Lamine Yamal : Il a choisi d'avoir 18 ans, pas de gagner le Ballon d'Or

Les faits, malgré les téléphones proscrits, ont fuité et dessinent le portrait d'un événement problématique. Thème "gangster", invités triés sur le volet, et surtout, l'embauche de personnes de petite taille comme attraction pour divertir l'assemblée. Cette dernière information, qui a conduit le gouvernement espagnol à réclamer une enquête, est la plus dommageable. Elle révèle une faute de goût immense, une déconnexion troublante avec les valeurs de respect et de dignité que l'on attend d'une icône sportive. En s'inspirant de scènes du Loup de Wall Street, Yamal semble n'avoir retenu que la fascination pour l'excès, oubliant que le personnage principal du film finit seul et en prison. Il est bien plus inspiré quand il évoque une filliation avec le numéro 10 de Maradona.

C'est ici que le conte de fées se brise. Le Ballon d'Or n'est plus seulement une récompense pour le meilleur joueur, mais pour celui qui incarne le mieux ce rôle. Il se gagne sur le terrain, mais se perd souvent en dehors. En organisant une telle soirée, Lamine Yamal a offert à ses concurrents, Ousmane Dembélé en tête, l'argument parfait pour le disqualifier. Il a brisé le récit de l'enfant prodige humble et concentré sur ses objectifs. Il a montré une immaturité qui, si elle est pardonnable à 18 ans, est rédhibitoire dans une campagne de cette envergure. Il s'est tiré une balle dans le pied, à un moment où chaque détail de son image était scruté.

Faut-il pour autant accabler un jeune homme qui vient d'atteindre la majorité ? Pas uniquement. Sa faute est aussi celle de son entourage, de ses conseillers, de sa famille. Comment personne n'a-t-il pu l'avertir des risques d'une telle mise en scène ? Comment personne n'a-t-il pu lui expliquer que le statut qu'il convoite impose des devoirs ? On a peut-être voulu qu'il grandisse trop vite sur les terrains, en oubliant de l'accompagner en dehors. Cette polémique est le symptôme d'un cadre qui semble défaillant, incapable de protéger son joyau de ses propres démons.

Le talent de Lamine Yamal est immense, et il gagnera sans doute de nombreux trophées, peut-être même plusieurs Ballons d'Or. Mais celui de 2025, celui qui aurait fait de lui le plus jeune lauréat de l'histoire, s'est probablement envolé dans les frasques d'une nuit d'anniversaire. Le train de l'histoire, pour cette année, est passé. Il a préféré la célébration à la consécration. C'est son choix, et c'est aussi son premier grand regret à venir. Reste à espérer que ce soit aussi sa première grande leçon.