Isco Gerard Pique Spain 2018Getty Images

Sans idées ni génie, l'Espagne baisse pavillon

L'Espagne ne remontera pas sur le trône du monde cette année. Non, comme c'était déjà le cas il y a quatre ans au Brésil, la sélection ibérique ne verra même pas les quarts de finale. Ses espoirs de consécration se sont envolés dès le deuxième tour après une défaite contre la Russie au bout de l'épreuve des tirs au but. Cela s'est joué sur un coup de dés, mais il n'y aura pas lieu de parler d'injustice car cette sortie de route était la sanction d'un jeu trop ennuyeux, où la possession outrancière était aussi inutile que lassante et où l'imagination et les initiatives imprévisibles ont cruellement fait défaut.

Avec 74% de taux de possession et plus de 1000 passes effectuées, l'Espagne était bien l'équipe qui a le plus de maitrise plus de ce match. Mais faut-il pour autant déduire qu'elle méritait plus la victoire que son adversaire ? Sûrement pas, car contrairement à sa devancière de 2010 et même celle qu'on a vu durant la phase qualificative, cette Roja a été très peu inspirée. Elle a abusé d'un jeu latéral, avec des transmissions trop longues et peu de vitesse. Il n'y a pas eu, d'autre part, suffisamment de verticalité ou des projections rapides vers l'avant. Et c'est ce qui explique que la Russie, bien qu'acculée dans sa moitié de terrain, n'a presque jamais réellement tremblé durant les deux heures de jeu.

Une impuissance qui ne pouvait rester impunie

La sélection de Tcherchessov avait un plan de bataille assez clair et elle s'y est tenue, et le but malencontreux encaissé en début de partie ne l'a pas dévié de sa ligne de conduite. Jouer la montre et essayer d'atteindre la séance des tirs au but pour ensuite miser sur les exploits d'Igor Akinfeev c'est ce sur quoi les Russes ont lorgné dès le début et leur mérite c'est d'y être parvenus. Avec leurs armes et un style qui a dû faire grincer beaucoup de dents, mais le résultat final leur a donné raison. Et puis, peut-on vraiment leur reprocher cette posture au vu de la différence de qualité qu'il y avait sur le papier entre les deux sélections ?

Non, les Russes ont mis en application tout ce qu'ils voulaient faire et on ne pourra pas en dire autant des Espagnols. En mettant sur le banc Andres Iniesta au coup d'envoi, le sélectionneur Fernando Hierro s'est expressément privé de son meilleur atout technique. Toutefois, il n'est pas sûr que le Barcelonais aurait changé grand-chose à la physionomie du match s'il avait été titulaire et son entrée plutôt neutre à partir de la 67e minute valide ce sentiment. Ni lui, ni aucun des éléments offensifs de la Roja n'a été en mesure de créer la différence aux avant-postes. Comme si subitement cette équipe avait connu une panne d'idées, incapable de varier le tempo, trouver les espaces et jouer dans les intervalles comme elle sait le faire. En somme, rien qui aurait pu déstabiliser la défense à cinq de son opposant.

Une remise en question à tous les étages s'impose

Dans son approche, l'Espagne s'est donc manquée lors de cette rencontre. Néanmoins, il est permis de penser que cette élimination n'est pas seulement la conséquence d'un simple match raté. Depuis le début du tournoi, cette sélection est apparue trop déséquilibrée dans ses différentes lignes pour espérer aller au bout. Et même si ce 8e de finale est le premier match de la compétition où elle est apparue plutôt sereine derrière, il y a ce constat invariable qu'elle ne peut plus faire deux choses à la fois : défendre et attaquer avec efficacité.

À la suite de cette élimination, la presse ibérique ne manquera certainement pas de tirer à boulets rouges sur les joueurs et aussi de relancer le débat concernant le choix fait par la fédération de limoger Julen Lopetegui juste avant le départ pour la Russie. Ça serait pertinent, mais l'on pourra aussi se poser la question de savoir si cet échec ne marque pas définitivement l'usure d'une méthode. Celle d'un football fluide, fait de passes courtes, à la Barcelonaise mais où la finition devient défaillante à partir du moment où les génies manquent ou se font trop vieux ? Les Espagnols gagneraient au moins à méditer dessus. Et la seule bonne nouvelle du jour, c'est qu'ils ont désormais tout le temps nécessaire pour le faire. 

Publicité

ENJOYED THIS STORY?

Add GOAL.com as a preferred source on Google to see more of our reporting

0