Le diffuseur DAZN peine à séduire le public français depuis son arrivée en août. Selon certaines estimations, le diffuseur n’aurait pas dépassé la barre des 500 000 abonnés. Une situation que Vincent Labrune, président de la Ligue de Football Professionnel (LFP), aborde sans détour dans un entretien au Parisien. « Sur trois personnes qui regardent la Ligue 1, une seule paie actuellement. C’est gravissime », alerte Labrune, pointant l’impact colossal du piratage sur les revenus du football français.
DAZN et piratage : un duo explosif
Pour Labrune, les débuts difficiles de DAZN en France s’expliquent par deux facteurs principaux : une tarification initiale mal calibrée et un piratage en constante augmentation. « C’est le produit le plus piraté de France », déplore-t-il, tout en reconnaissant que le diffuseur est en phase d’apprentissage sur le marché français. Cette combinaison pourrait freiner davantage l’attractivité d’un championnat qui, selon Labrune lui-même, ne rivalise pas avec des ligues comme la Bundesliga ou la Premier League.
Face à cette réalité, Labrune appelle à des mesures « radicales » pour lutter contre le piratage, soulignant que l’avenir financier de la Ligue 1 repose aussi sur des abonnements solides.
Getty ImagesVers une stratégie internationale pour la Ligue 1
Dans un contexte national compliqué, le président de la LFP semble désormais miser sur l’international pour redonner des couleurs à la Ligue 1. Les droits télévisés à l’étranger, qui ont doublé en valeur (de 70 à 140 millions d’euros), constituent une rare éclaircie. « Tous nos centres de revenus sont en forte croissance, sauf les droits télé domestiques », confie Labrune, déterminé à maximiser l’exposition de la Ligue 1 en dehors des frontières françaises.
Cette stratégie internationale s’impose alors que Labrune admet que la Ligue 1 n’a jamais valu un milliard d’euros, contrairement aux attentes initiales. « On ne peut pas comparer l’Allemagne, l’Angleterre ou l’Espagne à la France. » Une fatalité que Labrune semble vouloir transformer en opportunité, à condition de convaincre les diffuseurs étrangers.
Un salaire sous le feu des critiques
Enfin, l’interview aborde une autre polémique : le salaire de Labrune. Passé de 420 000 à 800 000 euros par an, avec une prime exceptionnelle de 3 millions d’euros liée à l’accord avec CVC, cette rémunération fait grincer des dents. Labrune se défend en insistant sur le caractère inédit de cet accord, qui a sauvé le football français. « Ce sont des montants élevés, mais à la hauteur des enjeux et des investissements. »
Entre l’échec relatif de DAZN, le défi du piratage et les critiques sur son train de vie, Vincent Labrune se retrouve au cœur des débats. Mais pour lui, l’avenir du football français passe avant tout par des solutions audacieuses et une vision tournée vers l’international.
