grafica Emerson Palmieri 16.9Getty Images

Emerson Palmieri : “De Zerbi m’apporte beaucoup, Sabatini m’a transformé”

Dans cette interview exclusive accordée à Calciomercato, Emerson Palmieri, le nouveau latéral de l’Olympique de Marseille, se livre sans filtre. Il évoque son arrivée dans le club phocéen, sa relation avec l’entraîneur De Zerbi, ainsi que l’influence déterminante de Walter Sabatini sur sa carrière. Il revient aussi sur ses débuts en Italie, son lien avec son frère, et son rêve de retrouver la sélection nationale italienne. Une ambition qu’il nourrit avec passion. À travers des confidences sincères et une vision humaine du football, Emerson dévoile les coulisses de son parcours et ses motivations profondes.

"De Zerbi est une personne spéciale : il met une passion que je n’avais jamais vue de ma vie"

Le grand sourire d’Emerson, c’est celui de quelqu’un qui, quelques heures plus tôt, avait (largement) gagné en Ligue des Champions contre l’Ajax. Quelle impression t’a procurée une ambiance comme celle-là, avec plus de 65 000 spectateurs au Vélodrome ?
« Ça donne une grande motivation. Les supporters nous ont soutenus jusqu’à la fin, et j’imagine que pour les adversaires, cela génère beaucoup de pression. On m’avait toujours parlé de l’amour de ce club, et l’impact a été vraiment chaleureux. Je n’avais jamais vu quelque chose de pareil. »

Comment s’est passée ta première ?
« Le match contre Lorient, je pensais que ce serait comme les autres, mais dès ce jour-là j’ai compris que j’étais arrivé dans un environnement différent. »

Tu as signé à l’OM le dernier jour du mercato. Que s’est-il passé dans les heures précédant la signature ?
« Deux semaines avant, j’avais déjà donné mon accord à De Zerbi. Il ne restait que l’accord entre clubs. J’étais un peu nerveux, j’avais peur qu’on ne trouve pas d’intesa, mais le coach et Benatia voulaient tellement que j’attende jusqu’à la fin. »

Y avait-il un risque que l’opération n’aboutisse pas ?
« Oui, je le craignais, parce que je suis un homme de parole, mais tout ne dépendait pas de moi. Avant le transfert, j’ai passé 50 jours à m’entraîner seul. West Ham ne baissait pas ses exigences, mais je suis resté calme parce que je savais que Marseille existait. »

Quelle a été ta force dans cette période d’attente ?
« La présence de mon frère : il est venu du Brésil à Londres pour être avec moi. Et quand Marseille est entré en jeu, il m’a conseillé d’accepter immédiatement parce que ce serait une expérience unique. »

Malta v Italy: Group C - UEFA EURO 2024 Qualifying RoundGetty Images

Quel type d’entraîneur est De Zerbi ?
« Une personne spéciale. J’ai eu beaucoup de techniciens au cours de ma carrière, mais je n’ai jamais rencontré quelqu’un comme lui. Sur le terrain, il met une passion que je n’avais jamais vue de ma vie. »

Et qu’est-ce qui le rend spécial ?
« Il valorise l’aspect humain. Et cela, les joueurs le ressentent. Avec lui, on peut parler de tout. Ce n’est pas seulement un coach, mais quelqu’un qui te veut du bien. »

Peux-tu donner un exemple concret ?
« Avant que j’arrive à Marseille, il m’avait dit que si j’avais besoin de quelque chose pour ma femme ou mes enfants, il serait là pour m’aider. »

Quel est ton souvenir le plus fort de la victoire face au PSG ?
« Le moment du but. On venait d’un revers contre le Real Madrid malgré une bonne prestation. Quand on a marqué, j’ai immédiatement dit aux autres : “on va gagner.” Il y avait une ambiance folle. C’était impossible de perdre. »

"Gagner l’Euro a été magnifique, et je fais tout pour revenir en azzurro"

Dans une ancienne interview, tu dis que ton idole, c’est ton frère. Pourquoi ?
« Il a cinq ans de plus que moi. J’ai grandi en regardant ses matchs, et si j’ai commencé le foot, c’est grâce à lui. Quand j’avais 5-6 ans, après ses matchs je descendais toujours sur le terrain pour jouer avec lui. Sans lui qui me poussait, je ne sais pas si je serais devenu footballeur. »

Tu racontes qu’à Santos, Neymar t’a rasé les cheveux à zéro. Que retiens-tu de ce moment ?
« J’étais juste monté en première équipe après avoir remporté la plus grande coupe de jeunes du Brésil. Neymar s’est approché et m’a dit : “Félicitations pour tout, mais ici ça fonctionne comme ça.” C’était un rite d’initiation, ça a dû arriver à Felipe Anderson aussi. »

Quel style il t’avait fait ?
« Laisse tomber, c’était très très mauvais… Mais si tu es un jeune, et que quelqu’un comme Neymar vient plaisanter avec toi, c’est toujours beau. Les cheveux repoussent après. »

En 2014, tu arrives à Palerme. Quel est ton premier souvenir de l’Italie ?
« J’avais 19 ans, un peu peur, c’était la première fois loin de chez moi. Dybala m’a beaucoup aidé parce qu’il parlait espagnol. Mais au bout de quelques semaines, j’ai tout de suite ressenti la chaleur des gens, je me suis tout de suite senti chez moi. »

En quoi Dybala t’a-t-il aidé ?
« Souvent, il traduisait les discours d’Iachini ; quand il parlait vite, je ne comprenais pas. »

Après deux ans et demi à la Roma, qu’est-ce qui t’a marqué ?
« Je vous raconte : quand j’étais à Palerme et que j’avais un jour de libre, j’allais souvent visiter Rome. »

La capitale était dans ton destin ?
« Il y a beaucoup de belles choses là-bas. Sur le plan footballistique, je peux dire que j’ai partagé le vestiaire avec Francesco Totti. »

Qu’est-ce que ça signifie pour toi ?
« Jouer avec lui, ça met un peu de pression de base. Mais il me rassurait, il est très disponible et ouvert au dialogue. »

Comment est née l’idée d’aller à la Roma ?
« Dernière journée du championnat 2013/14, Roma-Palerme. Je suis entré en seconde période, et après le match, Walter Sabatini s’approche : “Je ne te connaissais pas, félicitations.” En fin de saison, je retournai au Santos, j’étais déjà en vacances dans ma tête, mais 15 jours après, mon agent m’appelle pour me dire que Sabatini me veut à la Roma. »

Bingo ?
« Il a été la personne qui a changé ma vie. Quand je regarde en arrière, je vois un garçon de 19 ans qui ne trouve pas beaucoup de temps de jeu à Palerme et reste deux mois à l’arrêt pour blessure. Dans ces cas-là, le joueur pourrait rentrer au Brésil ou aller dans un autre pays. Dans mon cas, Sabatini a appelé la Roma. Cela a été un parcours étrange. »

La Premier League est-elle vraiment le championnat le plus difficile au monde ?
« J’ai passé trois ans au Chelsea et trois au West Ham, mais aujourd’hui le football a élevé son niveau partout. Même parmi les sélections nationales, il n’y a plus de grandes fessées. La Premier est un championnat plus glamour : les clubs ont beaucoup d’argent, et donc il y a plus de visibilité. »

Tu penses à la Nazionale ?
« Bien sûr. Quand tu portes ce maillot, tu représentes un pays entier, et j’ai compris dès le début l’amour qu’il y a en Italie pour le football. Gagner l’Euro a été magnifique, je fais tout pour revenir en azzurro. »

Ton souvenir le plus fort de cet Euro ?
« Personne ne croyait en nous, et ça nous motivait encore plus. Entre nous, on ne cessait de se répéter qu’on pouvait le gagner. Mancini y a toujours cru. Et battre l’Angleterre, que tout le monde donnait favorite, avec 90 % du stade pour eux, c’était fort. »

As-tu parlé à Gattuso depuis ?
« Pas encore, mais j’espère un appel. »

Publicité

ENJOYED THIS STORY?

Add GOAL.com as a preferred source on Google to see more of our reporting

0