Ce jeudi soir, le Parc des Princes vibrera pour une rencontre décisive entre la France et l’Ukraine, comptant pour les qualifications au Mondial 2026. Une affiche particulière, dix ans jour pour jour après les attentats du 13 novembre 2015. En conférence de presse, Didier Deschamps, accompagné de Kylian Mbappé, a pris la parole avec émotion et franchise. De la mémoire collective à la situation de ses joueurs, en passant par ses propres réflexions sur l’avenir, le sélectionneur a déroulé un discours sincère et dense, à la veille d’un rendez-vous pas comme les autres.
AFPFrance-Ukraine : les confidences fortes de Deschamps avant un match chargé d’émotion
Getty Images SportLa qualification en ligne de mire
Didier Deschamps n’a pas cherché à minimiser l’enjeu de ce match. Pour lui, tout reste à faire, même si le parcours des Bleus jusqu’ici a pavé la voie vers la qualification.
« Tous les matchs servent (à construire), après y en a qui marquent pour différentes raisons. On a conscience de l'importance du match de demain car il peut nous assurer la qualification. Mais c'est les quatre d'avant qui nous permettent d'en arriver là », a lancé l’ancien coach de l’OM.
S’il reste prudent, le technicien tricolore veut boucler la mission dès ce jeudi : « Faisons en sorte d'atteindre notre objectif dès demain ».
Des propos qui traduisent sa volonté de ne rien laisser au hasard, malgré les nombreuses absences qui empêchent de retrouver la pleine cohésion du groupe.
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Cherki, l’arme technique qui séduit le sélectionneur
Questionné sur Rayan Cherki, de retour dans le groupe après deux mois d’absence pour blessure, l’entraîneur des Bleus n’a pas caché son admiration pour le jeune talent de Manchester City. « Il a cette capacité technique de pouvoir faire des différences, par la passe ou des buts »., a commencé le technicien français
Deschamps souligne également son intelligence de jeu, mais insiste sur la nécessité d’un équilibre collectif : « Aujourd’hui dans le football moderne on ne peut pas se permettre de perdre un joueur défensivement ».
Il reconnaît toutefois que Cherki peut changer le cours d’un match, que ce soit en entrant en fin de rencontre ou en débutant : « Même si dans l'absolu, quand c'est en fin de match avec la fatigue de l'adversaire, quand on est un joueur technique comme lui, il y a un avantage ».
Le sélectionneur voit en lui un joueur capable de créer la surprise à tout moment, malgré son jeune âge et son adaptation en cours.
AFPBarcola et la gestion physique des joueurs
Sur la question du rythme de Bradley Barcola, qui ne serait qu’à 50 % de ses capacités, Deschamps reste mesuré : « Il va bien. En début d'année il était très bien avec nous mais il a moins joué avec son club ».
Le coach souligne la fatigue accumulée après une série intense : « Là il a eu 6 matchs en 15 jours, les organismes sont sollicités ».
Tout en rassurant sur son état, il met en avant la vigilance nécessaire avant un match d’une telle importance : « Il se sent bien. Il n'a pas de souci particulier ».
Une déclaration qui montre la confiance du sélectionneur envers le jeune ailier, appelé à confirmer son potentiel sous le maillot tricolore.
(C)Getty ImagesL’entraîneur français sous-coté ? Deschamps se désole
La question de l’absence d’entraîneurs français en Ligue des champions cette saison a fait réagir Deschamps, visiblement touché par la situation. « Je le regrette, oui. Je trouve que l'entraîneur français n'est pas assez valorisé, déjà en France, c'est mon ressenti », a indiqué DD.
Le sélectionneur pointe du doigt un manque de reconnaissance et d’opportunités, tout en défendant la qualité des techniciens hexagonaux : « Est-ce qu'on est moins bons que les autres ? Je ne pense pas. Est-ce que les autres sont mieux organisés ? Certainement ».
Un discours lucide, presque amer, sur une réalité que beaucoup dans le football français partagent.
AFPLe souvenir du 13 novembre, entre émotion et devoir
Comme son capitaine Mbappé, Didier Deschamps a tenu à évoquer la symbolique de cette date particulière. « Il y en a peu qui étaient là quand c'est arrivé. On sait que ça fait partie du contexte ».
Le sélectionneur n’a pas caché son émotion, tout en insistant sur l’importance de la mémoire collective : « Ce devoir de mémoire et le soutien, la compassion qu'on se doit d'avoir pour toutes les familles qui ont souffert, ont perdu des êtres chers ça fait partie du contexte ».
Mais Deschamps sait garder la juste distance : « Ce n'est qu'un match de foot, c'est rien à côté de ce qui s'est passé. Mais c'est un match très important pour nous ».
Un discours empreint de sobriété et de respect, fidèle à son image d’homme pudique et de capitaine historique.
AFPDeschamps et la nostalgie du temps qui passe
À la question de savoir s’il aborde cette campagne avec une émotion particulière, lui qui quittera son poste en 2026, le sélectionneur a balayé toute idée de nostalgie : « Je ne pense pas (que c'est spécial). Ce qui est derrière ne m'intéresse pas. Le plus important c'est ce qui se passe aujourd'hui et demain ».
Didier Deschamps reste ancré dans le présent, concentré sur sa mission et sur les défis à venir : « J'ai jamais vraiment regardé dans le rétro. L'histoire à écrire, c'est demain ».
Des propos qui résonnent comme une profession de foi pour un entraîneur dont la rigueur et la longévité forcent le respect.
AFPCamavinga et Kanté, deux trajectoires opposées
Le sélectionneur a également évoqué deux cas bien distincts : celui d’Eduardo Camavinga, souvent freiné par des pépins physiques, et celui de N’Golo Kanté, revenu à un niveau impressionnant.
« Malheureusement pour lui il a des blessures qui l'empêchent d'avoir de la continuité. Lui aussi, il veut plus de temps de jeu, il veut mieux faire », a-t-il indiqué à propos du milieu madrilène.
Quant à Kanté, Deschamps ne tarit pas d’éloges : « Il va bien. Il est arrivé avec le sourire, il a toujours le sourire ».
Le coach loue son professionnalisme et son expérience : « Il maintient son niveau de performance avec plus de matchs cette saison car son club joue la Ligue des champions d'Asie ».
Deux profils différents, mais tous deux essentiels à la cohésion et à la stabilité du groupe.
Getty Images SportUne mission claire : conclure avant mars
Alors que l’équipe de France n’est plus qu’à un pas de la qualification, Didier Deschamps ne veut pas attendre : l’objectif est clair, faire le travail dès ce jeudi face à l’Ukraine.
L’entraîneur et son capitaine partagent la même ambition : conclure la phase de qualification à domicile, dans un stade chargé d’émotion et de symboles. Pour Deschamps, c’est aussi une façon de rappeler que, dix ans après un drame national, le football peut encore rassembler et offrir du réconfort.