Vingt-ans que le football français attendait ça, à savoir un nouveau titre de champion du monde. Les Bleus de Didier Deschamps l'ont conquis. Un accomplissement énorme et qu'ils ont le droit de savourer et célébrer comme il se doit. Néanmoins, au plus haut niveau, les périodes de coupure et de répit sont courtes et à mesure que le statut d'une équipe évolue, les obligations et les exigences se multiplient. La sélection tricolore n'échappera pas à ce mécanisme. Dès le mois de septembre prochain, elle entamera une nouvelle aventure et avec des objectifs nécessairement élevés.
La motivation sera la base de tout
C'est le revers de la médaille lorsqu'on est champion du monde. Avec une nouvelle étoile sur le maillot, il n'est plus question de revoir les prétentions à la baisse, mais plutôt de viser le plus haut possible systématiquement. La prochaine Coupe du Monde n'est que dans quatre ans et les Bleus ont le temps de voir venir et penser à la défense du Graal conquis en Russie. Cependant, d'ici là, il y aura d'autres compétitions à disputer et tenter ainsi de remporter. Et le défi consiste à la fois de pouvoir le faire que de trouver la motivation nécessaire en vue de ces nouvelles missions.
Car oui, se remobiliser en vue d'un nouveau challenge n'est pas la chose la plus aisée lorsqu'on vient de monter sur le toit du monde. Et l'histoire du football est riche en exemples d'équipes qui ont eu du mal à repartir de l'avant après avoir remporté le trophée suprême. Cela étant, et même s'il n'existe aucune vérité dans le football, pour l'Equipe de France il est tentant de penser qu'avec la présence de Didier Deschamps aux commandes de l'équipe le risque de relâchement est réduit. Etant un compétiteur dans l'âme, le sélectionneur tricolore saura certainement faire descendre ses troupes de leur nuage pour ensuite les remotiver en vue de ce qui les attend.
Et la première échéance qui se présente à Griezmann, Pogba et compagnie c'est la Ligue des Nations européenne. Une compétition qui vient tout juste de voir le jour et dont on peut raisonnablement douter de l'attrait. Néanmoins, les Bleus, pas moins que n'importe quelle autre équipe engagée, ne peut négliger cette épreuve. Car, en cas de consécration, en plus d'une nouvelle ligne au palmarès qu'elle pourrait offrir, elle octroiera à la fois une place au prochain Championnat d'Europe des Nations (2020) tout comme l'assurance d'un calendrier plus allégé entre 2019 et 2020. Eviter la longue route des éliminatoires est un luxe que l'Equipe de France serait bien inspirée de s'offrir.
Après ce tournoi, viendra donc l'Euro. Vaincue en finale de la précédente édition, la sélection tricolore a de très nombreuses raisons de vouloir faire mieux dans deux ans. D'abord pour effacer justement le souvenir de cette défaite contre le Portugal (0-1) que le Mondial gagné n'a que partiellement fait oublier. Ensuite, pour renouer avec le sacre dans un tournoi qui n'a toujours pas été conquis par la France au XXIe siècle. Et enfin, pour réaliser un doublé Coupe du Monde-Euro qui rappellera nécessairement de bons souvenirs, en même temps qu'il posera les bases d'un règne qu'aucune autre équipe nationale n'a réussi à imposer dans l'histoire moderne du football, à l'exception de l'Espagne (entre 2008 et 2012).
Être plus grand et… plus beau ?
Le Mondial 2022 au Qatar parait donc loin. Néanmoins, sa préparation commence dès maintenant. Il est toujours mieux de s'avancer plutôt que de se retrouver au dépourvu. Et, quand on se souvient que les deux précédentes fois où la France a joué une finale de la Coupe du Monde, le Mondial d'après avait été un vrai fiasco (2002 et 2010), il est préférable de ne rien laisser au hasard et mettre à profit les mois qui se présentent pour consolider un groupe, l'améliorer et le préparer à un immense défi. Celui du "back-to-back". Un doublé de Coupes du Monde qu'aucun pays n'a été en mesure d'accomplir depuis le Brésil de Pelé en 1962.
La France de Deschamps a déjà marqué l'histoire. Mais, il serait intéressant de le faire encore plus, surtout que tout est réuni pour. Le coach et le président de la fédération resteront en place (au moins jusqu'en 2020) et les joueurs qui ont triomphé en Russie ont une moyenne d'âge suffisamment basse (25 ans et 10 mois) pour espérer rester ensemble pendant un minimum de quatre ans. Et quand on sait tous les talents que regorge le football français et qui sont donc susceptibles d'apporter un plus à cette équipe, il serait dommage de ne pas vouloir une place encore plus grande dans l'histoire de ce jeu.
Pour finir, il y a un autre défi et non des moindres que la sélection tricolore pourrait se fixer. Non pas pour faire plaisir à ses détracteurs mais pour séduire et offrir encore plus d'émotions à tous ceux qui la supportent. Et c'est de progresser au niveau du jeu. Même un champion du monde peut avoir l'ambition de proposer plus en terme de contenu et pour cette Equipe de France, il n'est pas interdit de penser que l'objectif qui consiste à garder la meilleure rentabilité en terme de résultats puisse aller de pair avec un football plus flamboyant ou la maitrise se marie avec l'efficacité. Car si la victoire reste une finalité dans tout jeu, le spectacle n'est pas nécessairement voué à rester accessoire.
