Il y a des soirs où le ciel semble vouloir laver les illusions. Ce dimanche, sur la pelouse détrempée du Groupama Stadium, une pluie diluvienne a accompagné le crépuscule des ambitions lyonnaises. Longtemps, l’OL a cru pouvoir dompter son destin et la résistance lensoise, pensant même avoir arraché un point précieux, un sursis dans sa quête européenne. Mais le football, parfois, se révèle d'une cruauté absolue, et un geste de pure magie a transformé l’espoir en désillusion, la délivrance en coup de grâce. Lens, imprévisible et résilient, est venu cueillir une victoire (1-2) qui sonne le glas des rêves de Ligue des Champions pour les Gones.
AFP
AFPUne domination noyée sous les regrets
Pourtant, qui pourrait sincèrement blâmer les hommes de Paulo Fonseca pour leur débauche d’énergie ? Durant de longues minutes, ils ont exercé une emprise quasi totale sur des Lensois venus chercher une réaction d’orgueil après la déroute face à Auxerre (0-4), une demande express de leur entraîneur Will Still. Mais cette domination fut terriblement stérile. Rayan Cherki, symbole de cette impuissance frustrante, a vu le gardien australien Matthew Ryan se dresser tel un rempart sur trois tentatives brûlantes en première période (14e, 16e, 35e). L’infortune semblait s’acharner, avec une tête de Nicolas Tagliafico flirtant avec la barre (59e), un tir de Clinton Mata repoussé (70e), et un sauvetage désespéré de Facundo Medina sur sa ligne (76e). Ajoutez à cela l’ombre de trois décisions arbitrales litigieuses – une main de Jumah Bah, une prise sur Maitland-Niles, une chute de Cherki dans la surface – où monsieur Stinat choisit de ne pas intervenir, et le tableau d’une soirée maudite prenait forme.
AFPLens, entre résilience et coup d'éclat
Car pendant que Lyon poussait, Lens avait déjà piqué. Sur une transition rapide, Adrien Thomasson servait idéalement Goduine Koyalipou, titulaire surprise, qui ajustait Lucas Perri avec une froide précision (21e). Un avantage que les Artésiens défendirent avec une abnégation farouche, pliant sans rompre sous les vagues lyonnaises et les trombes d'eau. Ils semblaient pourtant céder lorsque, enfin, la délivrance survint pour les locaux. Sur un centre millimétré de Clinton Mata, la tête de Georges Mikautadze trouvait le chemin des filets (79e), son onzième but de la saison, faisant rugir un stade qui oscillait entre crainte et espoir retrouvé. Lyon tenait son point, minimum syndical mais essentiel pour continuer à y croire.
AFPZarouri éteint le Groupama Stadium
Le match nul semblait écrit, presque logique au vu de la physionomie du match. C’était sans compter sur l’instant de grâce d’Anass Zarouri. À la 85ème minute, le jeune Lensois, qui n'avait encore jamais marqué en Ligue 1, hérita du ballon à vingt mètres. Personne ne monta sur lui. Il eut le temps d’armer une merveille d’enveloppé du pied droit qui alla se loger, avec une puissance et une précision sidérantes, dans la lucarne de Perri. Un chef-d'œuvre absolu, un éclair dans la grisaille, qui glaça le stade et anéantit les derniers espoirs lyonnais. Ce but venu d’ailleurs n’était pas seulement beau, il était terriblement lourd de conséquences.
AFPLe rêve brisé et le paradoxe lensois
Lens, déjà tombeur de Marseille au Vélodrome, s'offre donc le scalp d'un autre prétendant à l'Europe, chez lui, une semaine après avoir sombré corps et biens. Étrange paradoxe d'une équipe qui n'a plus grand-chose à jouer mais qui s'érige en arbitre impitoyable. Pour Lyon, cette défaite est celle de trop. La prestation fut correcte, l'envie palpable, mais le réalisme et, peut-être, un soupçon de chance, ont choisi l'autre camp. La Ligue des Champions s'éloigne quasi définitivement, laissant derrière elle le goût amer d'une soirée où, sous le déluge, un rêve s'est noyé.



