Ce samedi, à Sochi, Edinson Cavani a dû quitter le terrain avant ses coéquipiers en raison d'un souci au mollet. Une sortie sur blessure regrettable, mais il se peut que pour l'intéressé c'eut été la moins pénible qu'il ait eu à subir durant toute sa carrière. Et pour cause ; avant cela, il s'est rendu auteur d'un doublé d'une grande importance. Celui qui a permis à sa sélection uruguayenne de venir à bout du Portugal en huitièmes de finale de Coupe du Monde (2-1). Deux buts qui le hissent encore un peu plus au rang de héros national.
C'est lors des grands rendez-vous que les meilleurs joueurs s'illustrent et font parler leur talent. En partant de ce raisonnement, l'on ne peut que reconnaitre que Cavani en est un, n'en déplaise à ceux qui l'ont souvent moqué pour une technique limitée ou pour une adresse perfectible devant les buts. Des détracteurs qui se sont, il est vrai, raréfié au fil du temps et au gré de ses différentes saisons à plus de 25 buts sous le maillot du PSG. Et s'il en existait encore avant ce match, il n'est pas impossible qu'ils aient tous changé définitivement d'opinion à propos de l'enfant de Salto. Non. Ce dernier, n'est pas un attaquant ordinaire. Au contraire, il fait même partie de la race de plus grands.
Un doublé pour l'histoire
La Seleçao de Cristiano Ronaldo l'a appris à ses dépens au sortir d'une empoignade où elle n'a pas été particulièrement inférieure à son adversaire du jour mais où la différence s'est faite dans le réalisme offensif. Celui dont on a donc fait preuve le numéro 21 uruguayen. Motivé et inspiré comme jamais, ce dernier a eu deux opportunités exploitables aux avant-postes, et il les a mises au fond. Avec un opportunisme et une promptitude exceptionnels. Comme si l'affiche et l'enjeu du match l'avaient transcendé, l'amenant à réussir à chaque fois le geste parfait.
Le premier c'était dès la 7e minute et à la réception d'un centre son acolyte Luis Suarez. Profitant d'un marquage lâche de la défense adverse, il s'est élevé au second poteau pour reprendre le ballon de la tête et l'envoyer dans les buts adverses. Un brillant coup de casque qui a idéalement lancé les hommes d'Oscar Tabarez dans ce match. Après cette réalisation, le champion de France s'est un peu fait oublier en phase offensive. Mais c'était pour mieux piquer une seconde fois un quart d'heure après la reprise. A la 62e minute, sur un service de Bentancur suite à un long dégagement de Muslera, et alors que les Portugais venaient tout juste de se relancer avec l'égalisation de Pepe, l'ex-Napolitain signait le coup de grâce avec une frappe enroulée de l'extérieur de la surface. Une finition somptueuse, à la Thierry Henry, dont le peuple uruguayen n'est assurément pas prêt de se lasser.
Il est incertain pour le quart contre la France
Avec ces deux réalisations, Cavani pouvait quitter le terrain avec le sentiment du devoir accompli. Il est simplement dommage qu'il l'ait fait de manière contrainte et après avoir contracté cette blessure, qui ressemble à une élongation. Le seul point noir d'une soirée qui aura à tous points de vue réussi à El Matador et son équipe. Au coup de sifflet final, la joie et la fierté ont d'ailleurs supplanté la frustration lorsqu'il s'est présenté devant les journalistes. "Je suis très content et très heureux de la manière dont les choses se sont passées, a-t-il déclaré . C'était très émouvant. Quand on voit tous les gens dans les gradins…Il faut continuer à rêver. On va voir maintenant comment tout va se dérouler. J'espère que je pourrais continuer à aider mes coéquipiers".
Et la suite c'est un duel à Nizhny Novgorod face à la sélection de son pays d'adoption, la France. Le forfait n'est pas à écarter et il sera compliqué de reprocher aux Tricolores de se réjouir de son absence si elle venait à se confirmer. Néanmoins, lorsqu'on connait le joueur, l'homme, l'élégance qu'il dégage, que ça soit sûr et en dehors du terrain, il n'est pas impossible que tous ceux qui aiment ce sport, qu'ils soient français ou pas, s'associent aux prières des Uruguayens afin que Cavani soit d'attaque pour défier les Bleus en quarts de finale de la Coupe du Monde. Il le mériterait tellement.
