Man United Mainoo Amorim gfxGetty/GOAL

Le "cas Mainoo" : comment Ruben Amorim est en train de se mettre Old Trafford à dos

Lors de sa première interview en tant que manager de Manchester United, Ruben Amorim avait promis de revenir aux fondamentaux : « Le plus important, c'est le sentiment d'appartenance... les principes, l'identité et le caractère que nous avions dans le passé. » Des mots doux aux oreilles des supporters, pour qui l'identité de United repose sur deux piliers : un football offensif et la promotion des jeunes du cru.

Ironiquement, Amorim a échoué sur les deux tableaux. Mais c'est sa gestion de Kobbie Mainoo, le seul diplômé de l'académie ayant une expérience significative en équipe première, qui est en train de faire basculer la patience des fans vers la révolte. Alors que le coach portugais préside à une saison en demi-teinte, son refus obstiné d'utiliser le milieu de terrain anglais, titulaire en finale de l'Euro il y a six mois à peine, devient incompréhensible.

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    12 minutes par match : l'humiliation statistique

    Lundi, lors de la victoire contre Wolves, l'ovation reçue par Mainoo à son entrée en jeu (78e minute) contrastait avec son statut actuel. Il n'est plus qu'un joueur de complément, lancé quand le match est plié (3-1) face à la lanterne rouge. On est loin du Mainoo qui, deux ans plus tôt, offrait la victoire aux siens sur ce même terrain ou qui brillait en finale de FA Cup contre City.

    Aujourd'hui, le prodige anglais attend toujours sa première titularisation de la saison en Premier League. Sa moyenne ? Douze minutes par match. Une hérésie pour un joueur de son calibre, victime du système rigide d'Amorim et de la concurrence indéboulonnable de Bruno Fernandes et Manuel Ugarte (voire du retour en grâce de Casemiro).

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  • Le rire de trop

    Mais plus que le temps de jeu, c'est l'attitude d'Amorim qui choque. Interrogé sur l'absence de Mainoo après un triste nul contre West Ham (1-1), le Portugais a laissé échapper un rire nerveux, comme si la question était absurde. « Je comprends, vous adorez Kobbie... Mais ça ne veut pas dire que je dois le faire jouer quand je pense que je ne devrais pas », a-t-il justifié.

    Ce rire a été perçu comme un manque de respect flagrant. Pour Amorim, Mainoo semble être devenu une "blague", un sujet d'agacement médiatique plutôt qu'une solution sportive. Lors d'un échange tendu avec un journaliste de la BBC, le coach a nié ne pas faire confiance à l'académie, citant Mainoo comme preuve... alors qu'il ne le fait pas jouer. Cette dissonance cognitive alimente la fureur des fans.

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    Scholes et Ferdinand sonnent la charge

    La situation est telle que les légendes du club conseillent désormais au joueur de partir. « Si j'étais à sa place, je me casserais », a lâché Rio Ferdinand sur sa chaîne YouTube. « Il vient de perdre 18 mois de sa carrière. » Paul Scholes est allé plus loin sur Instagram, qualifiant la gestion d'Amorim de « connerie » (bullshit) : « Le gamin est en train d'être ruiné dans une équipe qui ne sait pas contrôler un match. »

    Pour Scholes, le problème dépasse Mainoo : « Je ne pense pas que le manager comprenne ce club. United, c'est le risque, le divertissement, des ailiers qui éliminent... Là, il n'y a rien. Il fait entrer quatre défenseurs contre West Ham. Il ne comprend pas. »

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    Vers une révolte ouverte ?

    C'est là le cœur du problème. Amorim pourrait se permettre d'ignorer l'académie s'il dominait la ligue. Mais United est 6e, et le jeu est poussif. Dans les moments difficiles, voir un enfant du club percer (comme Mainoo ou Garnacho sous Ten Hag) offre une bouffée d'oxygène et de patience aux supporters. En se privant de ce levier émotionnel et sportif, Amorim s'isole dangereusement.

    Avec la CAN qui privera United d'Amad Diallo et Bryan Mbeumo en janvier, des places vont se libérer. Si Amorim persiste à ignorer Mainoo au profit de bricolages tactiques (comme Mason Mount), la grogne actuelle pourrait se transformer en révolte ouverte. Et à Manchester, quand Old Trafford se retourne contre vous parce que vous avez touché à ses "bébés", la fin n'est jamais très loin.

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