aljosa asanovic bixente lizarazu - france 2 croatia 1 - world cup 1998Getty Images

ENTRETIEN - Aljosa Asanovic : "La Croatie a les atouts pour se hisser dans le dernier carré"

Il y a vingt-ans, avec ses coéquipiers de la sélection au damier, il avait fait trembler l'Equipe de France en demi-finale du Mondial. Un match de légende qu'Aljosa Asanovic n'a absolument pas oublié. Pour Goal , l'ancien international croate s'est remémoré cette empoignade, non sans un soupçon d'amertume en raison de l'issue que celle-ci a connue. L'ex-joueur de Cannes, de Montpellier et de Metz reste cependant fier de cette aventure en terre française et de sa contribution à l'une des plus belles pages du football croate.

Tout en ressassant le passé, Asanovic (52 ans), qui opère aujourd'hui comme entraîneur à Melbourne Knights (D2 australienne), évoque le présent et cette Coupe du Monde en Russie. Séduit par le potentiel de la bande à Zlatko Dalic, il est convaincu que la sélection de son pays peut réaliser un gros coup cet été. Il la voit même réediter la performance de 1998 en atteignant le dernier carré de la compétition. 

Racontez-nous ce que vous faites aujourd'hui. Et cette expérience à Melbourne Knights.

Tout va bien. Je suis très content, parce que j'exerce dans un pays qui est très intéressant. Et au sein de ce club de Melbourne Kinghts et de ses supporters, il y a une très grande communauté de Croates. Je suis venu pour aider et apporter mon vécu à ce club et cette équipe. On verra ce que ça va donner.

Quels souvenirs gardez-vous de la Coupe du Monde 1998 ?

Vingt ans après, il ne me reste que de joyeux souvenirs de cette édition de Mondial. Des souvenirs de cette belle aventure avec une bande de copains. C'était vraiment quelque chose de fabuleux. C'était aussi quelque chose d'unique, car vous savez, la Croatie ce n'est qu'un petit pays. Et faire ce qu'on a fait, ça nous a rendus tous si fiers, si heureux. Se rappeler de ce tournoi est toujours un plaisir. Mais, aujourd'hui aussi, on a une très bonne sélection. Peut-être même la meilleure qu'on ait eue, avec de grandes stars qui évoluent au Real, au Barça et à la Juventus. J'espère et je crois même que cette génération va faire mieux que nous.

aljosa asanovic bixente lizarazu - france 2 croatia 1 - world cup 1998Getty Images

Ce Mondial en France, était-ce la plus belle expérience de votre carrière ? Sur le plan humain et au niveau des émotions vécues ?

Oui, bien sûr. C'était vraiment des émotions à part. Empiler les bons résultats comme on l'a fait, et pour un pays comme la Croatie c'était exceptionnel. Mais, encore une fois, c'est la sélection actuelle qui mérite toute l'attention. La pression et les attentes sont très importantes sur cette équipe. Et c'est normal car il y a beaucoup de grands joueurs. Et tout le monde pense qu'ils sont suffisamment bons pour aller très loin. Et pour moi, ils peuvent aller au moins en demi-finales. Dans le football, tout est possible et chaque match est un nouveau défi. Mais, ce qui est sûr c'est qu'on a une sélection très forte.

Vous pensez donc vraiment que la sélection actuelle peut faire aussi bien que la vôtre ?

Absolument. Il y a un groupe de qualité. Je serais vraiment surpris si on ne parvenait pas au moins en huitièmes de finale. Dans notre groupe, il y a bien sûr l'Argentine qui est le favori. Après, il y a le Nigeria et l'Islande et on verra ce qui se passera. Moi, en tous cas, je nous vois atteindre les demi-finales. Et après, quand on est en demis, tout peut se passer.

Quand vous repensez à la Coupe du Monde 1998, ce n'est que du positif ? Ou y a-t-il une petite dose de regrets de ne pas être allés jusqu'au bout ?

C'est vrai qu'on était très proches du titre. On aurait pu jouer la finale. Si Lilian Thuram ne marque pas ces deux buts, on ne perd jamais ce match. Mais, c'est comme ça que ça s'est passé et c'est le football. Et c'est ce qui fait son charme. C'est pour cette raison que c'est le sport le plus passionnant au monde. On ne sait jamais ce qui peut se produire lors d'une rencontre. Parfois des grandes équipes perdent des matches, et des petites créent des surprises. Et parfois la logique est respectée.

Justement, le doublé de Thuram vous y pensez encore ? C'était quelque chose de très surprenant à l'époque.

Ca l'était pour vous les Français, alors imaginez pour nous. On ne s'y attendait pas, et c'est arrivé. Et la France s'est qualifiée pour la finale. Avec le recul, je pense qu'on a été très malchanceux lors de ce match. Car on a été très bons. On a tout fait pour l'emporter. Finalement, la France a gagné et a dominé largement le Brésil dans la foulée. Ils ont été champions du monde et c'est la seule vérité au final. 

Quels sont vos favoris pour la prochaine Coupe du Monde ?

Il y en a beaucoup. Je peux vous citer l'Allemagne, la France, l'Espagne, le Brésil et l'Argentine. Et peut-être que la Croatie arrivera à se hisser au niveau de ces équipes-là.

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Que pensez-vous de l'Equipe de France ? A-t-elle les armes pour aller au bout et répéter son exploit de 1998 ?

C'est difficile de comparer avec la sélection d'il y a vingt ans. A l'époque, ils avaient, selon moi, la meilleure équipe de leur histoire. Aujourd'hui, au sein de votre sélection, je vois beaucoup de bons et talentueux joueurs, mais je ne vois pas de joueur de classe mondiale comme Zinédine Zidane pouvait l'être par exemple. Mais, c'est sûr que cette sélection est très forte et il serait très intéressant de voir comment elle va se produire durant cette Coupe du Monde.

Gardez-vous un bon souvenir de votre passage en France lorsque vous étiez joueur, à Metz, à Cannes et à Montpellier ?

Bien sûr. Et j'ai beaucoup aimé votre pays. J'y ai gardé d'ailleurs énormément d'amis. Je n'ai que de très bons souvenirs de mes quatre années passées en France. Des souvenirs magnifiques même.

Si vous pouviez nous citer des personnes que vous avez connu en France et que vous souhaiteriez revoir, ça serait qui ?

Oh, il y en a tellement, vous savez. Personnellement, je suis très heureux de voir aujourd'hui Zizou réussir comme entraîneur au Real Madrid. Vraiment, c'est l'homme parfait, à l'endroit parfait et au moment parfait.  

Et vous ? Vous êtes aujourd'hui entraîneur en chef à Melbourne, mais avez-vous l'ambition de prendre dans le futur une équipe européenne. Voire une sélection nationale ?

Pourquoi pas ? Bien sûr que j'ai l'ambition de coacher un jour en Europe. Que ça soit un club ou une sélection nationale. Mais, cela dit, je me plais ici et je suis très heureux du travail qu'on fait à Melbourne. On verra ce qui se passera dans le futur.

Votre expérience avec Slaven Bilic, dont vous avez été l'adjoint en sélection nationale, elle vous a été utile ? Vous avez apprécié travailler avec lui ?

Oui, j'ai pris beaucoup de plaisir à travailler avec l'équipe nationale et au côté d'un entraineur comme Slaven Bilic. On a d'ailleurs aussi travaillé ensemble au Lokomotiv Moscou. A l'époque, il était sûrement l'un des jeunes coaches les plus talentueux en Europe. Et c'est aussi un très grand homme. Pouvoir l'assister et coacher avec lui, c'était vraiment quelque chose d'excellent. Et je suis très content d'avoir été à ses côtés pendant autant d'années. 

Propos recueillis par Naïm Beneddra

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