Ce samedi 21 juin 2025 devait être une apothéose pour le Mouloudia Club d'Alger et ses milliers de supporters. Le match nul contre le NC Magra (0-0) au stade du 5-Juillet-1962 scellait un neuvième titre de champion d'Algérie, un moment de communion et de fierté attendu par tout un peuple. Mais au lieu des chants et des célébrations, ce sont le silence, la stupeur puis l'horreur qui ont envahi l'enceinte historique. La fête a brutalement viré au drame. Plusieurs supporters, emportés par leur ferveur, ont chuté des tribunes après qu'une barrière de sécurité a cédé. Le bilan, terrible, s'est alourdi au fil des heures : trois morts, des dizaines de blessés. Une tragédie qui endeuille non seulement le club le plus populaire d'Algérie, mais tout un pays.
Une fête brisée, des vies perdues dans la ferveur
Ce qui frappe dans ce drame, c'est son caractère presque évitable, et c'est ce qui rend la douleur encore plus insupportable. Il n'est pas question ici de violences entre supporters, mais d'un accident tragique lié, semble-t-il, à la vétusté ou à une défaillance structurelle d'une enceinte qui a vu défiler tant d'histoires du football algérien. La passion débordante, légendaire, des supporters du Mouloudia, venus en masse pour célébrer un titre mérité, s'est heurtée à une réalité cruelle. Ces hommes, ces jeunes, venus pour vivre un moment de joie, ont perdu la vie dans des circonstances qui interrogent et qui attristent bien au-delà des frontières algériennes.
Face à l'ampleur du drame, la réaction des autorités ne s'est pas fait attendre. Le Président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a rapidement présenté ses condoléances et ordonné la création d'une commission d'enquête chargée d'établir les circonstances exactes, d'identifier les défaillances et les responsabilités. Des mesures juridiques sont promises pour éviter que de tels drames ne se reproduisent. C'est une démarche nécessaire et louable, mais elle sonne amèrement comme une réaction post-tragédie. Car ce n'est malheureusement pas la première fois que les stades algériens sont le théâtre d'incidents, comme celui de Mostaganem l'an passé.
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L'heure du recueillement et l'appel à un changement impératif
Aujourd'hui, l'heure est au recueillement et au soutien aux familles des victimes et aux blessés. Les joueurs du MC Alger, qui devaient savourer leur sacre, ont vu leur joie se transformer en cauchemar. Leur empressement à se rendre au chevet des blessés témoigne du lien puissant qui les unit à leurs supporters. Comment, dans ces conditions, savourer un titre ? Nul doute, comme le disait Platini après le drame du Heysel, que le goût du football s'estompe face à de telles horreurs. Il est probable que les joueurs du Doyen (le surnom du club) échangeraient volontiers leur trophée contre la vie sauve de ceux qui ont péri.
Au-delà de l'enquête et des responsabilités à établir, ce drame doit impérativement servir de leçon. Les supporters algériens, dont la ferveur est une fierté nationale, méritent des conditions de sécurité irréprochables pour vivre leur passion. Ils méritent des stades modernes et sûrs. Que la mémoire de ces trois supporters, partis trop tôt un jour de fête manquée, inspire un changement profond et durable. Que leur sacrifice ne soit pas vain. Le 21 juin 2025 restera gravé comme un jour noir pour le football algérien, un jour où la joie espérée s'est noyée dans les larmes et le deuil.


