La Pologne fait ce mardi son entrée en lice en Coupe du Monde. La sélection d'Adam Nawalka se mesure au Sénégal pour le compte du Groupe H. Quatre de finalistes du dernier Euro et 8es au classement FIFA, les Aigles n'ont pas l'intention de faire de la figuration en Russie. Ils sont aussi déterminés à briser la malédiction en franchissant le premier tour du tournoi pour la première fois depuis 1986. Peuvent-ils créer la sensation et s'inviter à la table des grands ? Un certain Andrzej Szarmach en est convaincu.
International polonais entre 1973 et 1982 (trois Coupes du Monde disputées), Szarmach est l'une des figures emblématiques du football polonais. Il a aussi une belle renommée en France puisqu'il a longtemps brillé à l'AJ Auxerre. Il détient d'ailleurs toujours le record de buts inscrits sous le maillot de l'équipe bourguignonne (100 buts en 109 matches). Goal l'a retrouvé pour qu'il nous donne de ses nouvelles et qu'il nous parle de la sélection de son pays. Une équipe sur laquelle il nourrit énormément d'espoirs.
"La sélection polonaise actuelle peut faire mieux que la nôtre"
Pour commencer, comment allez-vous ? En France, on ne vous voit plus très souvent.
J'habite pourtant toujours à Angoulême, avec ma petite famille. Vous ne me voyez plus trop dans le monde du football peut-être, mais c'est parce que j'ai arrêté mes activités d'entraineur. Aujourd'hui, je m'occupe donc de ma famille et de mes petits-enfants.
Vous avez gardé beaucoup d'amis dans le football français, des attaches ?
Bien sûr, j'ai toujours des contacts avec quelques anciens joueurs. Ceux que j'ai eus comme coéquipiers. Que ça soit en Pologne ou en France.
Etes-vous triste et malheureux de ce qui arrive à votre ancien club d'Auxerre, qui végète en Ligue 2 désormais ?
Pas spécialement. Le club marchait très bien à l'époque. Aujourd'hui, ça va un peu moins bien. Il y a des problèmes, mais je ne sais pas de quel genre. L'équipe est en Ligue 2, en bas de tableau. Je n'ai pas de nouvelles, car mes amis qui étaient là-bas comme Dominique Cuperly ou Joël Bats n'y sont plus. Je n'ai pas vraiment de contacts avec le club aujourd'hui.
Etre toujours le meilleur buteur de ce club, est-ce l'une de vos principales fiertés ?
Oui, bien sûr. Je suis allé à Auxerre pour jouer au football et faire mon travail d'attaquant. J'ai pu marquer quelques buts. Je suis toujours le premier, mais j'espère qu'il y aura d'attaquants qui vont me dépasser à l'avenir. C'est faisable.
Vous avez joué trois Coupes du Monde avec votre pays. Quelle est celle dont vous gardez le meilleur souvenir ?
Le meilleur souvenir, c'est toujours le premier. Celle de 1974 en Allemagne donc. On est partis pour cette Coupe du Monde en n'étant pas très connus vis-à-vis des autres sélections. Nous, on ne savait pas où on allait, ni le résultat qu'on allait pouvoir accomplir. Finalement, on est arrivés jusqu'en demi-finales et on était tous très contents. Et c'était la première fois que c'était arrivé dans l'histoire de la Pologne.
Pensez-vous que la sélection de la Pologne dans laquelle vous avez joué dans les années 70 et 80 est la meilleure qu'ait connue le pays ?
On ne peut pas savoir. Il se peut que l'équipe actuelle réalise un meilleur résultat que la nôtre. J'espère vraiment qu'ils signeront un aussi bon résultat. Et pourquoi pas mieux même. Ils peuvent gagner la Coupe du Monde. On ne sait jamais. Dans le football, tout le monde peut gagner contre tout le monde.
Ne pas avoir gagné un titre, un trophée avec cette belle équipe de Pologne, cela vous laisse-t-il des regrets ?
C'est vrai qu'on n'était pas loin. On aurait pu le faire la première fois en 1974. On arrive en demi-finale et on la joue dans des conditions compliquées (ndlr, contre la RFA). Il y avait beaucoup d'eau, la pelouse était trempée. On aurait pu faire mieux c'est vrai, mais on était quand même contents d'arriver jusqu'à ce stade-là.
Vous pensez vraiment que la sélection actuelle peut remporter le Mondial ?
Pourquoi pas ? Dans le football, tout est possible. Il n'y a pas vraiment de favori. La Pologne peut très bien arriver jusqu'à la finale et pourquoi pas la gagner.
"Lewandowski n'est pas irremplaçable"
Sans Robert Lewandowski, serait-ce une sélection ordinaire, normale ?
C'est vrai que c'est un très grand joueur. Mais, il n'y a pas de joueur irremplaçable. Il n'est pas impossible que celui qui prenne sa place fasse aussi bien, voire mieux. On ne peut pas le savoir.
Que pensez-vous de l'Equipe de France ? Est-elle armée pour remporter la Coupe du Monde ?
Actuellement, je pense que c'est une très bonne équipe et je la vois aller très loin.
Il y a peut-être un attaquant au sein de cette sélection tricolore qui vous plait. A vous l'ancien buteur…
Un joueur, tout seul, qu'il soit le meilleur attaquant du monde, il ne va pas faire gagner le Mondial à lui seul. La sélection française est homogène et tout le monde sait où et comment il doit jouer. C'est l'une des meilleurs sélections en Europe et au monde.
Pour finir, est-ce que vous êtes resté en contact avec Guy Roux ? Aujourd'hui encore, il vous loue et vous cite souvent parmi les meilleurs joueurs qu'il a eu à coacher…
Ça fait un moment que je ne suis pas allé là-bas à Auxerre. Je n'ai donc pas eu spécialement de contacts avec Guy Roux ou les autres entraineurs.
Propos recueillis par Naïm Beneddra