Si l’on s’en tient uniquement aux statistiques (retenues avant la journée de dimanche en Ligue 1), l’idée d’un Olympique de Marseille systématiquement lésé par l’arbitrage ne tient pas vraiment. Les données objectives d’Opta et de la Ligue 1 montrent que l’OM n’est ni le club le plus sanctionné ni celui qui subit le plus de décisions défavorables.
• Cartons : Marseille a reçu 38 cartons jaunes et 6 rouges en 23 matchs. C’est plus que le PSG (31 jaunes, 2 rouges) et Lyon (36 jaunes, 0 rouge), mais nettement moins que Montpellier (65 jaunes, 6 rouges) ou Lens (57 jaunes, 7 rouges). Si l’on s’en tient à ces chiffres, l’OM ne semble pas être victime d’un traitement particulier.
• Penalties : L’OM affiche un solde net de +2 (7 penalties obtenus, 5 concédés), soit un bilan similaire à celui du PSG (+1) et plus favorable que des clubs comme Saint-Étienne (-10). Là encore, difficile d’y voir une tendance systémique à l’encontre des Provençaux. Même si, il convient de le reconnaitre, une équipe en bas de classement a plus tendance à concéder des penalties que d'en obtenir.
Ces données, aussi détaillées soient-elles, ne captent pas toute la réalité du terrain. Ce ne sont que des chiffres bruts, et ils ne traduisent pas l’impact émotionnel et psychologique de certaines décisions litigieuses.
Si Marseille crie à l’injustice, ce n’est pas forcément à cause d’un nombre excessif de cartons ou d’un déficit en penalties, mais plutôt parce que quelques décisions particulièrement marquantes ont laissé des traces. L’expulsion rapide de Leonardo Balerdi contre Lyon lors du premier Olympico de la saison a été perçue comme une erreur flagrante qui a faussé le match. De même, le penalty non sifflé sur Quentin Merlin contre Auxerre, qui aurait pu changer le cours de la rencontre, nourrit la frustration marseillaise. Ces faits de jeu ne se reflètent pas dans les tableaux de statistiques, mais ils alimentent un sentiment de persécution.
Autre élément qui échappe aux chiffres : le traitement réservé à Mehdi Benatia, le directeur sportif de l’OM. Grand habitué des bancs de touche, l’ancien défenseur n’hésite pas à faire entendre sa voix… au risque de s’attirer les foudres des instances. Récemment suspendu trois mois après une altercation avec Clément Turpin en Coupe de France, il incarne cette tension permanente entre Marseille et l’arbitrage français. Son cas est symbolique : si l’OM se sent victime d’un traitement différent, c’est peut-être aussi à cause de la sévérité des sanctions qui touchent son encadrement.
En somme, les chiffres ne démontrent pas un complot arbitral contre l’OM, mais ils ne suffisent pas à invalider totalement le ressenti des Marseillais. L’injustice, en football, n’est pas qu’une question de statistiques : elle est aussi façonnée par des moments clés, des décisions qui marquent une saison et construisent une frustration.