Les gagnants et les perdants du mercato estival 2024

On peut dire ce que l'on veut de Manchester City et de la façon dont le club est arrivé à ce stade, mais il est devenu le maître du marché des transferts. Après avoir remporté un triplé l'année dernière et un quatrième titre consécutif historique en Premier League en mai, il y avait un risque que certaines de ses stars décident de partir. Et ce, après avoir gagné tout ce qui valait la peine d'être gagné au cours de leur séjour à l'Etihad.

City a toutefois réussi à convaincre Kevin De Bruyne et Ederson d'écarter l'intérêt de l'Arabie saoudite pour leurs services, tout en récupérant 25 millions d'euros au Fonds d'investissement public (PIF) en pour les services de Joao Cancelo, un joueur écarté de l'équipe première.

Les champions d'Angleterre ont également récupéré pour rien le capitaine de l'équipe victorieuse du triplé Ilkay Gundogan de Barcelone et ont signé Savinho de Troyes pour la même somme que Cancelo, illustrant ainsi parfaitement les avantages de faire partie d'un groupe d'actionnariat multi-clubs.

Pour couronner le tout, l'Atlético de Madrid a déboursé la bagatelle de 75 millions d'euros pour Julian Alvarez. Pep Guardiola aurait aimé conserver un attaquant aussi précieux, mais l'offre était tout simplement trop belle pour être refusée du point de vue de City, surtout si l'on considère qu'elle signifie que le club a réalisé un énorme profit cet été sans affaiblir son effectif. Remarquable.

Cet été devait être différent pour le FC Barcelone. Le président Joan Laporta a insisté sur le fait que le club était sur le point de retrouver un équilibre après des années d'instabilité causées par son prédécesseur Josep Maria Bartomeu, qui a démissionné en 2020 alors que le club était au bord de la faillite.

Cependant, malgré les efforts de Laporta, le Barça s'est retrouvé à la dernière semaine du mercato en essayant de rassembler assez d'argent pour enregistrer sa seule recrue importante de l'été, Dani Olmo.

Le plus saisissant c'est que même après avoir vendu des jeunes de l'académie et laissé partir pour rien un joueur aussi talentueux qu'Ilkay Gundogan, afin d'économiser le salaire du meilleur passeur de la saison dernière, le Barça n'a pu enregistrer Olmo qu'en raison d'une blessure opportune du défenseur central Andres Christensen, car les règles financières de la Liga permettent aux clubs de dépasser leur plafond salarial si un joueur est indisponible pour une longue période.

Il est incroyable de voir le Barça dans une situation financière aussi périlleuse, mais il ne peut s'en prendre qu'à lui-même, car si Bartomeu a créé ce désordre, il est désormais clair que Laporta et cie ne font pas un très bon travail de nettoyage.

Le Paris Saint-Germain pourrait-il se passer de Kylian Mbappé ? Cela peut paraître étrange, mais les champions de France pourraient finalement tirer profit du départ de leur ancienne tête d'affiche. Au moins à long terme. Évidemment, le perdre pour rien a été dévastateur et remplacer ses buts va être une tâche assurément difficile, mais Mbappe était aussi une source problèmes au PSG. Le Parc des Princes devrait être un environnement beaucoup plus stable sans l'un des personnages les plus clivants du football d'aujourd'hui.

Son départ a également permis à d'autres talents de s'épanouir au PSG, comme Bradley Barcola, qui a très bien commencé sa deuxième saison dans la capitale française, et la nouvelle recrue Désiré Doue, la dernière superstar potentielle à sortir de l'usine à talents de Rennes.

Par ailleurs, Willian Pacho semble déjà être un excellent partenaire pour Marquinhos dans l'axe de la défense, tandis que le jeune Portugais Joao Neves n'a pas tardé à montrer pourquoi beaucoup d'observateurs le considèrent comme un talent générationnel.

Le PSG aurait sans doute pu recruter un attaquant durant l'été, d'autant plus que Goncalo Ramos est sur la touche, mais le changement de stratégie de recrutement auquel on assiste sous la houlette du directeur sportif Luis Campos et de l'entraîneur Luis Enrique pourrait s'avérer payant. Mbappé n'est peut-être plus là, mais il est très intéressant de garder un œil sur le nouveau projet parisien.

C'est le pouvoir d'un joueur ! Au cours des deux dernières années, Mbappé a nourri la rivalité entre le PSG et le Real Madrid, avant de quitter le premier pour rejoindre le second à ses propres conditions très lucratives.

Les Madrilènes, rappelons-le, ont été stupéfaits lorsque Mbappé a décidé de ne pas rallier le Santiago Bernabéu en 2022. Ils pensaient que le deal était conclu, mais l'attaquant français a décidé de rester au PSG, qui a dû démentir les affirmations selon lesquelles il avait été nommé directeur sportif de facto pour le convaincre de prolonger son séjour au Parc des Princes.

Le 16 juillet dernier, Florentino Perez a fièrement présenté Mbappe aux 80 000 supporters madrilènes. Avaient-ils vraiment besoin d'un autre attaquant ? Pas du tout, mais Pérez ne renonce pas aux Galactiques. Il finit toujours pas les recruter.

Quant à Mbappé, le transfert représente vraiment « un rêve devenu réalité ». Le garçon de Bondy qui avait des posters de Cristiano Ronaldo sur le mur de sa chambre lorsqu'il était enfant est la recrue la plus populaire de Madrid depuis le phénomène portugais.

Le seul problème maintenant, c'est que Mbappé doit prouver qu'il méritait tout ce cirque autour de lui. Pour l'instant, force est de reconnaitre qu'il a du mal.

Victor Osimhen est l'un des meilleurs attaquants du monde. Lorsque Naples a accepté de le laisser partir cet été, il semblait inévitable qu'il rejoigne l'élite européenne. Pourtant, il est toujours coincé dans le sud de l'Italie, où il serait considéré comme persona non grata par l'équipe des Partenopei après avoir cherché à se faire transférer tout au long de l'été.

Naples a fait tout ce qui était en son pouvoir pour tenter de vendre Osimhen. Après avoir d'abord insisté sur le fait qu'il n'accepterait rien de moins que sa clause de rachat (estimée à 120 millions d'euros), il a fini par diviser presque par deux le prix demandé. Mais même là, il n'y a pas eu de preneur.

Pourquoi ? Parce qu'Osimhen n'avait pas envie de partir en Arabie saoudite ou à Chelsea, car il voulait jouer en Ligue des champions et, ce qui est encore plus pénalisant pour un éventuel transfert à Stamford Bridge, il n'avait pas non plus l'intention de baisser ses exigences salariales colossales.

Il semble toujours probable qu'il finisse au Moyen-Orient, étant donné que la fenêtre saoudienne est encore ouverte pour quatre jours et que Naples a déjà signé un remplaçant en la personne de Romelu Lukaku, mais peu importe ce qui se passe maintenant ; cet été a été particulièrement compliqué pour l'international nigérian.

Au début du mois d'août, des informations ont laissé entendre qu'Antonio Conte envisageait de quitter le Napoli moins de deux mois après en avoir pris la direction. Cela semblait improbable, mais pas impossible. Les supporters des Partenopei étaient donc naturellement un peu nerveux lorsque le recrutement estival du club s'est arrêté après la signature astucieuse d'Alessandro Buongiorno le 13 juillet.

Il était évident pour tout le monde que l'incapacité du Napoli à se débarrasser de son attaquant vedette Victor Osimhen bloquait tout. Conte a clairement trouvé ce retard incroyablement frustrant, et une terrible défaite à Vérone le week-end d'ouverture de la saison de Serie A n'a absolument pas amélioré son humeur, admettant qu'il « s'attendait à trouver une meilleure situation » au sein du club.

Cependant, Conte était tout sourire le jour de la date butoir, lorsqu'il a retrouvé son attaquant belge bien-aimé, Lukaku, sur le terrain d'entraînement de Naples. Quand on sait que Scott McTominay, David Neres et Billy Gilmour ont également été recrutés, Conte se retrouve dans une position très rare où il n'a pas grand-chose à reprocher à sa direction en termes de transferts.

L'un des aspects les plus réjouissants de la saison européenne 2023-24 a été la montée en puissance des outsiders. Le Bayer Leverkusen a remporté la Bundesliga et le DFB-Pokal en Allemagne sans perdre un seul match, l'Atalanta a conquis la Ligue Europa, tandis que Stuttgart, Gérone, Brest et Bologne se sont tous qualifiés pour la Ligue des champions.

Malheureusement, tous ces clubs, à l'exception de Leverkusen, ont subi des pertes importantes au cours de l'été.

Stuttgart a été dépossédé de Hiroki Ito, Waldemar Anton et Serhou Guirassy, l'Atalanta n'a pas pu retenir Teun Koopmeiners, parti à la Juventus, Gérone a dû céder Savinho à son club partenaire Manchester City, Brest a vu Lilian Brassier rejoindre Marseille en prêt, tandis que Bologne a perdu son entraîneur (Thiago Motta), son meilleur défenseur (Riccardo Calafiori) et son attaquant vedette (Joshua Zirzkee) quelques semaines après avoir terminé cinquième de la Serie A contre toute attente.

Leverkusen a la chance d'être soutenu par un grand groupe pharmaceutique, ce qui lui a permis de se renforcer cet été en recrutant notamment Aleix Garcia (en provenance de Gérone !). Mais la véritable clé de ce mercato sans accroc a été la décision de Xabi Alonso de rester au BayArena malgré l'intérêt de Liverpool et du Bayern Munich pour ses services.

Si Alonso avait quitté Leverkusen, tout le projet aurait pu s'effondrer. Aujourd'hui, le Bayer sort du mercato avec une équipe ayant remporté le doublé et qui nourrit l'espoir d'écrire une nouvelle page glorieuse de son histoire.

Les supporters de Liverpool sont depuis longtemps mécontents du Fenway Sports Group (FSG) et de son apparente passivité sur le marché des transferts, car ils estiment que cela a empêché l'ancien manager Jurgen Klopp de remporter encore plus de trophées au cours de son glorieux règne. Il n'était donc pas du tout surprenant de voir la tendance « #FSGOUT » sur X à l'approche de la fin du mercato estival.

Liverpool a réussi le coup de l'été en signant Federico Chiesa, vainqueur de l'Euro 2020, en provenance de la Juventus pour seulement 12 millions d'euros, et a fait preuve d'une impressionnante clairvoyance en s'emparant de Giorgi Mamardashvili - qui passera une saison de plus à Valence avant de rejoindre la Merseyside - après ses exploits dans les buts de la Géorgie à l'Euro 2024.

Cependant, les supporters sont frustrés de voir qu'un autre mercato s'est achevé sans que Liverpool n'ait résolu son problème à long terme. Richard Hughes, le directeur sportif en difficulté, pensait avoir trouvé un accord pour Martin Zubimendi, mais l'international espagnol a changé d'avis pour rester à la Real Sociedad, mais ce qui a vraiment déplu aux supporters, c'est l'absence de plan B.

Quand on sait que Liverpool a également besoin d'un défenseur central gauche et qu'il n'est pas près de prolonger les contrats de Trent Alexander-Arnold, Virgil van Dijk et Mohamed Salah, on comprend pourquoi il y a tant d'inquiétude et de colère du côté d'Anfield en ce moment.

Arsenal avait-il vraiment besoin de recruter Raheem Sterling ? Non, pas du tout. Leandro Trossard met déjà la pression sur Gabriel Martinelli pour le poste d'ailier gauche. Néanmoins, on peut penser qu'il s'agit d'un renfort utile qui peut également jouer sur le côté droit, où Arsenal cherche depuis longtemps une solution pour suppléer Bukayo Saka.

Quoi qu'il en soit, Mikel Arteta a manifestement un plan pour un joueur qu'il connaît très bien pour l'avoir côtoyé à Manchester City, ce qui constitue un remarquable retournement de situation pour Sterling, qui est sans aucun doute à un moment charnière de sa carrière. Il y a quinze jours à peine, on lui annonçait sans détour qu'il n'était plus utile dans l'un des clubs les plus mal gérés du monde du football ; aujourd'hui, il a rejoint un modèle de stabilité à Arsenal.

Au lieu de pourrir dans une équipe de Conference League, il aura du temps de jeu en Ligue des champions. Après avoir complètement perdu sa voie - et sa place en équipe d'Angleterre - lors de son passage à Chelsea, Sterling s'est vu offrir une opportunité incroyable de relancer sa carrière à l'âge de 29 ans au sein d'une équipe aspirant au titre, et ce sans avoir à quitter sa ville natale de Londres.

Arsenal n'avait peut-être pas besoin de Sterling, mais Sterling avait bel et bien besoin d'Arsenal.

Enzo Maresca a insisté sur le fait que la situation à Chelsea n'est « pas le désordre que l'on voit de l'extérieur », mais il est clair pour toute personne dotée d'un demi-cerveau qu'il s'agit d'une véritable pagaille. Les clubs bien gérés ne disposent pas d'une « équipe de démineurs » de 15 personnes qui ont encore besoin d'être déblayées dans les derniers jours de la fenêtre de transfert.

Todd Boehly et Behdad Eghbali souligneront le fait que Chelsea a réussi à se débarrasser des salaires élevés de Sterling et Lukaku, et a gagné beaucoup d'argent avec des joueurs comme Ian Maatsen, Omari Hutchinson et Lewis Hall.

En revanche, l'accumulation d'attaquants de pointe n'a absolument aucun sens, et la façon dont ils ont traité les héros locaux Conor Gallagher et Trevoh Chalobah, juste pour s'assurer un peu de ce précieux profit sur les produits de l'académie, est absolument honteuse.

Ce n'est pas un club sérieux. C'est une véritable farce.

Diego Simeone n'a pas apprécié la réaction de certains supporters et journalistes de l'Atletico Madrid face au côté poussif du début de saison de son équipe. La conférence de presse de Simeone avant le match de samedi contre Bilbao a d'ailleurs duré moins de cinq minutes. L'Argentin, visiblement agacé, donnant des réponses volontairement laconiques à chaque question.

Pourtant, les résultats de l'Atlético ne sont pas si mauvais (une victoire et deux nuls en trois matches) et Simeone sera sans doute satisfait du travail accompli par ses employeurs ces deux derniers mois, d'autant plus qu'ils ont réussi à se débarrasser d'un joueur qu'il n'appréciait plus du tout, Joao Félix.

Robin Le Normand est une recrue fantastique pour une défense qui a déçu l'Atleti la saison dernière, tandis que Conor Gallagher devrait rapidement s'installer dans un milieu de terrain agressif mais techniquement fort. En attaque, Alexander Sorloth et Julian Alvarez n'ont pas encore pris feu, mais Simeone est persuadé que les deux attaquants vont rapidement se montrer à la hauteur.

Des points d'interrogation subsistent quant à la profondeur de la défense des Matelassiers, mais bien que Simeone puisse essayer d'argumenter contre les attentes irréalistes des gens, il est tout simplement impossible d'ignorer le fait qu'il est maintenant en possession d'une équipe qui est équipée pour défier les rivaux nationaux, le Real Madrid et le FC Barcelone, pour le titre de Liga.

L'été de Newcastle aurait-il pu être pire ? Absolument. Mais le fait est que les supporters s'attendaient à beaucoup, beaucoup mieux.

Compte tenu de leurs problèmes avec les instances de la PL, les Magpies risquaient fort de perdre au moins un joueur clé avant la fin du mois de juin, et Anthony Gordon a bien failli rejoindre Liverpool. Finalement, les Magpies ont réussi à conserver Gordon, mais aussi Bruno Guimaraes et Alexander Isak en vendant les jeunes Elliot Anderson et Yankuba Minteh. Et les seuls nouveaux visages à Saint-James Park cet été ont été Lewis Hall (28 millions de livres) - qui était déjà prêté - et Lloyd Kelly (libre). Les tentatives des Toon pour recruter l'international anglais Marc Guehi ayant été repoussées à plusieurs reprises par Crystal Palace.

Newcastle dispose toujours d'un onze de départ solide et peut prétendre à une place dans le top 4 s'il évite les problèmes de blessures de la saison dernière - l'absence de football européen aidera à cet égard - mais le manager Eddie Howe a admis que son équipe avait besoin d'être renforcée.

Les supporters se sentent donc un peu lésés en ce moment. Lorsque leur club a été racheté par le PIF d'Arabie saoudite en 2021, ils se sont mis à rêver de signer des superstars et de devenir l'une des meilleures équipes du monde. Mais la dure réalité de la situation est qu'il est difficile pour un club de la taille de Newcastle de traiter avec la PSR sans jouer régulièrement en Ligue des champions et sans bénéficier d'autres sources de revenus lucratives.

Comme l'a dit Howe, « je ne pense pas que le rêve soit mort, nécessairement, mais je pense qu'il prend beaucoup plus de temps [à se réaliser] ».

La Juventus a remporté la Coppa Italia et terminé troisième de la Serie A sous Massimiliano Allegri, imaginez ce qu'elle pourrait réaliser avec un entraîneur avant-gardiste comme Thiago Motta !

L'homme qui a mené la modeste Bologne en Ligue des champions a bénéficié d'un soutien incroyable sur le marché des transferts de la part des Bianconeri, qui ont considérablement renforcé le point faible de leur équipe en recrutant les milieux de terrain Douglas Luiz, Khephren Thuram et Teun Koopmeiners - même si la perte d'Adrien Rabiot pour rien a été un coup dur.

La Juve a également été contrainte de laisser partir Federico Chiesa pour une somme dérisoire en raison de l'expiration de son contrat, mais les arrivées de Nicolas Gonzalez et Francisco Conceicao devraient permettre à Dusan Vlahovic de bénéficier d'un soutien important sur le plan offensif.

Sans surprise, la Juve a fait un excellent début de saison sous la houlette de Motta, ce qui laisse espérer que le directeur sportif Cristiano Giuntoli, qui avait monté l'équipe de Naples victorieuse du Scudetto avec un petit budget, a réussi à mettre sur pied une autre équipe capable de remporter le titre à Turin.