Dans les coulisses du dossier Fofana : le plan de Chelsea, l'intérêt de Liverpool et le dilemme de l'OL

Fils d'un ancien footballeur professionnel, Malick Fofana semblait prédestiné à suivre la même voie. Il est né en mars 2005 à Alost, en Belgique, d'un père guinéen et d'une mère philippine. Il chausse ses premiers crampons très jeune au sein du club local de l'Eendracht Alost, qui évolue alors en quatrième division, avant de rejoindre La Gantoise, non loin de sa ville natale, en 2014, à l'âge de seulement neuf ans. Rapidement identifié comme un talent hors norme, Fofana y poursuit sa formation pendant huit ans. Sa précocité est telle qu'il signe son premier contrat d'équipementier avec le géant allemand adidas à 14 ans, avant de parapher son premier contrat professionnel avec La Gantoise en janvier 2022, alors qu'il n'a que 16 ans.

Fofana n'aura pas à attendre longtemps pour frapper à la porte de l'équipe première. Après avoir participé à la préparation estivale, il fait ses grands débuts officiels en sortant du banc lors du deuxième match de championnat de la saison 2022-2023, face à Saint-Trond. La semaine suivante, il est titularisé pour la première fois et crève l'écran lors de la victoire 2-1 contre Westerlo. « La première fois dans un stade plein, devant les supporters, ça donne des frissons », confiera-t-il après la rencontre. « C'est vraiment génial d'être dans le onze de départ. Mes parents et mon neveu étaient aussi dans les tribunes. C'est pour eux que je le fais. »

Pourtant, ces premières apparitions ne serviront pas immédiatement de tremplin, contrairement à ce qu'il aurait pu espérer. Son entraîneur, Hein Vanhaezebrouck, préfère le gérer avec prudence, l'utilisant avec parcimonie en première partie de saison tout en le laissant s'aguerrir avec l'équipe des moins de 21 ans. Ce n'est finalement qu'à partir de la mi-janvier qu'il s'imposera comme un membre incontournable de l'effectif professionnel.

Il doit attendre octobre 2023 pour inscrire son premier but en championnat. Face à Molenbeek, il récupère le ballon dans le rond central, accélère, crochète un défenseur avant de déclencher une frappe sèche du gauche à l'entrée de la surface qui fait mouche. L'adolescent connaît ensuite une période particulièrement faste entre novembre et décembre, remportant les titres de Joueur et de But du mois, tout en signant cinq contributions décisives en autant de matchs. Cette forme ne tarde pas à taper dans l'œil de l'Olympique Lyonnais qui, en pleine crise de résultats en Ligue 1, n'hésite pas à débourser 22 millions d'euros pour l'attirer lors du mercato de janvier. Cependant, l'arrivée simultanée de Saïd Benrahma en provenance de West Ham le contraint à la patience, et il ne connaîtra que trois titularisations en championnat sur le reste de la saison.

Mais la saison 2024-2025 sera une tout autre histoire. Le jeune homme de 19 ans s'approprie le flanc gauche de l'attaque, enchaînant les performances de haut vol. Entre fin septembre et début novembre, il inscrit cinq buts en six matchs, avec en point d'orgue une performance majuscule en Ligue Europa face aux Rangers. Ses prestations lui ouvrent les portes de la sélection nationale, et il étrenne sa première cape avec les Diables Rouges en octobre 2024 contre l'Italie, après avoir gravi tous les échelons en équipes de jeunes. À seulement 20 ans, Fofana termine la saison avec un bilan très respectable de 17 contributions décisives, dont huit en dix rencontres européennes.

Ce qui frappe d'abord chez Fofana, c'est sa qualité de dribble. Vif, ambidextre, il manie le ballon avec une aisance déconcertante, capable de mystifier ses adversaires en un éclair. La presse belge l'a d'ailleurs qualifié de « cauchemar pour les défenseurs », tandis que certains observateurs n'hésitent pas à le comparer à un certain Eden Hazard pour sa faculté à éliminer. Mais son talent ne se résume pas à sa technique. Son ancien entraîneur à Lyon, Pierre Sage, a très vite décelé son intelligence de jeu supérieure : « Il joue le jeu, c'est une qualité essentielle. C'est un joueur assez complet, à l'aise dans différentes phases. Quand il faut centrer, il centre. Quand il faut tirer, il tire. Quand vous respectez le jeu, le jeu vous le rend bien, et vos coéquipiers aussi. »

Au-delà de ses qualités intrinsèques, c'est sa mentalité qui impressionne malgré son jeune âge. « C'est un joueur qui a une mentalité de très haut niveau », insistait Sage. Une force de caractère déjà repérée par son club formateur, La Gantoise, qui soulignait son éthique de travail lors de la signature de son premier contrat professionnel en 2022 : « Malick est un gagneur qui n'oublie jamais ses tâches défensives. »

Le jeu de Malick Fofana ne présente pas de défauts rédhibitoires, si ce n'est ces petits détails qui se gommeront naturellement avec la maturité et l'expérience. Un aspect a toutefois été pointé du doigt. La comparaison avec Jérémy Doku, autre ailier belge au dribble foudroyant, est inévitable. Mais son ancien entraîneur à La Gantoise, Hein Vanhaezebrouck, y voit une différence notable. « Dans toutes les catégories de jeunes, tout le monde savait à quel point il [Fofana] était exceptionnel », a-t-il déclaré. « Mais il est encore un peu tendre physiquement. Si je le compare à Doku au même âge, Jérémy était déjà beaucoup plus robuste et musclé que Malick. C'est un avantage. »

Cette analyse, qui date de ses débuts en Belgique, est cependant à nuancer. On a déjà pu constater que Fofana s'est étoffé physiquement depuis son arrivée à Lyon. Sa puissance athlétique est un axe de travail sur lequel il peut encore progresser à la salle de sport, mais cela ne constitue en rien une inquiétude majeure pour la suite de sa carrière. C'est avant tout une marge de progression logique pour un joueur de son âge.

La question de son avenir semblait pourtant tranchée. Beaucoup imaginaient Fofana passer au moins une saison de plus en France pour parfaire sa formation, loin de la pression des plus grands championnats. Un scénario d'autant plus logique après le départ de l'autre talent offensif de l'effectif, Rayan Cherki, vers Manchester City pour un montant pouvant atteindre 42,5 millions d'euros. Mais c'était sans compter sur l'appétit des géants anglais.

À peine le mercato estival officiellement ouvert, Chelsea s'est manifesté, à la recherche d'un nouvel ailier gauche suite au retour de Jadon Sancho à Manchester United et face à l'absence prolongée de Mykhailo Mudryk pour suspension. La presse française a ensuite révélé que Liverpool avait également fait part de son intérêt, tandis qu'Arsenal et Manchester United surveilleraient la situation de très près. Ces développements s'inscrivent dans le contexte de la situation financière délicate de l'OL sous l'ère John Textor, qui pourrait nécessiter de nouvelles ventes de joueurs majeurs.

Détail intrigant, son ancien agent, Bobo Fofana, déclarait plus tôt en 2025 que le « choix du cœur » de son client serait Liverpool, mais que le « choix de la raison » serait Newcastle. Depuis, le joueur a changé d'agent pour rejoindre la prestigieuse écurie Roc Nation de Jay-Z. Interrogé sur son avenir en avril, Fofana s'est montré plus évasif : « Honnêtement, j'entends parler de tout ça, mais ça ne m'affecte pas. Je me concentre sur moi-même et je sais que si je suis performant, le reste suivra. Je regarde beaucoup la Premier League, je sais qu'il y a de grands clubs. Je connais mes qualités, je sais ce dont je suis capable, donc ce n'est qu'une question de temps. Les gens parleront toujours, mais je reste calme. J'ai une bonne mentalité, donc je sais que ça viendra. »