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Marseille Longoria GFXGetty

L’OM victime d’un complot arbitral ? Quand la colère prend le pas sur la raison

L’orage gronde à Marseille. Après la défaite de l’OM face à Auxerre (3-0), Pablo Longoria et ses bras droits ont dénoncé un arbitrage biaisé, allant jusqu’à parler de “corruption” et de “championnat de merde”. Un coup de sang d’une rare intensité, qui a secoué le football français et provoqué une avalanche de réactions, entre indignation et scepticisme.

Mais cette tempête médiatique est-elle justifiée ? L’OM est-il réellement victime d’un acharnement arbitral ou sombre-t-il dans une paranoïa qui pourrait lui nuire à long terme ? À travers une analyse approfondie, des chiffres et des faits, tentons de démêler le vrai du faux.

  • FBL-FRA-LIGUE1-MARSEILLE-PRESSERAFP

    Quand la frustration dépasse la mesure

    À chaud, après une défaite frustrante, il est naturel qu’un président défende son club avec passion. Mais ce que Pablo Longoria a fait après le match contre Auxerre dépasse la simple réaction épidermique. En quittant la tribune avant la fin du match et en lançant des accusations de corruption, il a franchi une ligne rouge.

    Qualifiant la Ligue 1 de “championnat de merde”, menaçant de rejoindre une hypothétique Super Ligue, il a donné l’image d’un dirigeant à bout de nerfs, incapable de contenir sa colère. Fabrizio Ravanelli et Roberto De Zerbi ont suivi le mouvement, dénonçant un arbitrage prétendument honteux. Mais à y regarder de plus près, le scandale ne saute pas aux yeux.

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    L’OM vraiment défavorisé ? Ce que disent (et ne disent pas) les chiffres

    Si l’on s’en tient uniquement aux statistiques (retenues avant la journée de dimanche en Ligue 1), l’idée d’un Olympique de Marseille systématiquement lésé par l’arbitrage ne tient pas vraiment. Les données objectives d’Opta et de la Ligue 1 montrent que l’OM n’est ni le club le plus sanctionné ni celui qui subit le plus de décisions défavorables.

                •          Cartons : Marseille a reçu 38 cartons jaunes et 6 rouges en 23 matchs. C’est plus que le PSG (31 jaunes, 2 rouges) et Lyon (36 jaunes, 0 rouge), mais nettement moins que Montpellier (65 jaunes, 6 rouges) ou Lens (57 jaunes, 7 rouges). Si l’on s’en tient à ces chiffres, l’OM ne semble pas être victime d’un traitement particulier.

                •          Penalties : L’OM affiche un solde net de +2 (7 penalties obtenus, 5 concédés), soit un bilan similaire à celui du PSG (+1) et plus favorable que des clubs comme Saint-Étienne (-10). Là encore, difficile d’y voir une tendance systémique à l’encontre des Provençaux. Même si, il convient de le reconnaitre, une équipe en bas de classement a plus tendance à concéder des penalties que d'en obtenir.

    Ces données, aussi détaillées soient-elles, ne captent pas toute la réalité du terrain. Ce ne sont que des chiffres bruts, et ils ne traduisent pas l’impact émotionnel et psychologique de certaines décisions litigieuses.

    Si Marseille crie à l’injustice, ce n’est pas forcément à cause d’un nombre excessif de cartons ou d’un déficit en penalties, mais plutôt parce que quelques décisions particulièrement marquantes ont laissé des traces. L’expulsion rapide de Leonardo Balerdi contre Lyon lors du premier Olympico de la saison a été perçue comme une erreur flagrante qui a faussé le match. De même, le penalty non sifflé sur Quentin Merlin contre Auxerre, qui aurait pu changer le cours de la rencontre, nourrit la frustration marseillaise. Ces faits de jeu ne se reflètent pas dans les tableaux de statistiques, mais ils alimentent un sentiment de persécution.

    Autre élément qui échappe aux chiffres : le traitement réservé à Mehdi Benatia, le directeur sportif de l’OM. Grand habitué des bancs de touche, l’ancien défenseur n’hésite pas à faire entendre sa voix… au risque de s’attirer les foudres des instances. Récemment suspendu trois mois après une altercation avec Clément Turpin en Coupe de France, il incarne cette tension permanente entre Marseille et l’arbitrage français. Son cas est symbolique : si l’OM se sent victime d’un traitement différent, c’est peut-être aussi à cause de la sévérité des sanctions qui touchent son encadrement.

    En somme, les chiffres ne démontrent pas un complot arbitral contre l’OM, mais ils ne suffisent pas à invalider totalement le ressenti des Marseillais. L’injustice, en football, n’est pas qu’une question de statistiques : elle est aussi façonnée par des moments clés, des décisions qui marquent une saison et construisent une frustration.

  • FBL-FRA-LIGUE1-AUXERRE-MARSEILLEAFP

    Quand se plaindre dessert plus qu’autre chose

    L’Olympique de Marseille a toujours eu une relation houleuse avec l’arbitrage, et ce n’est pas nouveau que ses dirigeants dénoncent des décisions qu’ils estiment injustes. Mais cette saison, la tonalité a changé. Il ne s’agit plus seulement de contestations après un match tendu, mais d’un véritable discours de persécution, une rhétorique où le club se pose systématiquement en victime d’un système prétendument hostile.

    Pourtant, à force de crier au loup, les Marseillais risquent de se tirer une balle dans le pied. L’histoire du football regorge d’exemples de clubs qui ont fini par agacer les instances en multipliant les récriminations. Plus Marseille conteste, plus la pression monte sur les arbitres, qui pourraient, même inconsciemment, se montrer plus sévères pour ne pas donner l’impression de céder face aux menaces.

    C’est d’ailleurs ce que redoutent certains anciens joueurs, comme Samir Nasri, qui a pris du recul et observé la situation avec un œil plus pragmatique. L’ancien meneur de jeu formé à Marseille a critiqué le comportement de Longoria et son entourage, estimant que cette victimisation ne sert à rien :  « Ca peut s'expliquer sur la frustration, mais cette frustration c'est les Marseillais qui l'ont provoquée en se plaignant à chaque fois. Peut-être que les arbitres veulent les faire payer certaines choses inconsciemment. Mais "corruption", il ne faut surtout pas sortir ce mot sans aucune preuve. Il dit aussi "Superligue, championnat de merde"... c'est clairement un dérapage de sa part et il devrait s'excuser bientôt ».

    Ce type de discours, loin de mobiliser le club autour d’un objectif commun, risque de le plomber. Car en agissant ainsi, Marseille ne se met pas seulement à dos les arbitres, mais aussi les autres clubs – le FC Nantes a été le premier à dégainer -, les instances du football, et même certains de ses propres supporters, qui préféreraient voir leur équipe répondre sur le terrain plutôt que devant les micros.

    Le football est un sport où les décisions arbitrales ne seront jamais parfaites. Accepter cette réalité et se concentrer sur la performance sportive est souvent la meilleure réponse.

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    L’arbitrage français est-il si mauvais ?

    Si l’on écoute certains dirigeants et supporters marseillais, la Ligue 1 souffrirait d’un arbitrage calamiteux, entaché d’erreurs récurrentes et de décisions incohérentes. Pourtant, Marseille n’est pas le seul club à contester les décisions arbitrales, et ces polémiques ne sont pas propres au championnat de France.

    Les critiques envers l’arbitrage en Ligue 1 sont souvent amplifiées par une communication maladroite et une culture du soupçon bien ancrée. Certes, certaines décisions restent discutables – comme l’expulsion de Cornelius contre Auxerre – mais dans l’ensemble, les statistiques ne démontrent pas un acharnement spécifique contre l’OM. Comme l’a récemment souligné Philippe Diallo, président de la FFF, « il faut protéger les arbitres plutôt que de les exposer ».

    Mais cela ne signifie pas pour autant que les instances arbitrales sont irréprochables. Dans cette affaire, la Ligue aurait pu faire preuve de plus de discernement. La désignation de Jérémy Stinat pour arbitrer Auxerre-OM est une erreur évidente de la part des instances. Connaissant ses antécédents avec l’OM, notamment en Coupe de France où il avait été impliqué dans la suspension controversée de Mehdi Benatia, il était évident que ce choix allait envenimer la situation. Ce n’est pas une question d’intégrité, mais de gestion des tensions : il existe suffisamment d’arbitres en Ligue 1 pour éviter de placer un officiel dans une position aussi inconfortable.

    Toutefois, cette logique a ses limites. Si à chaque fois qu’un club se plaint d’un arbitre, il faut en changer, cela ouvrirait la porte à des dérives : les clubs pourraient commencer à instrumentaliser la pression médiatique pour influer sur les désignations arbitrales. Il est donc difficile de tracer une ligne claire entre la nécessité d’éviter des tensions inutiles et celle d’assurer une impartialité totale du corps arbitral.

    Par ailleurs, cette crise de confiance vis-à-vis de l’arbitrage dépasse nos frontières. En Premier League, les polémiques sont tout aussi fréquentes, malgré des moyens bien supérieurs et un usage plus avancé de la technologie. Le Liverpool-Tottenham d’octobre 2023, où un but valable des Reds avait été refusé à cause d’une erreur d’interprétation du VAR, avait déclenché une tempête médiatique, poussant la PGMOL (l’instance des arbitres anglais) à présenter des excuses publiques. En Espagne, le Real Madrid et le FC Barcelone n’en finissent pas d’alimenter les débats sur l’arbitrage, chacun se sentant systématiquement lésé.

    Ce que l’on observe ailleurs, c’est que les clubs, même lorsqu’ils s’estiment victimes d’injustices, adoptent souvent une posture plus mesurée. Ils travaillent en coulisses pour faire évoluer la situation au lieu d’enflammer le débat sur la place publique. C’est peut-être là que réside le véritable problème de l’OM : en criant trop fort à l’injustice, le club ne fait que s’enfermer dans un cercle vicieux qui ne lui profite pas.

  • FBL-FRA-LIGUE1-MARSEILLE-MONACOAFP

    Conclusion : un club qui doit regarder vers l’avant

    Le club phocéen a toujours eu une relation passionnelle avec son environnement. Mais aujourd’hui, cette passion tourne à l’obsession, au point de brouiller son image. Plutôt que de s’enfermer dans une posture victimaire, Marseille devrait se concentrer sur l’avenir.

    Les vrais défis sont ailleurs : sécuriser la qualification en Ligue des Champions, structurer le club pour être à la hauteur des ambitions affichées, et surtout, se battre sur le terrain plutôt qu’en dehors.

    En somme, l'OM gagnerait sans doute plus à se concentrer sur son jeu au lieu d'alimenter un sentiment d’injustice qui, chiffres à l’appui, ne repose sur pas grand-chose.