Le football est souvent une question de rédemption, où un éclair de génie peut balayer les doutes et les polémiques en un instant. Pour Kevin De Bruyne, le maestro belge de Naples, cette vérité s'est manifestée de manière éclatante lors de la récente soirée de Ligue des Champions face au Sporting. Il y a quelques jours à peine, une friction médiatisée avec son entraîneur, Antonio Conte, faisait les gros titres, laissant planer l'ombre d'un contentieux entre deux fortes personnalités. Mais il a suffi de quatre-vingt-dix minutes, d'une performance éblouissante et d'une démonstration de leadership, pour que le "King Kev" fasse taire les critiques et rappelle à tous son statut de joueur d'exception. À Naples, la question n'est plus de savoir si De Bruyne est un problème, mais bien de réaliser que sa présence est une bénédiction.
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GOAL ARLa genèse d'une friction entre caractères forts
La tempête a éclaté lors de la défaite de Naples contre l'AC Milan (2-1) à San Siro. À la 72e minute, Antonio Conte, réputé pour sa poigne de fer et son intransigeance tactique, décide de remplacer De Bruyne. La réaction du Belge fut immédiate et sans équivoque : vexé, il quitte la pelouse sans saluer son coach, marmonnant un "Putain, on est en train de perdre mec" capté par les caméras. La riposte de Conte ne se fait pas attendre. Publiquement, l'entraîneur italien met en garde sa star : "Ceux qui me connaissent savent très bien quel est mon point de vue sur la gestion du groupe... Ceux qui ne me connaissent pas peuvent faire des erreurs. À moi de clarifier la situation... j'accepte une première erreur, mais pas deux". Une mise au point ferme, mais inévitable lorsque deux caractères de cette trempe se rencontrent, chacun habitué à dicter sa loi sur le terrain ou sur le banc.
Getty Images SportLe "problème de Naples" transformé en solution
L'incident de San Siro avait alimenté les colonnes des journaux italiens, certains allant jusqu'à qualifier De Bruyne de "problème de Naples". Pierpaolo Marino, ancien directeur sportif du club, estimait même qu'il rendait le jeu "prévisible". Les critiques pointaient un manque d'adaptation, une propension à "trottiner" et à s'agacer. Des doutes légitimes pouvaient émerger sur la capacité d'un joueur habitué à un statut de roi à Manchester City à s'intégrer dans les méthodes exigeantes de Conte. Mais le football est un sport où la vérité du terrain est souveraine. Et face au Sporting, en Ligue des Champions, De Bruyne a apporté la meilleure des réponses, balayant les doutes d'un coup de génie. Il ne s'agissait plus d'un "problème", mais d'une "libération".
Getty Images SportDe Bruyne signe une masterclass face au Sporting
Contre le Sporting Lisbonne, Kevin De Bruyne a offert une véritable masterclass. Deux passes décisives lumineuses pour Hojlund, un sacrifice constant pour l'équipe, et une magie qui a transfiguré le jeu napolitain. Le "King Kev" a retrouvé son trône, non seulement par ses fulgurances offensives, mais aussi par son engagement. Faouzi Ghoulam, ancien joueur de Naples, a souligné son "incroyable capacité à revenir", le voyant même "prendre place en tant qu'arrière gauche, aider à récupérer le ballon, puis reprendre sa place à l'avant". À 34 ans, pour son 81e match de Ligue des Champions, De Bruyne a prouvé qu'il était un joueur total, capable d'être à la fois créateur, passeur (désormais 5e meilleur de l'histoire de la C1 avec 40 passes décisives, juste derrière Neymar) et infatigable travailleur. Les 50 000 supporters du Maradona lui ont d'ailleurs réservé un chant explosif et spontané à sa sortie, signe que le peuple napolitain avait retrouvé son champion.
AFPRéconciliation et professionnalisme à toute épreuve
Fort heureusement, la brouille entre De Bruyne et Conte fut donc de courte durée. Après la victoire face au Sporting, les deux hommes ont officiellement enterré la hache de guerre. "Je n'ai aucun problème avec Antonio Conte, aucun. Je suis un gagneur et je veux faire la différence sur le terrain, mais il n'y a aucun problème avec l'entraîneur", a déclaré le Belge. Conte, de son côté, a tempéré ses propos : "Je n'ai rien à dire à Kevin, car c'est un bon joueur qui fait des efforts". La "punition" infligée au joueur, un dîner pour toute l'équipe, s'est avérée purement symbolique, visant à renforcer la cohésion du groupe plutôt qu'à sanctionner réellement. Cet épisode a finalement renforcé l'idée que malgré son caractère bien trempé, De Bruyne reste un grand professionnel, un amoureux du jeu qui s'exprime avant tout sur le terrain.
AFPL'âge n'est qu'un chiffre, le génie une constante
À 34 ans, certains pourraient douter de sa longévité au plus haut niveau. Pourtant, à l'instar d'un Luka Modric à l'AC Milan, Kevin De Bruyne est un vieux briscard qui n'est pas rassasié. Sa performance contre le Sporting, ses trois buts en cinq journées de championnat (faisant de lui le meilleur buteur de Naples en Serie A), et sa soif constante de victoire en attestent. Il a su s'adapter aux exigences tactiques de Conte, prouvant sa force mentale et sa capacité à se remettre en question. Sa présence est une bénédiction pour Naples, un gage de plaisir et de spectacle pour les tifosi, tant en Serie A qu'en Ligue des Champions. Kevin De Bruyne est un génie du ballon rond, et son rebond rapide prouve que les problèmes, avec lui, ne durent jamais longtemps. Le roi est bien vivant, et il est prêt à régner sur Naples.

