Qui a dit que le championnat italien était ultra-rugueux ou excessivement tactique pour qu'un attaquant, indépendamment de sa carte de visite, puisse y briller d'entrée ? Certes, avec Cristiano Ronaldo, auteur de deux buts seulement en sept matches, la théorie est justifiée. Mais, en même temps, il existe un contre-exemple qui tord le cou à toutes les idées reçues. Il a pour nom Krzystof Piatek.
Piatek est un jeune polonais de vingt-trois ans qui n'a jamais évolué dans un grand championnat européen avant cette saison. Il ne compte, en outre, qu'une seule cape avec la sélection de son pays. Et pourtant, en dépit de cette inexpérience et aussi toutes les difficultés qu'on prête au championnat transalpin, ce joueur est en train de battre tous les records individuels avec sa formation du Genoa.
Transféré en provenance du KS Cracovia l'été dernier et contre un modeste chèque de 4,5M€, Piatek n'a pas eu besoin de temps d'adaptation pour prendre ses marques avec les Rossoblu. Dès son premier match, joué contre Lecce en Coupe d'Italie, il s'est offert un quadruplé. Un départ rêvé au sein d'un club étranger et qui n'est pas resté sans suite puisqu'il a depuis enchainé avec huit autres buts en Serie A. Celui qui a fêté ses débuts internationaux le mois dernier lors du match contre l'Irlande du Nord (en Ligue des Nations) a même réussi la prouesse de scorer à chacune de ses apparitions dans ce très exigeant championnat.
En six matches, Piatek a donc trouvé le chemin des filets adverses à huit reprises. Il a planté un but contre successivement Empoli, Bologne, Lazio et Chievo, et s'est offert des doublés face à Sassuolo et Frosinone. C'est ce qu'on appelle un démarrage en trombe et qu'aucun attaquant n'avait réussi à signer depuis un certain Karl Aage Hansen avec l'Atalanta Bergame lors de la saison…1949/50. Même l'excellent Andriy Shevchenko, pourtant un modèle d'intégration en Serie A avec un titre de capocannoniere conquis dès sa première saison en Italie, n'avait pas fait aussi bien (seulement 6 buts lors de ses six premiers matches avec Milan en 1999/2000).
Il pèse plus de deux tiers des buts de son équipe
L'exploit de Piatek est donc colossal, et il n'est surtout pas à minimiser. Et ce qui le valorise encore plus c'est que ses 8 buts sont survenus sur les 12 tirs cadrés qu'il a tentés, ce qui fait un taux impressionnant de deux tiers. Par ailleurs, il présente une moyenne d'un but toutes les 56 minutes et aussi 1,33 buts/match. S'il continue sur ce rythme, il deviendra le meilleur buteur de l'histoire de ce club en à peine deux saisons puisque le record en la matière du côté de Luigis Ferrarri est détenu par Cosimo Francioso avec 77 buts inscrits "seulement". À noter, en outre, que le meilleur réalisateur étranger du Genoa est le Tchèque Thomas Skuhravy. Sa marque (67 buts) parait tout sauf inatteignable pour le talentueux Piatek.
D'aucuns souligneront qu'il est trop tôt pour mettre Piatek sur un piédestal vu qu'il n'a pas encore eu à croiser les grosses écuries du championnat transalpin et leurs solides défenses. La remarque serait pertinente, mais il convient aussi de préciser que contrairement à un Higuain ou à un Ronaldo, qui ne cumulent ensemble qu'un tiers de ses buts, il ne joue pas dans une équipe de haut de tableau mais au sein d'une formation qui a terminé 12e de la dernière campagne de la Serie A. Le contexte est donc à prendre en considération. Et puis, rien ne dit que le nouvel espoir du football polonais, qui à lui seul mis 72% des buts de son équipe, ne va pas poursuivre sa lancée. Le calendrier à venir de la bande à Ballardini a de quoi grandement le motiver puisque d'ici la mi-novembre le Genoa se mesurera à la Juventus, au Milan, à l'Inter, à Naples et aussi à son ennemi juré de la Sampdoria.