C'est un peu un retour en 2011. Löw avait alors écarté le "Capitano" de longue date, Michael Ballack. La communication semblait à cette époque déjà discutable. Une position claire semblable à celle exprimée par le sélectionneur allemand ce mardi : "En cette année de qualification pour le Championnat d'Europe 2020, nous envoyons un signal clair de renouvellement". Concrètement, trois joueurs expérimentés et parmi les plus réguliers ces dernières saisons doivent, à la surprise générale, céder leur place en sélection.
La transition opérée après l'ère Michael Ballack avait été réussie, donnant raison à Joachim Löw. Les responsabilités étaient équitablement réparties entre plusieurs joueurs, des rôles de leaders dans lesquels les trois joueurs aujourd'hui mis sur la touche ont peu à peu grandi.
Joachim Löw va devoir trouver de nouveaux cadres, mais quels peuvent-ils être ? Goal et SPOX tentent de répondre à cette question.
- Manuel Neuer (Bayern Munich, 32 ans)
Manuel Neuer, en tant que capitaine, va avoir un rôle plus important que jamais, lui qui devra peut-être se réinventer dans ce rôle. Jusqu'à présent, il s'est toujours montré plutôt discret avec le brassard autour du bras. Le gardien du Bayern est plutôt du genre diplomate, ce qui est souvent apprécié dans un vestiaire.
Manuel Neuer peut-il devenir le porte-parole idéal de cette équipe en reconstruction ? Difficile à dire. La question brûlante du poste de n°1 dans les cages se pose aujourd'hui plus que jamais. Même après le fiasco du Mondial, Löw continua de maintenir Neuer titulaire. Malgré tout, les demandes autour de Marc-André ter-Stegen se font de plus en plus fortes. Löw a récemment déclaré à DAZN : "Cette année nous avons un nouveau départ à prendre, Marc aura clairement la chance de jouer des matches".
Les prestations sportives de cette saison pourraient justifier un tel changement, alors que le portier barcelonais ne semble reconnu à sa juste valeur qu'en Espagne. S'il venait à confirmer ses performances en sélection, il pourrait faire vaciller le statut de Manuel Neuer.
- Toni Kroos ( Real Madrid, 29 ans)
Il a publiquement pris une position critique sur l'équipe au moment de la Coupe du monde en Russie, et même avant. En mars dernier déjà il disait : "Certains ont eu la chance de se montrer, mais il ne l'ont pas fait", ou bien, visant Leroy Sané : "Vous devez l'amener à réaliser la meilleure performance possible".
Toni Kroos n'était pas loin d'être le chef d'orchestre de la Mannshaft en Russie. Mais une décision pourrait fragiliser ce statut de leader, celle de prendre parfois des périodes de repos plutôt que d'être appelé en sélection. D'autant que sa saison actuelle ne plaide pas en sa faveur. Les critiques émises par Bernd Schuster sur les tracteurs diesels ne sont que la partie émergée de l'iceberg.
Même les supporters du Real et son entraîneur, Santiago Solari, commencent à revoir leur position. "Le temps passe, les gens voient de nouveaux joueurs, cela se passe dans le football mais aussi dans la vie normale", déclarait l'Espagnol après le Clasico perdu en championnat, lors duquel Kroos est sorti sous les sifflets après seulement 55 minutes de jeu. Ce n'est peut-être pas la réalité de demain, mais il n'est pas impossible que son meilleur niveau soit derrière lui.
- Niklas Süle (Bayern Munich, 23 ans)
Getty ImagesAu Bayern il est déjà devenu un titulaire régulier. En équipe nationale, il doit désormais devenir le patron de la défense ; un rôle dans lequel il doit encore s'affirmer puisqu'en club il a toujours Hummel ou Boateng à ses côtés. Il a désormais "l'espace nécessaire pour un développement complet", comme l'a déclaré Löw.
Süle est tout ce que l'on attend d'un défenseur central : robuste, puissant, dynamique et rapide. C'est un leader silencieux qui convainc par ses prestations. "Niklas est un joueur très décontracté, ambitieux et facile à vivre, sympathique, pas obstiné mais très concentré", dit de lui son entraîneur au Bayern, Niko Kovac.
Sule est une véritable apparition sur le parcours: robuste, puissant, dynamique et rapide. C'est un leader silencieux qui convainc par ses réalisations. "Niklas est un gars très décontracté, ambitieux et facile à vivre, sympathique, pas à l'étroit, pas totalement obstiné mais très concentré", a déclaré l'entraîneur Niko Kovac de Süle.
En novembre il a prouvé qu'il pouvait être ce patron défensif contre la Russie (3-0), un match dans lequel il a été souverain derrière et a inscrit son premier but en sélection.
- Joshua Kimmich (Bayern Munich, 24 ans)
Getty ImagesSon chemin semble tout tracé, lui qui a toujours été considéré comme le successeur de Lahm sur le terrain. Très jeune, Kimmich affirmait déjà : "Si j'ai quelque chose à dire, alors je le dis". Ouverture, honnêteté, réflexion : Kimmich a déjà tout cela. "Joshua est un joueur très avancé pour son âge. Il est extrêmement curieux, ambieux et veut progresser tout le temps", déclarait Löw en novembre.
Lors de la Coupe des Confédérations en 2017, Kimmich était devenu un joueur qui compte en sélection, un statut quelque peu écorné par son Mondial raté. Il est désormais temps pour lui de s'affirmer encore davantage après trois ans de présence.
- Marco Reus (Borussia Dortmund, 29 ans)
Getty ImagesMarco Reus n'a pour le moment pas endossé un costume de leader avec la Manshaft comme il a pu le faire avec Dortmund. Il dispute pourtant sa meilleure saison en club, leader de l'attaque des Jaune et Noir. Un état de forme qu'il lui faudra transmettre à ses coéquipiers jusqu'à l'Euro 2020.
Son gros point faible reste sa propension à se blesser, comme en février en Coupe d'Allemagne, ce qui l'a obligé à manquer quatre rencontres avec Dortmund. S'il parvient à être constamment disponible, il aura forcément un grand rôle à jouer devant. "Dans ces conditions, j'aurais aimé l'avoir eu avec moi au fil des années", s'exclamait Joachim Löw il y a quelques mois.
- Julian Draxler (PSG, 25 ans)
GettyJulian Draxler a déjà joué un rôle de leader puisque Löw l'avait promu capitaine lors de la Coupe des Confédérations, en 2017. "Julian est reconnu dans l'équipe, particulièrement parmi les jeunes joueurs, il a déjà accompli beaucoup de choses, était présent lors des tournois de 2014 et 2016. Je pense que cela va l'aider pour le futur", a estimé le sélectionneur.
Draxler ne s'est jamais imposé comme un joueur majeur de l'équipe nationale, restant souvent dans le rotation de Joachim Löw lors des tournois majeurs. Même depuis la Coupe du monde, le joueur de 25 ans n'est pas parvenu à devenir titulaire, un problème qu'il rencontre également à Paris.