Bassogog Cameroon CANGetty Images

CAN 2019 - Thomas Nkono : "Le Cameroun restera toujours dans le groupe des cadors"

Le CV de Thomas Nkono suffirait presque à situer son calibre dans l'histoire du football africain. Ancien gardien emblématique du Cameroun - il cumule 112 sélections étalées sur presque 20 ans, entre 1976 et 1994 -, l'actuel entraîneur des gardiens de l'Espanyol Barcelone a beaucoup de choses à dire. Sur le Cameroun, bien-sûr, et sur l'évolution de son poste, aussi. Avant l'entrée en lice des Lions Indomptables contre la Guinée-Bissau, ce mardi (19h), il a accepté de se confier à Goal.

"Gagner la CAN il y a deux ans a rehaussé l'orgueil de tout le monde"

Le Cameroun traverse une période qu'on peut qualifier de transition. Le Mondial 2014 a été compliqué, puis la nation a été absente en Russie l'an dernier après avoir remporté la CAN 2017. Quel est votre regard sur la sélection camerounaise ?

Thomas Nkono : Dans la reconstruction de l'équipe, nous avons eu la chance de gagner la CAN il y a deux ans, ça a rehaussé un peu l'orgueil de tout le monde. Aujourd'hui, on continue de s'appuyer sur une génération de bons joueurs, et les entraîneurs présents actuellement essaient d'amener leurs idées pour changer les choses.

La CAF a destitué l'organisation de la compétition au Cameroun. Pour vous, est-ce un signal d'alarme ou une injustice ?

Au départ, je l'ai accueilli avec un peu de tristesse, c'est vrai. Mais le fait de donner une autre opportunité afin que ça puisse se jouer en 2023 a redonné la volonté au peuple camerounais de repartir de l'avant pour inviter le football africain à cette grande fête du football.

Bassogog Cameroon CANGetty Images

Le Cameroun est-il toujours un grand favori dans cette CAN ?

Naturellement... Nous sommes des favoris dans l'histoire, ce n'est pas pour rien que le Cameroun a remporté 5 Coupes d'Afrique. Donc nous sommes dans ce groupe des cadors. C'est vrai qu'en Afrique, les choses changent, il faut s'adapter aux compétitions, à la manière de faire, aux terrains qui ne sont pas faciles non plus.

"Il y a 3 choses que les gardiens devraient apprendre : quand, pourquoi et comment"

Vous êtes considéré comme le plus grand gardien de l'histoire du foot africain. Aujourd'hui on voit moins de gardiens africains mis en valeur et percer dans le foot européen comme vous l'aviez fait. Comment l'expliquez-vous ?

Je l'explique d'une manière simple : nous y sommes arrivés grâce au talent. À la surprise générale, nous nous sommes adaptés, y compris dans la manière de nous entraîner parce que ce n'est pas facile de venir d'Afrique et d'avoir connu un football qui, en Europe, est vu comme amateur, et de jouer au niveau européen. La chance que nous avons eue c'est que nous sommes arrivés en Europe avec beaucoup d'expérience après avoir presque tout gagné en Afrique, donc l'adaptation a été beaucoup plus facile. Si les jeunes Africains veulent jouer au poste de gardien, il va falloir changer l'aspect théorique de l'entraînement parce qu'aujourd'hui un gardien ne se limite pas seulement à arrêter les ballons. Il y a une responsabilité au niveau de la formation des jeunes qui est très importante. À partir du moment où les jeunes sont bien formés, la transmission est beaucoup plus facile parce qu'ils ne demandent que ça. Et à partir de là, il y aura plus de gardiens africains qui pourront jouer en Europe, et partout.

Quel est le meilleur gardien africain à l'heure actuelle ?

Le meilleur ? C'est difficile... En regardant la Coupe d'Afrique, nous revenons dans des comparaisons où tout le monde attend qu'il y ait une erreur d'un gardien, quelle que soit l'équipe. C'est l'aspect théorique qui marque la différence. Il y a trois choses que le gardien devrait apprendre : quand, pourquoi et comment. Comment, c'est la technique. Quand, c'est la tactique. Et pourquoi, ça rentre dans les connaissances du jeu, ce sont des aspects que le gardien doit dominer. Si on ne domine pas ces trois éléments, il y aura toujours des erreurs. C'est ce qu'il faut transmettre aux jeunes gardiens africains. C'est difficile de donner un nom pour le meilleur gardien africain, le niveau est très serré.

Quel est votre regard sur l'évolution du poste de gardien ? Est-ce qu'elle vous plait ? Le jeu au pied et le positionnement d'un gardien sont devenus des critères primordiaux.

L'évolution me plait par rapport à l'adaptation au jeu, parce qu'à la fin certains joueurs peuvent répondre aux circonstances du jeu, percevoir les lignes de passe etc. Ce sont des choses qu'on demande aussi aux gardiens, et qu'on doit enseigner à partir de la base, de la formation. On doit approfondir les connaissances, c'est là qu'un gardien peut faire la différence.

"Buffon ? C'est un honneur pour moi d'avoir été l'exemple d'un tel gardien"

Vous êtes l'idole de Gianluigi Buffon. Quel sentiment ça procure d'être l'exemple d'un gardien qui peut-être considéré comme l'un des meilleurs - voire le meilleur de l'histoire du jeu ?

Pour moi, ça avait été une surprise. Quand je suis parti à Parme par hasard, Gigi avait 19 ou 20 ans. Il venait de commencer en première division. De passage en Italie, je passais voir Patrick M'Boma qui était son collègue, et on me l'a présenté. Et là je lui ai dit que l'allais l'inviter à mon jubilé. Il ne m'avait jamais dit au départ que j'avais été celui qui avait une part de responsabilité dans le choix de son poste. Je l'ai su bien après. Et lui m'a fait l'honneur de venir au Cameroun pour venir à mon jubilé. C'est un honneur pour moi d'avoir été l'exemple d'un tel gardien de but.

Il était présent à votre jubilé. Avez-vous gardé contact avec lui ?

Nous communiquons de temps en temps. Quand il a un bon résultat je lui envoie un petit mot d'encouragement.

Propos recueillis par Jean-Charles Danrée








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