La première demi-finale de Ligue des Champions met aux prises ce mardi soir le Paris SG au RB Leipzig. Ça sera la première opposition officielle entre ces deux formations. En revanche, ce n’est pas la première fois que les coaches des deux formations vont s’affronter et encore moins se rencontrer. Thomas Tuchel et Julian Nagelsmann, deux brillants techniciens allemands, se connaissent très bien. Parce qu’ils ont eu à croiser le fer en Bundesliga, et aussi parce qu’ils ont été au sein d’un même club il y a treize ans. L’un comme entraîneur, et l’autre en tant que joueur puis membre du staff.
Sans Tuchel, Nagelsmann n’en serait peut-être pas là
Cette aventure commune a eu lieu en 2007 à Augsbourg. Tuchel, alors âgé de 34 ans, prenait en charge l’équipe B de ce club. Et au sein de l’effectif à sa disposition, il y avait Nagelsmann. Ce dernier venait tout juste de célébrer ses vingt printemps et aspirait à une belle carrière professionnelle. Malheureusement pour lui, ses rêves se sont alors envolés en raison d’une grave blessure au ménisque qui l’a contraint à stopper son parcours. Sensible à la situation de son protégé, le coach a alors décidé d’intégrer le jeune retraité dans son staff, avec comme mission de superviser les équipes adverses. Celui qui n’avait alors encore même pas songé à une expérience sur le banc s’est ainsi découvert une vocation. Il n’a alors pas hésité longtemps et a emprunté le même chemin que son ainé.
Tuchel a-t-il joué un rôle dans la décision prise par Nagelsmann ? Probablement. L’a-t-il guidé, éclairé, voire inspiré ? Peut-être pas, pour la simple raison que les deux hommes ont vite vu leurs trajectoires diverger. Le premier a été embauché par Mayence, tandis que le second a poursuivi son cheminement personnel comme coach jusqu’à se voir offrir les rênes des U19 de Hoffenheim (de 2012 à 2016). À la question si l’actuel coach du PSG a été son mentor, ce dernier a d’ailleurs indiqué à Bild il y a quelques années : « Non, il n’est ni mon mentor, ni mon père adoptif. Ça serait exagéré, j’ai travaillé pour lui, pas avec lui ». Une déclaration qui a du sens, surtout que les faits d’armes de Tuchel se comptaient sur les doigts d’une main quand Nagelsmann s’est lancé dans le métier. Il était plus inspiré par des coaches aux renommées plus parlantes, tels que Pep Guardiola.
Les meilleurs ambassadeurs de l’Allemagne
Nagelsmann ne doit donc pas grand-chose à Tuchel, si ce n’est celle d’avoir eu cette opportunité de se reconvertir immédiatement après la fin de sa courte expérience comme joueur. Cela étant, cela ne l’empêche pas de vouer une grande estime à son ainé. Comme tout entraineur allemand, il sait que c’est le modèle à suivre et que la réussite de Tuchel à l’étranger, dans un grand club et après avoir fait ses preuves au BVB, est inspirante. Et la réciproque est également vraie. Le coach des champions de France est impressionné par ce que son ancien sociétaire a accompli. Et il l’est à plus forte raison cette année puisque Nagelsmann est devenu le technicien le plus jeune à atteindre le dernier carré de la C1 (33 ans). Par ailleurs, et au-delà de tous ces accomplissements et bien qu’ayant eu quelques discussions houleuses durant l’année passée ensemble, les deux hommes entretiennent des rapports courtois et cordiaux. Il suffit de revoir les courts échanges qu’ils ont eus lors des confrontations Dortmund – Hoffenheim en Bundesliga, avec des sourires complices et étreintes amicales, pour s’en convaincre.
En Allemagne, aujourd’hui, tous les observateurs s’accordent à dire que Tuchel et Nagelsmann sont les deux coaches en vogue et qui représentent le mieux la formation de cette profession outre-Rhin, derrière Jürgen Klopp, dont le palmarès avec Liverpool fait qu’il est la référence absolue. Il y a aussi Hansi Flick, mais ce dernier n’en est qu’à sa première saison au Bayern. Il gagnerait à confirmer sur la durée. Les premiers nommés, eux, se distinguent depuis longtemps au point même où on les considère déjà armés pour diriger les plus grands clubs du continent. Et ce n’est pas loin d’être la réalité. En supposant que Paris n’entre pas dans cette catégorie, Tuchel n’était-il la priorité du Bayern suite au limogeage de Carlo Ancelotti en septembre 2017 ? Et Nagelsmann, lui, n’a-t-il pas refusé une approche du Real Madrid avant le retour de Zinédine Zidane au club ?
Des styles et des méthodes comparables
C’est en 2016 que Nagelsmann a commencé véritablement à faire parler de lui, quand il a évité la relégation à Hoffenheim avant de guider l’équipe en Ligue des Champions. À l’époque, Tuchel avait déjà prouvé son savoir-faire, avec quelques accomplissements importants du côté de Mayence et de Dortmund. Cela étant, il ne serait pas exagéré de dire que les deux ascensions sont parallèles au niveau du timing. Et étant tous les deux portés par un football offensif, ils ont aussi un style comparable et des idées directrices qui se rejoignent, y compris au niveau du management. Même si bien sûr, les outils mis à la disposition de chacun ne sont pas les mêmes. Avec son côté innovateur, Nagelsmann parvient cela dit à combler bien des manques, tandis que Tuchel se singularise par son côté perfectionniste. En outre, ce dernier a appris aussi ce que c'est de gérer un vestiaire de stars, chose que son jeune compatriote n’a pas encore le privilège de découvrir. Mais, cela ne saurait tarder s’il continue sur sa lancée.
En attendant de connaitre ce que ce duel à distance entre deux des meilleurs techniciens allemands de l’époque nous réserve sur la durée, il convient de profiter de leur énième face à face sur les bancs. Le quatrième plus précisément. Jusque-là, le bilan penche largement en faveur de l’ainé, avec deux victoires, un nul et zéro défaite. De quoi décourager les fans de Leipzig, à moins de considérer que le contexte de la C1 n’est pas le même. Ce qui est tout à fait vrai. Les retrouvailles sont pour ce mardi et les intéressés ont hâte d’y être. Nagelsmann l’a même exprimé publiquement après la qualification face à l’Atlético. « J'ai hâte. J'étais très excité quand on a joué l'un contre l'autre en Bundesliga. C'est un super entraîneur. Je suis très heureux de le voir, c'est un gars sympa et un très bon entraîneur. Mais j'espère qu'à la fin, je vais l'emporter », a-t-il lâché à RMC Sport. Tuchel est donc prévenu ; il n’y aura pas de cadeau de son ancien protégé.




