelles du milieu anglais – son art de l’interception, sa lecture du jeu, sa fiabilité technique. Il a aussi élargi sa palette. Aujourd’hui, Rice est capable de décanter un match sur coup de pied arrêté, et son apport offensif pèse presque autant que son abattage défensif.

    Si les Gunners n’ont pas encore converti cette montée en puissance en trophée majeur, Rice, lui, a franchi un cap. À 26 ans, il incarne désormais la régularité et l’engagement exemplaire. Sa doublure légendaire contre le Real Madrid, en quart de finale retour de Ligue des champions, avec deux coups francs magistraux, a marqué les esprits et scellé son statut de héros moderne à l’Emirates.

    Désormais, il n’est plus seulement le taulier d’Arsenal. Il en est le repère, le guide silencieux, celui qui montre la voie par le geste plus que par les mots. Et il n’a sans doute pas fini de surprendre.

    Verdict : SUCCÈS

  • Celtic FC v FC Bayern München - UEFA Champions League 2024/25 League Knockout Play-off First LegGetty Images Sport

    Harry Kane (Tottenham à Bayern Munich - 100 M€)

    213 buts en Premier League, un statut de légende à Tottenham, mais aucune ligne au palmarès. C’est avec ce fardeau qu’Harry Kane a quitté son club formateur en 2023 pour rejoindre le Bayern Munich contre 100 M€, espérant enfin goûter aux trophées qu’il méritait tant. Mais même en Bavière, les choses ne se sont pas passées comme prévu.

    Pour sa première saison, l’Anglais claque 44 buts toutes compétitions confondues. Pourtant, le Bayern termine fanny pour la première fois depuis 2012, laissant le titre à un Leverkusen impérial. Le karma semblait suivre Kane, et les moqueries sur sa "malédiction" ont fleuri à chaque contre-performance, aussi injustes que tenaces.

    Mais Kane n’a jamais rompu. Il a poursuivi son œuvre, enchaîné les buts et fini meilleur buteur de Bundesliga pour la deuxième saison consécutive. En 2024-2025, cette fois, son rendement a permis au Bayern de récupérer le Meisterschale. Le soulagement est collectif, mais l’histoire est avant tout celle d’un homme libéré.

    Dans un style différent de Lewandowski, Kane s’est imposé comme son successeur naturel. Sa vista, son jeu en remise et son intelligence dans les petits espaces ont transformé l’attaque bavaroise. Il n’est plus seulement le finisseur chirurgical de Tottenham, mais un véritable leader technique, adoubé par l’Allianz Arena.

    Il lui a fallu traverser les railleries, porter le poids des attentes, mais aujourd’hui Kane a brisé le plafond de verre. Et tout indique qu’il est en route pour devenir une icône du Bayern, à l’image de ses plus grands attaquants.

    Verdict : SUCCÈS

  • Chelsea FC v Newcastle United FC - Premier LeagueGetty Images Sport

    Moises Caicedo (Brighton à Chelsea - 135 M€)

    Quand Chelsea a déboursé 135 M€ pour recruter Moisés Caicedo en août 2023, beaucoup ont levé les sourcils. L'Équatorien sortait certes d'une saison brillante avec Brighton, mais il n'avait que 21 ans et aucune expérience du très haut niveau. Le pari semblait risqué, et les premiers mois l'ont confirmé.

    Baptisé un peu hâtivement le "nouveau Kanté", Caicedo s’est retrouvé à errer dans un système instable, enchaînant les prestations fades dans une équipe incapable de trouver son rythme sous les ordres de Mauricio Pochettino. Lui-même a avoué avoir perdu confiance, incapable de retrouver l’élan qui avait fait sa force sur la côte sud.

    Mais l'été suivant, tout a basculé. Enzo Maresca, fraîchement arrivé sur le banc londonien, a eu l’idée décisive : inverser les rôles entre Caicedo et Enzo Fernandez. Désormais en sentinelle, placé plus bas dans le double pivot, Caicedo a retrouvé ses repères et dominé le cœur du jeu. Il termine la saison meilleur récupérateur et passeur en volume de toute la Premier League.

    Sa métamorphose a été telle qu’il a été élu joueur de la saison par les supporters, au terme d’un exercice enfin maîtrisé collectivement, avec une qualification en Ligue des champions à la clé. De moqué à respecté, Caicedo a pris sa revanche avec calme et efficacité.

    À seulement 23 ans, il est déjà le pilier du projet Maresca. Et les critiques autour de son prix semblent aujourd’hui appartenir à une autre époque.

    Verdict : SUCCES