Les premières capes ne sont pas toujours annonciatrices de ce que va être le reste d'une carrière internationale. Mais, si c'était le cas, on peut d'ores et déjà présager un superbe parcours en Bleu pour Alphonse Areola. Lancé dans le grand bain international jeudi, à l'occasion du duel contre l'Allemagne en ouverture de la Ligue des Nations (0-0), le portier du PSG a fait exactement ce qu'on attendait de lui. Et même bien plus, avec une succession d'arrêts aussi précieux que spectaculaires. Plus qu'homme du match, il est l'homme de ce point important ramené par les Bleus de Munich.
En Allemagne, le mur était français
Certes, le natif de Paris n'est plus très jeune (25 ans). Et sa première convocation en sélection date d'il y a trois ans déjà. Néanmoins, il y a toujours une appréhension lorsqu'un joueur honore sa première apparition avec le maillot de son pays. Areola ne faisait assurément pas exception, surtout que remplacer Hugo Lloris au pied levé et le faire à l'extérieur face à un adversaire de qualité était tout sauf une partie de plaisir. Au final, l'intéressé a su s'en servir de manière positive pour produire une prestation époustouflante et qui est tout à fait comparable avec celles que livrait le titulaire du poste lors de la dernière Coupe du Monde.
Durant le premier acte du match, le joueur d'origine philippine n'a pas été extrêmement sollicité, mais il a répondu présent lorsqu'il le fallait, avec cet arrêt effectué à la 18e minute sur un tir de Timo Werner. Une belle entrée en matière et une façon idéale de se mettre en confiance. S'en est suivi ensuite une période de presque une demi-heure où il n'a quasiment pas été sollicité. Mais, il en fallait bien plus pour lui faire perdre sa concentration. Sur sa ligne, le portier français est toujours resté vigilant et quand la Mannschaft s'est décidé à multiplier les banderilles, il ne s'est pas défilé et a fait parler toute sa classe.
Le festival Areola a commencé à la 57e minute, quand il a frustré une deuxième fois Werner avec un arrêt impeccable malgré une frappe soudaine de l'attaquant de Leipzig. Puis, à la 65e, il s'est opposé à Marco Reus, qui croyait attraper la lucarne sur un tir sans contrôle. Les Allemands ont ensuite constaté que les Français pouvaient aussi avoir leur mur. Mats Hummels se créa deux opportunités en quatre minutes (72e et 76e), mais avec la même issue à chaque fois : un arrêt exceptionnel d'Areola. Et entre-temps, ce sont ses coéquipiers Thomas Muller (75e) et Mathias Ginter (75e) qui se sont mordus les doigts, en butant sur le dernier rempart adverse.
Lloris ne pourra pas se reposer sur ses lauriers
Dire que l'ancien lensois a bénéficié d'un soupçon de réussite est un constat recevable. Un gardien en a souvent. Cela étant, il ne fait aucun doute que c'est essentiellement grâce à ses qualités, dont cette séduisante dextérité sur la ligne, que le remplaçant de Lloris et de Mandanda a réussi à préserver sa cage inviolée. Et puis, il faut bien plus que de la chance pour établir un record d'arrêt pour un gardien français lors d'un match international sur les 10 dernières années. Il en a effectué six. Malgré ses 104 capes, dont quelques-unes très compliquées vécues sur le plan collectif, Lloris n'avait jamais connu des soirées avec autant de travail à faire.
Areola ne vivra pas bien sûr tout le temps des matches comme celui-là avec l'Equipe de France. Mais, ce qui est certain c'est qu'il y aura d'autres sorties pour lui et il n'y aura alors personne pour se demander s'il est bien taillé pour garder la cage de sa sélection. À demi-mot, le sélectionneur tricolore l'a d'ailleurs reconnu au micro de l'Equipe TV : "Il est venu avec nous plein de fois, sans avoir du temps de jeu car il était souvent en troisième position. Je suis content et fier de ce qu'il a fait. Il a dégagé beaucoup de sérénité et de confiance. C'est très bien pour une première et c'est surtout bien pour sa confiance". Un test réussi qui ravit tout le monde en somme, sauf peut-être les concurrents au poste. Deschamps n'est pas de ceux qui bousculent les hiérarchies établies sur la base d'un seul match, mais d'un autre côté, et le Mondial l'a prouvé, c'est un technicien qui n'hésite pas à promouvoir les jeunes qui poussent pour peu qu'ils lui donnent pleinement satisfaction.