Luis Suarez Barcelona Real Madrid 281018Getty

Il y a bien une vie sans Messi au Barça

Certes, le Real traverse sa pire crise sportive depuis des lustres. Certes, Cristiano Ronaldo n'était pas dans le camp d'en face. Certes, tout plaidait en faveur de leur succès dans ce choc qui n'en était pas vraiment un. Mais, un Clasico survolé de la tête et des épaules marque toujours les esprits et celui de ce dimanche ne fait pas exception. En corrigeant son vieux rival sur un score sans appel de 5 buts à 1, le Barça a frappé un coup qui restera à coup sûr dans les annales. D'autant plus que cette démonstration de force a été effectuée en l'absence de sa star argentine, Lionel Messi.

Dans un passé récent, le Barça a déjà connu des prestations éclatantes contre son rival. Cependant, c'était toujours avec l'apport de la Pulga, et très souvent c'est même ce dernier qui endossait le costume du héros du match, au prix d'un ou plusieurs buts et une partition de premier ordre. Cette fois-là, ça n'a pas été le cas et cela ne fait que rajouter de la valeur à une victoire qui n'en manquait pas. En plus d'avoir humilié son ennemi juré et annihilé considérablement ses chances de lutter pour le titre, l'équipe de Valverde a prouvé, et s'est prouvée à elle-même aussi, qu'elle pouvait produire un jeu spectaculaire et efficace sans celui qui est (était) considéré comme son homme à tout faire.

Valverde a plus d'un tour dans son sac

Mercredi dernier, contre l'Inter en C1 (2-0), les Blaugrana avait déjà donné raison à ceux qui jugent que Messi ne leur est pas indispensable. Bis repetita donc ce dimanche avec, en sus, une performance éblouissante en attaque, ou cinq des huit tirs cadrés ont fini dans les buts. Et si l'on excepte les vingt minutes de flottement en début de seconde période, et qui ont conduit à la réduction adverse, la formation catalane n'est jamais vraiment parue en difficulté. Certes, elle a concédé des opportunités, mais on l'a senti maitre de son sujet, et avec une possession de balle supérieure à celle du Real (53%). Ce qui n'a pas toujours été le cas lors des derniers Classicos.

Il serait bien sûr inconvenant de ne pas relever que le Real, aussi, se produisait sans sa principale vedette des dix dernières années, à savoir Cristiano Ronaldo. Mais, il ne serait pas non plus absurde d'affirmer que, de par le poste que les deux stars occupaient, le jeu des Barcelonais se reposait bien plus sur Messi que celui du Real sur Ronaldo. Tandis que le Portugais, avant qu'il ne file à Turin, était de plus en plus réduit au simple rôle de finisseur, l'Argentin est toujours resté au cœur du dispositif barcelonais, avec des fonctions multiples et variées, qui en faisait l'atout dont on redoutait grandement une éventuelle indisponibilité.

Il y a une semaine, ce scénario s'est produit. Messi contractait une blessure au bras droit, le contraignant à un arrêt forcé de plusieurs jours. Tous les fans barcelonais se sont alors mis à trembler, craignant une défection impossible à pallier, surtout avec le calendrier corsé qui se présentait. Au final, les craintes se sont révélées être injustifiées. Au contraire, avec le recul, on peut même se demander, si ce n'était pas mal pour un bien puisque le Barça a appris non seulement à évoluer mais aussi à dérouler et se balader sans son maitre à jouer. Et c'est là que l'on mesure tout le mérite de Valverde.

Un Coutinho plus influent, un Suarez plus efficace

Le coach catalan a su faire en sorte que sa formation ne pâtît guère de l'absence de son numéro 10. Il n'y a pas eu de révolution tactique, l'équipe est restée disposée en 4-3-3 avec Rafinha prenant la place de l'Argentin sur le flanc droit. Mais l'animation a évolué avec un jeu glissant un peu plus vers l'axe ou même sur le côté gauche où la vitesse d'exécution et la technique de Philippe Coutinho a été parfaitement exploitée (46% des offensives enregistrées à gauche). Le Brésilien a marqué le premier but du match, mais il a surtout su prendre le jeu à son compte, temporisant ou l'accélérant à sa guise. Non pas que Messi ne le faisait pas bien, mais lui incarnait une menace nouvelle à laquelle le Real n'avait pas eu le temps de s'habituer. Et comme arme nouvelle, il y a aussi eu Arthur. Dans l'entrejeu, l'autre Brésilien de l'équipe a eu une activité monstre, avec 46 passes réussies sur les 49 tentées. Cela montre qu'il a souvent opté pour la solution la plus simple, au lieu de chercher à servir celui par qui toutes les offensives passaient.

Coutinho n'a pas été le seul attaquant Barcelonais à se distinguer lors de ce Clasico. Luis Suarez, aussi, s'est grandement mis en évidence. L'Uruguayen a même livré sa performance la plus impressionnante face aux Merengue depuis qu'il est en Espagne. Elle a été matérialisée par trois buts, et ça aurait même pu faire quatre sans l'excellent arrêt de Courtois en fin de match. El Pistolero a été très recherché, avec 50 ballons touchés, ce qui constitue son troisième meilleur total de la saison en championnat. Idem pour le nombre de touches dans la surface opposée (9, 3e total), et la statistique est d'autant plus parlante qu'il avait en face de lui des clients comme Ramos ou Varane, et non la charnière de Huesca, de Girone ou de Valladolid.

Il y a donc bien une vie sans Messi au Barça. Bien sûr, le constat est ponctuel et il serait à la fois inutile et inapproprié d'en ériger une règle générale dès maintenant. Mais, au moins, l'équipe et leur entraineur savent dorénavant que leur capitaine peut leur fausser compagnie sans que leur rendement ne s'en ressente. C'est une excellente nouvelle, n'en déplaise à ceux qui ne veulent pas (ou n'osent pas) imaginer cette formation sans sa star argentine. C'est un vrai luxe, et ce ne sont pas les socios du Real qui diront le contraire, eux qui continuent de se lamenter du départ de Cristiano Ronaldo.

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