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Coupe du monde 2022 : Aurélien Tchouaméni revient sur son tir au but manqué en finale

Deux ans ont passé, mais l’épisode reste gravé dans les mémoires : ce tir au but manqué lors de la finale de la Coupe du monde 2022 face à l’Argentine. Beaucoup s’en souviennent comme d’un moment charnière, presque cruel. Aurélien Tchouaméni, lui, ne cherche pas à échapper à ce passage douloureux. Dans un entretien riche et sans filtre accordé à L’Équipe, le milieu français revient sur cet instant précis, sur ce qu’il a ressenti, sur ce qu’il en retient, et sur la manière dont il le transforme aujourd’hui en une force supplémentaire dans son métier.

  • Argentina v France: Final - FIFA World Cup Qatar 2022Getty Images Sport

    Un souvenir encore vif, mais assumé

    L’échec face à Emiliano Martinez reste une trace sensible dans sa carrière, même s’il le regarde désormais avec une forme de distance mature. Ce soir-là, Tchouaméni a trop croisé sa frappe, envoyant le ballon à côté du poteau droit. La France se battait encore pour renverser la finale, mais les destins se sont séparés au cours d’une séance au suspense irrespirable, où Kingsley Coman s’est lui aussi heurté au gardien argentin. La France s’était inclinée contre l'Argentine (3-3, 4 t.a.b. 2).

    Dans un moment où beaucoup auraient choisi le silence ou les détours, Tchouaméni décide de s’exposer pleinement : « Je préfère me regarder dans la glace le lendemain et me dire : 'T'as raté mais tu y es allé', plutôt que de me dire que j'ai eu peur ».

    Une phrase lourde de sens, qui traduit une volonté farouche d’assumer ses responsabilités. Il ne se cache pas. Il ne rejette rien. Il vit avec.

    Et il ne s’interdit pas de revivre un moment similaire dans le futur : « Et si en juillet 2026, cela se termine par une telle séance, il faut y aller ».

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  • Argentina v France: Final - FIFA World Cup Qatar 2022Getty Images Sport

    Une préparation mentale qui raconte son caractère

    L’international français raconte sans détour son état d’esprit juste avant la frappe : « Juste concentré sur mon objectif, marquer ».

    L’instant paraît court, mais l’adrénaline et la tension amplifient tout. Il se souvient même avec humour d’une phrase qu’il lançait à sa mère lorsqu’il était enfant : « Ça va, ce n'est pas la finale de la Coupe du monde non plus! »

    Et pourtant, il y était. Et cette fois, la réalité ne laissait aucune échappatoire. « Voilà, cela fait partie de mon histoire. Mon penalty est mal tiré, c'est vrai ».

    Ce qui frappe dans ses propos, c’est le refus de s’enterrer sous les regrets. L'épisode devient un apprentissage. Un socle mental. Une expérience qu’il a retravaillée immédiatement : « Mais contre la Croatie, en Ligue des nations, j'ai tiré au même endroit ».

    Il explique vouloir créer une image mentale claire, celle d’un geste réussi, et insiste sur l’importance de répéter pour maîtriser.

  • CD Leganes v Real Madrid CF -  Copa del ReyGetty Images Sport

    Un travail quotidien qui contredit Ancelotti

    Dans la suite de l'entretien, Tchouaméni reconnaît aller à l’encontre de la philosophie de son ancien coach au Real Madrid, Carlo Ancelotti. Celui-ci estimait qu’un entraînement régulier sur les penalties n’apporte pas de bénéfice réel. Mais le Français ne partage pas du tout cette vision.

    « Pour moi, c'est la mémoire du geste. Si tu t'entraînes tous les jours à taper ton penalty à droite, ras du poteau, je suis sûr que le jour où tu as besoin de tirer ton penalty en finale de Coupe du monde, tu as plus de chances de le mettre que quelqu'un qui ne tire jamais », a fait savoir l’ancien de l’AS Monaco.

    Cette logique simple, presque instinctive, reflète un joueur qui ne laisse rien au hasard, déterminé à surmonter un traumatisme sportif par un rituel technique quotidien.

  • FBL-EURO-2024-MATCH46-POR-FRAAFP

    L’équipe de France ne s’est pas transformée depuis 2022

    Interrogé sur les habitudes de la sélection depuis la finale du Qatar, le milieu des Bleus ne décrit pas un bouleversement massif.

    A l’en croire, les penalties ne sont pas « forcément plus » travaillés en équipe de France depuis la Coupe du monde. Il nuance toutefois : « Même si à la fin des séances, parfois, on en fait un peu ».

    Et il ajoute un clin d’œil à Mike Maignan : « Si tu veux un gardien qui te fait travailler les penalties, Mike est très fort ».

    Avec cette dernière phrase, Tchouaméni rappelle que chaque séance représente une occasion d’apprendre, surtout face à un portier de ce calibre.