Le 29 janvier dernier, en écartant Monaco, l'En Avant Guingamp se qualifiait pour la finale de la Coupe de la Ligue pour la première fois de son histoire. Et ce jeudi, le club costarmoricain va tenter d'étirer son parcours en Coupe de France en venant à bout de l'Olympique Lyonnais en 8es de finale. Face aux Gones, l'équipe de Jocelyn Gourvennec aura indiscutablement fort à faire pour passer. Mais, même si le match oppose le dernier au classement de la Ligue 1 au troisième, il est difficile d'en dégager un favori. Pour la simple raison que les Guingampais se montrent très séduisants dans ce genre de matches. Voire même totalement transfigurés.
Depuis 2009, il y a eu 22 Coupes nationales distribuées (ou appelées à l'être cette saison). Le très puissant PSG s'est bien sûr accaparé la plupart de ces trophées, mais ce qui étonne à la lecture du palmarès sur la période en question c'est l'identité des équipes qui ont disputé le plus de finales derrière le club de la capitale. Avec quatre visites au Stade de France, l'OM pointe derrière les Franciliens, mais juste après on retrouve l'En Avant de Guingamp. En dépit de leurs petits moyens, les Bretons ont réussi à faire aussi bien que l'OL et l'AS Monaco. Et un triomphe le 30 mars prochain au Stade Pierre Mauroy de Lille contre le RC Strasbourg les consacrera comme la deuxième équipe française la plus titrée en Coupes de la dernière décennie.
Le mental, leur arme numéro 1
Devant ce tableau, il est difficile de brandir le facteur du hasard ou d'un surplus de réussite pour expliquer les épopées répétitives de l'EAG dans les deux Coupes Nationales. Inéluctablement, ce club a quelque chose de plus que les autres pour pouvoir se montrer aussi compétitif dans les matches à élimination directe. Y compris lorsqu'il n'est pas au mieux en championnat, comme ce fut le cas lors de la victoire en Coupe en 2009 (13e de Ligue 2) ou cette saison, vu que les Costarmoricains sont bons derniers de la Ligue 1.
Alors, quel est le secret de l'EAG ? Coach de l'équipe qui avait été couronnée il y a dix ans, et ce pour la première fois de son histoire, Viktor Zvunka tente d'apporter quelques éléments de réponse pour Goal : "Je pense qu'il y a une attirance pour les coupes, dit-il. C'est dans les matches de Coupe qu'on voit la qualité mentale d'une équipe. Tu es obligé d'aller au-delà de ce que tu peux faire. v la fois, il y a un vainqueur et un perdant. Il faut avoir une culture des Coupes de France, ou des coupes en général. Guingamp l'a depuis des années".
Guingamp a donc à cœur de briller lors de ces rencontres couperets. Néanmoins, d'autres équipes ont aussi cette volonté, mais ce n'est pas pour autant qu'elles se montrent aussi brillantes et de manière aussi récurrente. Il existe donc forcément un ingrédient supplémentaire. Zvunka croit deviner lequel : "Nous, on avait une équipe très solide sur le plan mental. On a battu des clubs de l'élite. Et c'est ce qui a fait notre renommée. C'est resté dans nos racines et dans la moelle des joueurs".
La Coupe comme déclic pour le championnat ?
Zvunka est un héros du côté du Roudourou, à tout jamais. Mais, il est bien sûr difficile de dissocier le nom de Jocelyn Gourvennec de la réussite qu'a connue le club. Entraineur de l'équipe première entre 2010 et 2016, puis depuis décembre dernier, il est le premier coach à avoir guidé l'EAG à deux finales de Coupes distinctes (avec l'aide d'Antoine Kombouaré la seconde fois). Il n'est pas sûr que les Rouge et Noir auraient fait aussi bien sans lui. Un sentiment que partage totalement Zvunka : "Jocelyn Gourvennec a un rôle dans tout ça. À un moment donné, chaque petit détail compte. Le mental des joueurs, la discussion qu'on peut avoir avec eux. Tout ça fait qu'à un moment donné, le staff participe. Il y a des moments ou des messages passent mieux que d'autres. Donc, le staff y est pour beaucoup. Mais il y a aussi la réussite et les tirages qui doivent être en votre faveur".
Maintenant que la recette des druides bretons est divulguée, l'autre mystère à lever est de savoir si un bon parcours en Coupe (ou dans les deux Coupes) peut nuire à la mission que le club se fixe en championnat, où se joue son destin à moyen et long termes. Cette question est sempiternelle et à en croire Zvunka il n'existe pas et n'existera jamais de vérité absolue. Mais, dans le doute, il est toujours mieux de se donner à fond quand il y a possibilité d'enrichir un palmarès. "La Coupe te permet des fois de retrouver le gout de la victoire. Et te donner plus d'allant pour les matches du championnat, rappelle l'ex-coach de Châteauroux. Malheureusement, là pour Guingamp, les choses ne sont pas trop favorables. Mais pour la finale de la Coupe de la Ligue, ils ont encore le temps de la préparer. Ça peut leur rapporter du baume au cœur (de gagner une Coupe) et naturellement offrir une dynamique plus intéressante. Ce n'est pas une obligation de dire qu'on va se rattraper. Mais il y a quelques équipes qui sont descendues en Ligue 2 en ayant triomphé en Coupe comme Strasbourg ou Lorient. Des fois, il n'y a pas de déclic, mais parfois ça sert".
Les Lyonnais de Bruno Genésio sont prévenus. Ce jeudi, ils trouveront sur leur chemin une équipe de l'EAG toujours aussi motivée et gonflée à bloc dans le but de se qualifier et faire honneur à sa réputation. Terminer une saison par la conquête d'une Coupe ça n'a pas de prix, et quand en plus on a la possibilité de s'en offrir deux pour le prix d'une, ce n'est pas les esprits qu'on marque mais toute l'histoire du football français.