"Entraîner l’équipe nationale de mon pays est un devoir. Si je me lance dans ce métier, ce sera un devoir à un moment donné d’apporter mon expérience et ma connaissance à mon beau et cher pays le Cameroun." La semaine dernière, Samuel Eto'o a mis le feu aux poudres en affichant son désir d'entraîner les Lions Indomptables. Une bonne idée pour l'attaquant camerounais Jacques Zoua (Astra, ROU), qui s'est confié à Goal après la qualification pour la CAN 2019 (du 21 juin au 19 juillet).
Le Cameroun a validé son billet pour la CAN en battant les Comores (3-0). Quel est votre sentiment après cette qualification ? Une fierté ? Un soulagement ?
Jacques Zoua : C'est toujours une fierté de se qualifier pour une phase finale de Coupe d'Afrique. C'était notre objectif, on l'a atteint et on est tous très contents, que ce soit les joueurs, le staff et les supporters. Il y avait une super ambiance. Tout le monde a dansé dans le vestiaire comme à l'hôtel après le match. C'était une grande fête pour tout le monde, et c'est aussi ça notre force. Au Cameroun, on gagne ensemble et on perd ensemble.
En face, il y avait une équipe qui était déterminée à décrocher sa première qualification pour la CAN. Ils étaient outsiders, mais vous ne les avez pas pris de haut pour autant.
On a préparé le match comme si on jouait une très grosse nation, avec beaucoup de sérieux et d'engagement toute la semaine. Certes ce n'était que les Comores, mais on les savait capables de nous surprendre. On les a beaucoup respectés et c'est pour ça que le résultat a été autant en notre faveur je pense.
Vous n'avez pas joué à cause d'une blessure, comment l'avez-vous vécu ?
Pendant le match, c'était difficile. J'étais sur le banc, j'avais envie d'apporter quelque chose, d'être sur le terrain pour aider mes coéquipiers tout en sachant que je ne pourrai pas jouer. Mais notre force c'est le groupe et tous les joueurs se sont vraiment défoncés sur le terrain.
Rappelons que le Cameroun s'est vu retirer l’organisation de la prochaine Coupe d’Afrique des Nations il y a quelques mois. Avez-vous digéré cette décision ?
C'est difficile à digérer. On était très heureux d'organiser la CAN, mais ce n'est que partie remise. Si la Confédération africaine a décidé de nous retirer l'organisation, c'est qu'ils doivent avoir de bonnes raisons et il faut les accepter. Là, on va avoir du temps pour se préparer et faire quelque chose de bien dans deux ans. On va pouvoir faire plus que ce qui était prévu au départ. Du coup, je pense que ça peut être un mal pour un bien finalement.
"Seedorf ? Pour lui, il est déjà Camerounais"
Sur quelle échelle placez-vous le Cameroun pour la CAN en Égypte ? Serez-vous le grand favori en tant que tenant du titre ?
Sur le papier, on sera favori, c'est sûr parce qu'on est le tenant du titre. C'est une pression qu'on ne doit pas avoir pour autant. On doit aller là-bas avec l'ambition de conserver notre titre et je pense qu'on est en capacité de le faire.

Vous étiez de l'aventure en 2017. Comparé à l'équipe championne d'Afrique, où se situe le Cameroun d'aujourd'hui ?
Honnêtement, je pense qu'on est dans le même esprit. On est sur la même base. On essaye toujours de faire mieux, on a un bon groupe avec de bons joueurs et un bon staff, comme il y a deux ans, et ça peut faire notre force à la CAN l'été prochain.
Pourtant, le staff a changé depuis avec l'arrivée de Clarence Seedorf en tant que sélectionneur. Que pouvez-vous nous dire sur lui et que vous apporte-t-il ?
Il a connu le très haut-niveau en tant que joueur et nous apporte beaucoup. Il fait du bon boulot, Il parle souvent avec nous, tente d'apporter son professionnalisme. Il s'est très bien intégré et pour lui il est déjà camerounais. Il a aussi un très bon staff avec Patrick Kluivert, Jean-Alain Boumsong et Joël Epalle. Ce sont des gens qui nous comprennent, qui savent ce que l'on vit, avec lesquels il est facile de travailler. Leur présence est très bénéfique pour nous.
Samuel Eto'o a récemment affiché sa volonté d'entraîner un jour le Cameroun. Est-ce une bonne idée selon vous et ferait-il un bon sélectionneur ?
Il peut faire un bon sélectionneur et ça ne peut être qu'une bonne idée. Comme Seedorf, il a joué au très haut-niveau. C'est quelqu'un qui connaît le métier et je pense que c'est plus facile pour quelqu'un comme lui de gérer un groupe. En plus, il a joué pour la sélection et il connaît les problèmes qu'il peut y avoir.
Propos recueillis par Benjamin Quarez


