Christopher Wooh RC LENSGetty Images

[EXCLU GOAL] Christopher Wooh : "Mon but c'est de construire une carrière"

De sa découverte du monde professionnel, à son choix de venir à Lens en passant par sa progression, le jeune défenseur des Sang-Or revient avec une précision rare et une exigence certaine sur ses quatorze premiers mois dans le monde professionnel.

Il y a un peu plus d'un an vous découvriez le monde professionnel lors d'un match de Ligue 2 face à Dunkerque. Qu'est-ce qui a changé en quatorze mois ?

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Tout a changé ! Que ce soit au niveau sportif ou en dehors, beaucoup de choses se sont passées. J'ai découvert le monde professionnel, puis il y a eu un transfert de la L2 à L1 et une séparation physique avec un groupe professionnel. Et le fait de jouer devant un public, surtout celui de Bollaert. Je faisais déjà du travail en dehors du club comme la musculation mais

Ma compréhension du haut niveau aussi a changé sur tout ce qui correspond aux soins, à la récupération. J'ai vraiment compris qu'il fallait être carré là-dessus.

Il y a quasiment un an aussi, vous aviez fait le choix de quitter Nancy pour le RC Lens alors que tu avais beaucoup d'autres sollicitations. Est-ce que tu peux nous expliquer pourquoi tu es venu ici ? Quelle a été ta réflexion, tes critères pour choisir ?

Le premier critère était d'avoir au téléphone les entraîneurs des équipes qui me voulaient. Je ne voulais pas aller dans le club qui me donnait le plus d'argent. Mon but c'est de construire une carrière donc je souhaitais savoir ce que chaque coach comptait faire de moi. On a eu beaucoup de clubs au téléphone que ce soit en Allemagne, en France ou ailleurs et ensuite chaque semaine, on éliminait un ou deux clubs. Et à la fin, il restait Rennes et Lens qui avaient un peu le même projet pour moi. Mais je souhaitais être dans la continuité de ce que j'avais connu à Nancy avec un système à trois derrière et ce qui a déterminé mon choix.

Est-ce important de savoir qu'un coach connaît parfaitement votre profil et qu'il a déjà parfaitement envisagé vos axes de progression ?

Souvent les entraîneurs ne sont pas au courant qu'un joueur va venir. Dans certains clubs, je n'avais que le directeur sportif en zoom ou au téléphone mais pas l'entraîneur. Moi j'étais libre et j'étais un peu une pioche facile mais que ça soit à Rennes ou à Lens, les coaches avaient étudié mon profil, ils savaient sur quoi il fallait que je travaille, quelles étaient mes forces et mes faiblesses. Et surtout qu'ils regardaient mes matches. C'est ça le plus important, je suis arrivé dans un club où le coach me connaissait et pour lequel je n'étais pas simplement qu'une opportunité.

Dans les catégories de jeunes, les observateurs ne notaient pas forcément votre nom en premier et aujourd'hui vous êtes régulièrement aligné en L1. Comment décririez-vous votre progression dans ce laps de temps ?

J'ai toujours travaillé en silence, dans l'ombre. Je ne fais que deux rassemblements dans les équipes de France de jeunes donc c'est aussi pour ça que les scouts n'avaient pas noté mon nom. Et puis Nancy ne joue pas les playoffs ou des gros matches et puis j'ai percé vraiment sur ma dernière année de formation. Je n'étais pas un profil qui attirait les convoitises mais à partir du moment où j'ai joué en Ligue 2, tout le monde a pu voir de quoi j'étais capable.

Durant votre dernière année de formation, quel a été le déclic ?

Cette dernière année avait mal démarré car j'ai commencé avec la réserve et je prends deux rouges d'affilée ensuite, il y a le covid qu'il est là (les championnats des équipes réserves ont été arrêtés définitivement en octobre 2020). Ça a été difficile mentalement mais je me suis dit que je n'avais plus rien à perdre et que j'allais donner tout ce que j'avais sur les six mois restants. Après les circonstances ont fait que j'ai joué une rencontre de Coupe de France en janvier car entre les blessés et les suspendus, il n'y avait plus de défenseurs. Donc j'ai fait un gros match et je n'ai plus quitté le groupe.

La semaine dernière, vous évoquiez vos axes de progression. Sur quoi vous faut-il encore travailler en particulier ?

Je dois toujours progresser sur la concentration même si c'est un point sur lequel je me suis amélioré. Il y a toujours des moments dans un match où je vais être déconcentré et je pense que c'est dû aussi à la fatigue et à la répétition des matchs. Je n'ai pas enchaîné un grand nombre de matchs. Je dois aussi progresser tactiquement aussi. A Nancy, ce n'était pas aussi poussé qu'ici et qu'en L1 sur le plan tactique. On a un coach qui a une identité de jeu, qui observe bien les adversaires. Je dois aussi trouver cette régularité car je vais passer d'un très bon match à un autre moyen. Ce sont plus des domaines mentaux

Est-ce que par rapport à la concentration, le match contre Nantes est une de tes références ?

Sur la concentration oui, même si j'étais vraiment fatigué car on a pris un rouge tôt dans le match ce qui signifiait que derrière on jouait en un-contre-un face à deux bons attaquants donc c'était assez compliqué. Après dans les dernières minutes du match, je n'ai pas été bon. Je pouvais remporter un duel puis me rater dans la relance. J'ai manqué de régularité.

Vous parliez il y a peu de votre relation avec Cahuzac et de la manière dont il vous conseille. Pouvez-vous nous raconter ce qu'il vous dit à travers un souvenir, une anecdote ?

Avant chaque et même à la mi-temps, il vient s'asseoir à côté de moi, m'encourage, me dit que j'ai bien fait telle ou telle chose. Ou que je dois faire attention à telle ou telle autre. Après tout le monde me donne des conseils, le coach ou ses adjoints Lilian (Nalis) et Alou (Diarra). Quand j'ai remplacé Facundo Medina face à Montpellier, dans le vestiaire après le match, on avait un écran où on revoyait le match et ils me disaient de faire attention à différents points. Comme je suis jeune, tout le monde me donne des conseils.

Il paraît que vous adorez la boxe anglaise et le MMA et que vous les avez intégrés dans votre entraînement individuel. En quoi ces disciplines peuvent vous aider dans votre métier ?

Sur le plan mental. La boxe comme le MMA sont deux sports dans lesquels tu peux être vite éprouvé et il faut rester constant sur toute la séance. Je suis défenseur et à mon poste tu dois avoir une mentalité de guerrier pour remporter le duel avec les attaquants. Avec mon professeur de boxe, on a travaillé spécifiquement sur les appuis et ça m'aide quand je dois me retourner ou changer de direction.

Vous êtes d'origine camerounaise et supporter des Lions Indomptables. Pouvez-vous nous raconter votre réaction lorsque Toko Ekambi a égalisé lors du barrage retour contre l'Algérie ?

J'ai regardé le match chez moi avec des amis. Lorsque l'Algérie a marqué j'étais au bord des larmes et quand Toko Ekambi a marqué, laisse tomber… j'ai crié comme un fou. Les voisins sont même venus sonner chez moi parce que je faisais trop de bruit. C'était le feu à la maison.

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