Il n'y a pas que des périodes faciles dans la carrière d'un footballeur. Il y a aussi des moments de doutes où il est nécessaire de garder le moral pour rebondir le plus vite possible. Cheick Doukouré (28 ans) en sait quelque chose. Déjà blessé à deux reprises aux ligaments croisés, le milieu ivoirien de Levante se remet peu à peu d'une rupture du tendon d'Achille subie au mois de juillet alors qu'il était en prêt à Huesca. Une épreuve que l'ancien Messin traverse avec courage, déterminé à revenir plus fort.
Goal : Comment allez-vous après quatre mois d'arrêt ?
Cheick Doukouré : Je vais bien. J'ai repris le travail avec le ballon sur le terrain, j'ai repris le travail de course et d'appuis aussi. J'arrive dans la dernière phase maintenant. L'objectif c'est d'être présent pour janvier afin d'attaquer la deuxième partie de saison au top.
C'est difficile de garder le moral quand on enchaîne autant de blessures en si peu de temps ?
C'est vrai que ça fait deux grosses blessures en peu de temps. Je me suis fait les ligaments croisés en février 2019. J'ai aussi eu une petite déchirure en début d'année, et maintenant le tendon d'Achille. Ce sont des coups durs à encaisser à chaque fois. Ce n'est pas toujours facile à accepter, surtout que je m'étais déjà fait les croisés à Metz. Mais j'ai la chance d'avoir un gros mental, je suis armé pour affronter ces épreuves. Ma famille est autour de moi, je travaille beaucoup et je prends ça comme des challenges. Pour l'instant, j'ai su répondre à chaque coup dur, mais c'est sûr qu'un travail de fond à dû être fait car des blessures récurrentes ce n'est jamais anodin. Je n'ai pas une mauvaise hygiène de vie. Je suis quelqu'un de posé, qui ne fait pas la fête et qui aime rester avec sa famille, mais j'ai dû changer certaines choses dans mon quotidien.
« Je pense faire appel à un préparateur mental »
Qu'avez-vous changé exactement ?
On se sent parfois impuissant dans ce genre de période, et je ne veux pas me laisser embarquer dans une spirale négative. Aujourd'hui, j'essaye d'optimiser ma récupération. J'accorde de l'importance à tous les petits détails. J'ai demandé conseil à certaines personnes qui m'ont proposé de nouvelles choses comme manger à des heures différentes, opter pour des aliments qui contiennent telle ou telle chose. Ce n'est pas révolutionnaire, mais j'ai ressenti le besoin de faire le nécessaire pour trouver la formule qui me permettra de retrouver toutes mes capacités physiques sur la durée.

À qui avez-vous fait appel pour vous aider ?
J'ai fait appel à un osthéopathe qui a réalisé un diagnostic complet de mon corps. Je vais aussi travailler avec une structure basée à Toulouse, qui va faire un diagnostic physique et me dire s'il y a d'éventuels déséquilibres. Je pense aussi faire appel à un préparateur mental qui me permettra d'extérioriser certaines choses. Je ne me sens pas forcément obligé de le faire, mais je vais le faire parce que je veux découvrir autre chose et trouver un équilibre qui me permettra de terminer ma carrière sans le moindre problème.
Le contexte est d'autant plus compliqué pour vous à Levante que vous n'étiez pas là l'an dernier, puisque prêté à Huesca.
C'est différent c'est sûr. Habituellement, quand on revient de prêt, on a la détermination de prouver qu'on doit jouer. Dans mon cas, je n'ai pas pu faire parler mes qualités. Je reviens dans un contexte inattendu, mais je ne pouvais rien faire d'autre que me faire tout petit et bosser dans mon coin. Le club a été exceptionnel avec moi. Ils m'ont tout de suite rassuré. Ils m'ont tous envoyé des messages de réconfort. Ça me donne la sérénité nécessaire pour récupérer de cette blessure.
Getty« Le sélectionneur prend de mes nouvelles, il montre qu'il compte sur moi »
À quoi ressemble votre quotidien en ce moment ?
J'arrive le premier à l'entraînement le matin. On regarde l'état de mon tendon, puis je fais un échauffement avec le physio dans le gymnase et je vais sur le terrain. Une fois terminé, j'ai le droit à des soins et après c'est le moment de rentrer. Je passe du temps avec ma famille, avec mes enfants, et l'après-midi après la sieste, je travaille encore. Le minimum, c'est deux séances par jour parce que j'ai besoin de travailler deux voire trois fois plus que les autres. Il n'y a pas de secret si je veux retrouver mes capacités.
Le fait d'être en fin de contrat au mois de juin vous fait-il cogiter ?
Je ne peux pas nier que j'y pense... Mais il faut passer outre, car c'est en réfléchissant trop qu'arrivent tous les soucis. Je suis focus sur le travail, sur ce que j'ai à faire. Je n'ai aucun doute sur ma capacité à revenir en forme. J'ai été capable de le démontrer l'an dernier à Huesca à mon retour des croisés. Après le confinement j'ai pu jouer, et malheureusement il y a eu cette blessure au tendon d'Achille... Je ne veux pas me stresser davantage. Mon objectif est en tête et je ne me sens pas fragile du tout. Je me vois être dans les temps pour pouvoir faire une bonne deuxième partie de saison avec de la confiance et énormément d'envie.
Cela vous permettrait peut-être de retrouver la sélection ivoirienne avec laquelle vous avez été championne d'Afrique en 2015.
La sélection, ça faisait partie de mon quotidien. Je m'y étais habitué. Aujourd'hui, j'ai envie de retrouver mon quotidien et donc la sélection. Défendre les couleurs de son pays, c'est le summum. On s'était créé une famille et c'est quelque chose qui me manque beaucoup. Je me suis blessé avant la CAN 2019. C'était dur à accepter parce que j'avais tout fait pour me qualifier. Mais j'ai continué à les suivre et aujourd'hui j'ai la chance que le coach (Patrice Beaumelle) prenne de mes nouvelles. Il a pris la peine de m'appeler dès qu'il a pris l'équipe. On se connaît puisqu'iI était avec nous quand on a remporté la CAN en Guinée équatoriale. Il me montre qu'il compte sur moi, que je ne suis pas laissé de côté. Le staff m'appelle aussi. Ça me donne encore plus de courage pour revenir.
Propos recueillis par Benjamin Quarez


