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ENTRETIEN - Morten Olsen : "Dans le football, il n'y a pas que la gagne qui compte"

Mardi soir, l'Equipe de France affronte le Danemark lors de son dernier match de poule du Mondial. Sur le banc en face, il y aura le Norvégien Age Hareide. Ce dernier dispute sa première grande compétition internationale et c'est aussi le premier tournoi majeur depuis 1998 que la sélection scandinave aborde sans son entraineur historique, Morten Olsen. Âgé de 68 ans, ce dernier étant parti à la retraite en 2015 après quinze ans de bons et loyaux services.

Goal a retrouvé la trace de ce technicien dont le nom reste irrémédiablement rattaché au football de son pays, et aussi à quelques exploits historiques comme la victoire contre la France lors de la Coupe du Monde 2002. Depuis qu'il a quitté la scène footballistique, il profite paisiblement de sa retraite, entouré de ses proches. Un ancien entraineur qui ne s'ennuie pas cependant, puisqu'il reste très actif durant sa vie quotidienne.

Dans l'entretien qu'il nous a accordé, Olsen donne son avis sur l'équipe danoise qui affronte les Bleus mardi soir, tout en évoquant les chances tricolores durant cette Coupe du Monde. Mais, aussi et surtout, il nous fait part de sa vision du football. Il revient également sur son parcours, en expliquant ce qui a été son moteur lorsqu'il officiait sur le banc, des joies et des tristesses qu'il a vécues et aussi des relations qu'il a bâties pendant 50 années passées dans le football.  


"Un entraineur doit déléguer, respecter et faire confiance à ceux qui l'entourent"


Comment allez-vous aujourd'hui ? Vous avez quitté le football il y a presque trois ans, donnez-nous un peu de vos nouvelles ?

Morten Olsen : J'ai décidé d'arrêter parce que j'étais dans le football pendant plus de cinquante ans si j'englobe ma carrière de joueur et celle d'entraîneur. Maintenant, je pense qu'il est temps de faire autre chose. Parce que lorsque vous vous dédiez à un travail 24 heures sur 24 et pendant de si longues années, vous n'avez pas le temps de faire autre chose. Et dans la vie, il n'y a pas que le football. Il y a beaucoup d'autres choses.

Quand on a été connecté au football si longtemps n'est-ce pas difficile de vivre sans ?

Curieusement, non. Parce que c'est moi qui l'ai décidé. Lorsque vous êtes entraineur au plus haut niveau, vous n'avez pas le temps de profiter du reste de votre vie. Bien sûr, je regarde encore du football. Comme en ce moment où il y a la Coupe du Monde. La différence c'est que maintenant c'est moi-même qui décide quels sont les matches que je vais en regarder et leur nombre.

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Donc, vous regardez quelques matches de temps en temps…

Oui. Je vis d'ailleurs non loin du stade de mon ancien club d'Anderlecht. Je vois certains de leurs matches. Il y a un an, j'avais même la possibilité de prendre les commandes de l'équipe, mais je ne voulais pas revenir dans le football. Mais bien sûr, je connais beaucoup de monde (dans le football), et je regarde toujours les matches, que ça soit chez moi ou dans les stades.

Quand on est entraineur et qu'on se donne à fond dans ce métier, est-ce qu'il est difficile de se rendre compte du temps qu'on ne passe pas avec sa famille ? Du fait qu'on la délaisse ? Ou est-ce quelque chose dont on est parfaitement conscient ?

Bien sûr qu'on en est conscient. Mais je pense que si un homme, ou une femme, est ambitieux dans sa vie professionnelle ou dans n'importe quelle autre chose que vous faites dans votre vie, et dans mon cas c'était le football, vous êtes souvent absent et vous choisissez ce genre de vie.

Et est-ce que 30 ans de coaching au plus haut niveau, ça change un homme ? Ou êtes-vous resté le même, avec la même personnalité que lorsque vous aviez pris les commandes de Brondby en 1989 ?

Là, je pense que vous devez plutôt demander à l'un de mes amis pour qu'on vous réponde (rires). Mais, je ne pense pas avoir changé. Parce que je pense que pour un coach, il est important de ne pas être seul, mais être bien entouré. Vous ne pouvez pas tout faire lorsque vous êtes dans ce rôle. Certes, vous êtes l'entraineur en chef, que ça soit en club ou en sélection. Mais vous travaillez aussi avec beaucoup de professionnels et vous devez impérativement déléguer des tâches. Parfois, c'est difficile de supporter que les gens fassent le travail à votre place. Mais je pense qu'il est important, au niveau social notamment, que vous montriez aux joueurs et aux personnes qui travaillent avec vous que vous croyez en eux et en ce qu'ils font. J'ai toujours essayé de rester ce genre de personnes. A mes yeux, le respect est une valeur qui est très importante.

Vous avez été sélectionneur du Danemark pendant 15 ans. Vous arrive-t-il aujourd'hui, quand vous regardez les matches, de vous dire instinctivement et inconsciemment : "ah, ce joueur-là il faut que je l'appelle pour le prochain match ?

Non. Aujourd'hui, le Danemark a un nouveau sélectionneur. Et, les nouvelles personnes en place ont pratiquement choisi les mêmes joueurs que nous, car à la fin de ma mission j'avais beaucoup de jeunes joueurs talentueux. Et ces joueurs sont toujours là. C'était il y a seulement un ou deux ans. Mais c'est toujours intéressant de voir comment ils sont managés et la manière dont ils se comportent dans leurs clubs. Parce que je pense que vous devriez toujours comparer les prestations qui sont faites dans les clubs et celles en sélection. Mais, sinon, bien sûr que je continue à suivre tout ce beau monde. Avant tout, parce qu'ils font du bon travail pour notre pays, notre sélection.

Votre carrière d'entraineur a été très riche. Quand vous vous retournez aujourd'hui, et que vous y jetez un œil, comment la jugez-vous ?

Je pense que c'est très important quand vous regardez en arrière de se rappeler où vous avez été et d'où vous êtes parti. Je me souviens encore de mon séjour à Brondby, c'était un très bon moment. Mais aussi à Cologne et à l'Ajax. Je connais d'ailleurs beaucoup de gens qui continuent de travailler dans ces clubs-là. J'ai apprécié mon temps dans chacun de ces endroits. Et ce qui est important aussi à mes yeux c'est que tous ces gens sont heureux quand ils me revoient aujourd'hui. Et moi-même je suis heureux quand je les revois. Voilà ce qui prime.

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"À mes yeux, la victoire était importante mais la façon dont on jouait l'était tout autant"


N'y-a-t-il pas de regrets ? Peut-être quelque chose que vous auriez pu faire différemment ?

Non, parce que vous savez, en tant qu'entraîneur, et indépendamment du succès que vous avez, vous avez les possibilités de faire les choses différemment. Mais, vous êtes le patron et donc le seul décideur. Je veux dire par là que c'est à vous revient que la décision de trancher. Quand vous prenez votre décision, il y a toujours d'autres choix. Mais, au bout de compte, c'est le choix que vous faites. C'est une décision que vous avez peut-être prise en concertation avec d'autres personnes, mais vous avez toujours le dernier mot. Personne ne vous y force. Donc, pour répondre à votre question : non, je ne peux pas avoir de regrets. Absolument pas.

Mais, peut-être avez-vous refusé des propositions et qu'après réflexion vous auriez voulu ou dû accepter ? Ou le contraire peut-être : un endroit où vous n'auriez jamais dû aller ?

Peut-être bien. Bien sûr, je peux trouver des exemples. Mais, j'ai décidé de prendre en main la sélection nationale d'y rester. J'ai vu l'arrivée de nouveaux joueurs et une nouvelle génération. Et pendant ces 15 longues années, j'aurais pu changer de job, ou même prendre un autre sélection nationale. Beaucoup de clubs étaient également intéressés. Mais quand une équipe a du succès et que tout va bien, c'est aussi profitable à l'entraîneur. En tant que joueur, j'ai beaucoup baroudé durant ma carrière. Mais, en tant qu'entraîneur, j'avais la possibilité de rester quinze ans comme sélectionneur de mon pays. J'avais mon chez moi là-bas en quelque sorte. Alors, c'était indiscutablement une bonne décision.

Quel est le plus beau compliment que l'on vous a fait en tant qu'entraineur ?

Les meilleurs compliments pour un entraineur sont connus. Rendre les individualités meilleures et améliorez le rendement collectif. On en revient toujours à l'aspect collectif mais vous devez aussi rendre les joueurs meilleurs individuellement. Et il faut aussi que les joueurs qui évoluent sous vos ordres se rendent eux-mêmes meilleurs. Donc faire une bonne combinaison avec les éléments que vous avez à votre disposition, avec des joueurs qui aiment jouer ensemble et qui aiment votre philosophie et la façon dont vous jouez, c'est une grande motivation je pense. Parfois, vous avez plein de joueurs pour deux postes précis, et vous choisissez en décidant que tel et untel sont complémentaires et qu'ils se rendent meilleurs mutuellement. Et après, vous constatez que vous aviez raison. C'est plus un constat qu'un compliment, mais c'est le genre de choses que l'entraîneur aime le plus. Donc, si quelqu'un dit «cet entraîneur m'a rendu meilleur», c'est le plus grand compliment que vous pouvez recevoir.

Vous êtes connu pour être quelqu'un qui préservait une certaine proximité avec les joueurs. C'était important pour vous de garder une relation humaine avec ceux que vous entrainiez ?

Oui. Vous devez communiquer et montrer que vous êtes un être humain même si vous êtes celui qui prend les décisions. Et des décisions qui peuvent ne pas plaire à tout le monde. Et surtout aussi, peut-être pas toujours, mais essayez d'expliquer pourquoi vous avez pris telle décision. Par ailleurs, faire ce qui est intéressant non seulement sur le plan footballistique, mais aussi sur le plan humain. Toucher ce qui se cache derrière le joueur de football. C'est très important. S'intéresser éventuellement à sa famille aussi. En tant que coach, vous ne pouvez pas ignorer toutes ces choses-là, mais au contraire faire part d'un intérêt. Vous savez, je me suis toujours dit que le jour où je n'arriverai pas à écouter la musique que les joueurs écoutent dans le vestiaire, je devais arrêter ce métier. Et non pas forcément parce que la musique ne me plaisait pas. C'est juste que je pense que c'est important de savoir quel genre d'intérêt a la nouvelle génération. Comme joueur, j'ai passé vingt-ans dans les vestiaires, et je commençais déjà à regarder et à étudier la manière dont les intérêts des gens évoluent et se développent à travers le temps. Il y a constamment des changements, et vous devez accepter et respecter ce genre de choses parmi les joueurs et leurs familles aussi.

Il parait que vous leur envoyiez des cartes à chaque Noel. C'est vrai ? 

Si si, c'est vrai. Je faisais une sorte de bilan de ce qui a été fait tout au long de l'année. Il est possible que ça ennuyait certains joueurs. Mais j'en reviens à ce que je disais avait. Naturellement, un être humain apprécie de recevoir des mots de ses collègues de travail et de ses employeurs durant la période de repos ou des fêtes. Un signe qui montre qu'il n'y a pas qu'une relation professionnelle entre nous. Et c'est pour ça que je pensais c'était une bonne idée. Et d'après les échos que je recevais des joueurs, et en particulier les plus jeunes, ça leur plaisait.

Quel est le meilleur souvenir de votre carrière d'entraineur ?

Oh, il y en a tellement. Bien sûr, ce qui importe le plus c'est de gagner. Mais, pour moi, ma conception de football est toujours restée la même : il s'agissait bien sûr de gagner, mais la manière dont on se produisait était tout aussi importante. La façon dont nous jouions. Et comme joueur, j'étais aussi pareil. J'ai eu la chance de jouer dans des équipes avec lesquelles je pouvais jouer le football que j'aime, et j'ai continué en tant qu'entraîneur. Dans la mesure du possible évidemment. Bien sûr, la gagne reste au-dessus de tout. À fortiori lorsque vous n'avez que quelques matches par an et que chaque faux-pas peut être préjudiciable en vue d'une qualification pour un tournoi. Même si vous ne jouez pas bien, vous devez gagner des points. Sinon, vous n'êtes pas qualifié. Il n'empêche, je pense que le plus important dans ce jeu, c'est les joueurs et le public. Et le public, il aime les victoires mais il aime aussi voir un beau football. Ce sont les deux choses les plus importantes. Et pour en revenir à votre question : bien sûr, lorsque vous vous qualifiez pour les grands tournois ou que vous jouiez les demi-finales et les finales de compétitions de clubs ou que vous remportiez des coupes européennes, vous vous en souvenez pour de bon. Mais, moi je me rappelle aussi les quatre ou cinq fois durant ma vie d'entraîneur où l'adversaire a marqué un but à la dernière minute d'un match et que ça nous a été fatal. Ce sont des moments vraiment terribles. Le football est fait de hauts et de bas. Et il y a des moments où tu sais dans quel état se trouve le vestiaire avant même que tu n'y pénètres. Je disais parfois aux joueurs, jouez pour le vestiaire après le match, pour qu'il y ait une bonne ambiance. Et, bien sûr, le vestiaire est un endroit fantastique quand tu gagnes. Mais il peut aussi être terrible quand tu perds.

Vous parlez de cette nécessité de bien jouer tout en gagnant. Mais, ne pensez-vous que cette idée de football vous a parfois desservi ? En d'autres termes, vous avez parfois manqué de pragmatisme.

Non je ne pense pas. Parfois, il se peut qu'on vous comprenne mal. Parce que s'ils vous voient prôner un bon football, un football offensif, beaucoup de gens vous étiquettent de romantique. Ils disent que vous êtes un doux-rêveur. Moi je leurs réponds que je cherche constamment comment gagner, mais je pense que dans le football ce qui est fantastique, c'est la façon dont vous gagnez. De nos jours, il y a beaucoup de football que je n'aime pas voir. Mais il y en a aussi d'autres que j'apprécie. Tiens, prenez la Ligue des Champions cette année, à partir des quarts ou des huitièmes, nous pouvions voir un bon football, comme celui pratiqué par Liverpool. C'est le genre de football que vous voulez jouer, mais aussi regarder. Et lorsqu'il y a une équipe qui pratique ce genre de jeu, le football n'en sort généralement que gagnant.

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"Je disais aux joueurs : faites en sorte que le vestiaire soit un bon endroit après le match"


Votre attirance pour un football technique et un football offensif, n'était-ce pas incompatible parfois avec les outils et les joueurs que vous aviez au Danemark ?

Non je ne pense pas. Je vais vous raconter une histoire. Lorsque j'ai rejoint Cologne en 1993, Cologne était dernier en Bundesliga et il restait 5 ou 6 matches avant la fin du championnat. En arrivant, j'ai dit aux joueurs : "Ne défendons pas le but, défendons le ballon". Ils étaient circonspects et avaient l'air de me dire : "mais qu'est-ce qu'il nous raconte celui-là, nous sommes la pire équipe du championnat". Je veux dire par-là qu'il serait toujours préférable de se montrer conquérant dans le jeu, que de rester recroquevillé dans ses 16 mètres. Il n'y a aucune philosophie ou une idée de jeu qui garantit la victoire, mais au moins vous avez une idée de ce que vous devez faire pour essayer de gagner et ne pas perdre. Pour moi, c'était facile. Très facile même. Et il n'y avait aucun doute dans mon esprit. Vous devez croire en un type de football avec lequel vous gagnez plus de matches que vous n'en perdez.

La victoire contre la France lors de la Coupe du Monde 2002, cela reste certainement un moment particulier pour vous, n'est-ce pas ?

Oui bien sûr. C'était une Coupe du Monde et nous avons joué une grande Equipe de France. Nous nous frottions au vainqueur du Mondial 1998 et de l'Euro 2000. C'était une grande victoire pour nous, c'est sûr. Mais, à mes yeux, il y a aussi d'autres matches où nous avons joué un football très attrayant. Exactement celui qu'on voulait produire. Et il y avait la victoire au bout. Je peux citer beaucoup de ces matches-là. Et c'est là que l'entraineur prend le plus de plaisir, et les supporters aussi. L'équipe et les joueurs se régalent également. Bien sûr, ce match contre la France était une sorte de coup de maitre car en plus de l'identité de l'adversaire en face, cela nous assurait une qualification en huitièmes. Et c'est sûr qu'on n'en a pas vécu beaucoup des comme ça. Pour les entraîneurs et les joueurs, c'était quelque chose d'unique.

Ce jour-là, pensez-vous que c'est le Danemark qui a sorti un très grand match. Ou c'est la France qui s'est totalement écroulée ?

Oui peut-être. Mais vous savez, si vous connaissez beaucoup de succès pendant tant d'années et avec la même équipe, vient toujours le moment où vous chutez et où vous perdez. En plus, il n'y a pas que nous qui les avions battus cette année-là. Le Sénégal aussi. C'était un grand pas en arrière pour la France.

Un fiasco comme celui de 2002 n'est plus imaginable pour la France ?

N'ont-ils pas connu la même chose en 2010 en Afrique du Sud ? Tout peut arriver parce que ce sont des êtres humains, et si sur le plan social, le groupe ne vit pas bien alors on rencontre des problèmes. Il ne s'agit donc pas seulement de football, mais aussi d'être bien ensemble pendant longtemps. Et certaines équipes peuvent mieux vivre ensemble que d'autres. Mais si l'on regarde la qualité du football, la France sera toujours parmi les favoris des grands tournois.

Et quel est le souvenir plus douloureux de votre carrière ?

Non, je ne peux pas vous le dire. De la même manière que je ne peux pas vous dire quel était le meilleur moment, je ne peux pas vous en sélectionner le pire. Mais ce que je peux vous dire c'est que lorsque vous perdez lors des dernières minutes d'une partie, c'est toujours douloureux et pénible. C'est ce qu'on a connu à l'Euro 2012, où nous manquons la qualification pour les quarts de finale après un but du Portugal dans les dernières minutes de la rencontre. C'était, bien sûr, un moment terrible. Et il y a aussi l'aventure à Brondby, en 1991. Nous étions proches d'une finale de Coupe de l'UEFA et avons perdu la qualification à deux minutes de la fin. C'était la meilleure performance de l'histoire pour un club danois. Et, bien sûr, c'était très compliqué à vivre.

Quinze ans à la tête d'une sélection nationale. Ce n'est pas habituel de nos jours. Est-ce pour vous une fierté d'être resté aussi longtemps.

Oui bien sûr. J'ai eu la possibilité de travailler très longtemps mon pays. Déjà pour un joueur, c'est l'ambition ultime que de servir son pays et sa sélection. Et ce n'est pas différent pour un entraineur.

Durant cette période, le Danemark a disputé quatre phases finales de tournois internationaux. Pensez-vous que vous auriez pu faire mieux ?

Oui. Mais vous savez dans le football, et les gens n'aiment pas l'entendre, c'est aussi une question de chance. Parfois, ça se joue sur de mauvaises décisions de l'arbitre, du ballon qui touche le poteau au lieu de rentrer…En huit phases de qualification que nous avons fait avec le Danemark, nous nous sommes qualifiés comme premiers du groupe à quatre reprises. Et il y a aussi eu deux fois où la qualification s'est jouée lors de la dernière journée ou lors des barrages et où on ne s'est pas qualifié, comme contre la Suède (2015, ndlr). Et durant cette campagne qualificative, l'Albanie a gagné 3-0 contre la Serbie et à cause de cela ils se sont qualifiés à notre détriment. Mais vous devez accepter cela. C'est très difficile, mais c'est la loi du jeu. Cela fait partie du football, même si parfois c'est très dur. Je pense donc que nous aurions pu nous qualifier pour trois autres tournois majeurs. Mais cela ne s'est pas fait et il faut l'accepter.

Partir sur cette défaite contre la Suède en éliminatoires de l'Euro n'était-ce pas un peu difficile ?

Bien sûr que ça l'était. Parce que, nous espérions nous qualifier. Et normalement, nous devions nous qualifier et pas nécessairement via les barrages. Je pensais que nous avions l'équipe pour le faire. Mais cela s'est joué sur deux matches et lors de ces deux matches, Zlatan Ibrahimovic, qui n'a jamais marqué contre le Danemark durant la période où j'étais sélectionneur (6 ou 7 matches), en a inscrit et à chaque fois sur des coups de pied arrêtés. Cela nous a couté cher, et à la fin ce sont eux qui ont jubilé.

S'il y avait eu qualification, auriez-vous poursuivi votre mission après l'Euro 2016 ?

Non, parce que l'année d'avant, j'avais dit que c'était ma dernière campagne de qualification. Donc tout le monde savait. Ma décision n'est donc pas survenue après cette défaite contre la Suède. J'ai dû anticiper pour que la fédération ait le temps de trouver un nouvel entraineur et préparer l'avenir.

Etes-vous optimiste pour la sélection danoise au vu du chemin qui est entrepris avec le nouvel entraineur ?

Il y a beaucoup de talents et de jeunes joueurs. Et ils peuvent franchir le premier tour, je pense (*). Mais, vous savez, la Coupe du Monde ou la Coupe d'Europe, tout dépend de la forme du jour pendant une période de 3 ou 4 semaines. Quel genre de joueurs vous avez et quel genre de blessures ont certains joueurs. Et pour le Danemark, les défections pour blessure, on ne peut pas les ignorer. Donc, je ne me prononcerai pas. Mais c'est sûr que cette équipe est talentueuse et a de sérieuses chances d'aller en 8es à condition que tout le monde soit opérationnel.

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"La France peut se permettre d'avoir des blessés, pas le Danemark"


Christian Eriksen, à quel point il est important pour le Danemark aujourd'hui ? Pensez-vous qu'il a évolué, changé son jeu depuis qu'il est entrainé par Mauricio Pochettino ?

Je pense qu'il était à la bonne école, à Ajax. Mais, vous savez que le plus important pour les joueurs de football est de rejoindre un endroit où vos qualités correspondent au football qui est mis en place, que ce soit avec un club ou un championnat. Et je pense qu'il a fait le bon choix en optant pour Tottenham. Ca a toujours été un club qui jouait à un bon football. Il grandit, et il est aussi meilleur en sélection nationale. Parce que tous le dimanche, il joue contre les meilleures équipes et les meilleurs joueurs. Et quand tu apprends de tes erreurs, tu grandis forcément. Et sur le plan humain, c'est un gars fantastique. Très ambitieux. C'est déjà un joueur de premier plan, et il est prêt pour une équipe comme Barcelone ou le Real Madrid. En tous cas pour la sélection danoise, il est déjà très important.

Un mot sur la France, la voyez-vous remporter la Coupe du Monde cette année ?

Si la France a des blessés, ou l'Espagne, ou l'Allemagne ou l'Angleterre, ce n'est pas la même chose que si le Danemark a des blessés. Ils ont beaucoup de joueurs qui jouent dans les plus grands championnats. Des joueurs fantastiques. Parfois, les trois premiers matchs ne sont pas très bons, mais de nombreux joueurs reviennent et ça va en crescendo. Il n'y a que très peu d'occasions de jouer ce genre de tournoi dans une carrière, donc tout le monde est motivé. Et je pense que la France reste toujours comme l'un des favoris.

Vous parliez de l'Angleterre. Si on compare cette sélection à celle qui vous a éliminé en 2002, n'y-a-t-il pas une trop grande différence de qualité ?

Je ne pense pas qu'on peut faire ce genre de comparaisons. Je pense qu'en 2002, nous avons perdu 0-3 contre eux mais nous étions la meilleure équipe sur le terrain. C'était fou. Ok, nous avons fait quelques erreurs ... Mais je pense que maintenant, ils ont aussi beaucoup de talents et de jeunes joueurs. Mais les joueurs talentueux ne suffisent pas. Vous devez gagner des matches. Et si vous perdez juste une fois, vous pouvez être éliminé. Et c'est le problème pour toutes les équipes nationales. Dans les clubs, vous pouvez avoir quelques mauvais matchs pendant une saison, mais en sélection, vous devez gagner chaque match. Le faux-pas est interdit.

 (*) Interview réalisée avant le début de la Coupe du Monde

Propos recueillis par Naïm Beneddra

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