Can Madrid avoid another crushing ClasicoGetty

Barcelone prêt à enterrer le Real Madrid : un Clasico qui sent la fin de cycle

Ce n’était pas censé se passer ainsi. Rien ne se déroule comme prévu pour le Real Madrid. Donné favori pour tout rafler cette saison, le club merengue est complètement à la peine. En réalité, c’est aujourd’hui une équipe en chute libre. Éliminé de la Ligue des champions, fébrile en Liga, Madrid ne survit plus que grâce à quelques fulgurances individuelles – et parfois un brin de réussite.

Dans ce contexte, le Clasico qui se profile face au Barça tombe à pic. Ces confrontations sont toujours électriques, et même les éditions les moins décisives conservent une intensité rare. Mais cette fois, l’enjeu dépasse la rivalité : c’est une finale, un trophée en jeu, mais aussi une photographie de deux clubs à des moments bien différents de leur cycle. Le Real, à bout de souffle, s’accroche tant bien que mal. Le Barça, lui, monte en puissance et semble promis à de meilleurs jours.

Et quand on repense à tout ce qu’on disait l’été dernier – Madrid comme grand favori, Barcelone voué à l’échec – ce Clasico pourrait bien révéler à quel point le Real d’Ancelotti a reculé.

  • Real Madrid v FC Barcelona: Spanish Super CupGetty Images Sport

    Ce ne serait pas une première

    Ce n’est pas ainsi que ces affiches se présentaient autrefois. El Clasico, c’était le rendez-vous incontournable, peu importe pour quel club on vibrait. C’était Cristiano Ronaldo contre Lionel Messi, Mourinho contre Guardiola : les deux meilleures équipes d’Europe qui se rendaient coup pour coup. Bien sûr, il y a eu des claques – certains récitals du Barça au Bernabeu sont restés dans la légende. Mais ce qu’on retenait surtout, c’était la tension, l’incertitude. On ne savait jamais vraiment qui allait l’emporter. Tout se jouait à un fil : tactique, mental, capacité à répondre présent le jour J.

    Cette saison, pourtant, la rivalité semble avoir perdu de sa substance. Le Barça ne s’est pas contenté de battre Madrid, il l’a humilié – à deux reprises. La première correction est venue en Liga : un 4-0 sec infligé aux Merengue, lors du tout premier Clasico de Mbappé. La deuxième fut encore plus cinglante : une démonstration 5-2 en finale de Supercoupe d’Espagne. Ancelotti n’a pas mâché ses mots après ce naufrage, reprochant à ses joueurs de « ne pas avoir joué au football ». Il s’est dit « triste et déçu ». Et au final, Don Carlo a dû présenter ses excuses aux supporters.

    « Nous sommes très tristes et déçus. Mais c’est ça, le football, et on repart avec cette tristesse. Elle est aussi grande que celle des fans. Nous sommes vraiment désolés », a-t-il reconnu en interview d’après-match.

  • Publicité
  • Rudiger Arsenal Real MadridGetty Images

    Une défense en lambeaux

    Il ne faut pas être un expert pour pointer les problèmes défensifs du Real. Encaisser neuf buts en deux matchs, c’est déjà problématique. Le faire face à son rival historique, c’est carrément humiliant. Deux fois, le Barça a transpercé Madrid avec une facilité déconcertante. Le scénario est presque toujours le même : le milieu madrilène s’effondre, Pedri – ou un autre maître à jouer catalan au profil léger – s’infiltre dans les intervalles, transmet sur l’aile à Lamine Yamal ou Raphinha, qui centre pour un attaquant bien placé. En clair, Madrid encaisse systématiquement le même type de but.

    Carlo Ancelotti ne s’en cache plus : son entrejeu ne tient pas la route. Après avoir expérimenté un 4-3-3 – largement exposé lors du Clasico de l’automne dernier – il est revenu à un 4-4-2 plus classique. Une formule qui oblige à sacrifier Rodrygo et à limiter l’influence offensive de Jude Bellingham, mais qui reste, selon lui, la plus solide défensivement.

    « Mon système préféré est le 4-4-2, car je pense qu’on défend mieux. J’y suis très attaché parce que c’est le meilleur système pour bien défendre », a-t-il déclaré après la victoire poussive contre l’Athletic Club – un match que le Real aurait très bien pu perdre.

    Mais les problèmes ne s’arrêtent pas là. Bien défendre, c’est une question d’organisation, de choix des hommes et d’équilibre collectif. Dès qu’on retire quelques individualités clés, cet équilibre vole en éclats. Les blessures à répétition – Dani Carvajal, Eder Militao, et désormais David Alaba – ont fragilisé l’édifice. Lucas Vazquez a dépanné à droite, mais cela reste un ailier reconverti. Raul Asencio s’est bien intégré, mais il commet encore des erreurs de jeunesse. Résultat : Madrid est à découvert.

  • Kylian MbappeGetty

    Le problème Mbappé

    Et puis, évidemment, il y a le problème de l'homme de pointe. Sur le papier, les statistiques de Mbappé sont plutôt flatteuses. Avec encore quelques bonnes performances, il atteindra la barre des 40 buts pour sa première saison au Real Madrid. Difficile de présenter cela comme un échec. Pourtant, une impression persistante demeure : ça pourrait être bien mieux.

    C’est simple : Kylian Mbappé n’est pas un vrai numéro 9. Il peut occuper l'axe quand il le faut, mais c'est un repositionnement par défaut, pas une transformation naturelle de son style. En janvier, il affirmait pourtant que son adaptation était terminée. Je suis vraiment heureux. Je me suis adapté à l'équipe, je peux jouer comme je veux avec mes coéquipiers, avec de la personnalité. On prend tous du plaisir », avait-il lancé, non sans une pointe d'arrogance.

    Peut-être disait-il vrai. Peut-être a-t-il appris à évoluer ailleurs que sur son flanc préféré. Mais dans le jeu, il n’agit toujours pas comme un pur attaquant. Mbappé ne fait pas ces appels instinctifs propres aux avant-centres. Quand Vinicius déborde et cherche un centre en retrait, le Bondynois est souvent loin de la zone de vérité, bien trop éloigné du but.

    Et il n'est pas non plus ce point d’appui que Madrid pourrait rechercher – une lacune devenue criante face à Arsenal, lorsque les Madrilènes ont tenté plus de 30 centres... sans jamais trouver preneur.

    Est-ce que Mbappé rend Madrid moins performant ? La question peut se poser. Mais une chose est sûre : il ne les a pas rendus meilleurs non plus.

  • FC Barcelona v RC Celta de Vigo - La Liga EA SportsGetty Images Sport

    Candidats au Ballon d'Or - mais pas en blanc madrilène

    Ironie du sort : avant le début de la saison, tout portait à croire que Madrid alignerait plusieurs prétendants au Ballon d'Or. Vinicius, Mbappé et Bellingham semblaient devoir se livrer bataille pour la prestigieuse récompense, chacun ayant des arguments à faire valoir. Mais aujourd'hui, aucun des trois n'a vraiment une chance sérieuse. Peut-être que Mbappé pourrait refaire surface en cas de doublé Coupe-Championnat, combiné à un triomphe en Coupe du Monde des Clubs. Bellingham pourrait aussi, à la rigueur, espérer un miracle. Mais les vrais favoris évoluent dans l'autre camp. Et ils sont terriblement dangereux.

    Lamine Yamal, même s’il n’est pas (encore) le nouveau Lionel Messi, est peut-être le meilleur joueur du monde à l’heure actuelle. Ses 16 buts et 21 passes décisives toutes compétitions confondues sont impressionnants. Mais c'est surtout son influence qui frappe. Yamal joue avec une maturité déconcertante. Il affole les défenses par ses dribbles et ses feintes, et il lit les espaces et les trajectoires avec une intelligence bien supérieure à son jeune âge. Le voir remporter un Ballon d'Or serait exceptionnel – et ce ne serait sans doute que le premier d’une longue série.

    Malheureusement pour Madrid – et peut-être même pour Yamal – il y a un autre phénomène de l’autre côté du terrain. Raphinha s'est totalement réinventé sous les ordres d'Hansi Flick. Plus direct, plus tranchant, il est devenu l’atout supplémentaire qui sublime cette équipe de Barcelone. Si Yamal est l'artiste et Lewandowski le finisseur, Raphinha est devenu la lame acérée. Il transforme un Barça déjà très fort en une machine de guerre. Et il promet d'être un cauchemar pour Lucas Vazquez.

    Yamal, de son côté, jure que le Ballon d'Or ne l'obsède pas.« On n’en a pas parlé. Si on gagne les titres qui nous attendent, l’un d’entre nous le remportera, peu importe qui ce sera. Je suis très heureux pour Raphinha, je lui répète toujours que sa transformation est incroyable et qu’il traverse une période exceptionnelle. Le Ballon d'Or, ça ne m’inquiète pas », a-t-il confié.

  • Getafe CF v Real Madrid CF - La Liga EA SportsGetty Images Sport

    Plus rien à perdre

    La semaine dernière, la nouvelle que beaucoup de supporters madrilènes attendaient est tombée : Ancelotti ne sera plus sur le banc la saison prochaine. En un sens, c’est triste. C’est un immense entraîneur, qui a tout gagné, et qui a su accompagner l'évolution du Real, passant d’une machine à stars à une équipe plus équilibrée et rationnelle. Mais cette dernière transformation semble avoir été celle de trop. Ancelotti n’arrive plus à véritablement imprimer sa patte.

    Le football est cyclique. Même les meilleurs entraîneurs finissent par voir leur influence décliner. L’ère Ancelotti au Real touche sans doute à sa fin, mais cela pourrait bien offrir une dernière source de motivation pour cette finale.

    Cela fait plusieurs mois que l’ambiance n’est pas bonne à Madrid. Le vestiaire n’a pas "lâché" son entraîneur, mais l'atmosphère est lourde, sans enthousiasme.

    Alors, peut-être que ce Clasico tombe au meilleur moment. Deux défaites face au Barça cette saison, c’est déjà dur. Une troisième, en finale, avec un trophée en jeu, ce serait carrément catastrophique. Et franchement, il est difficile d’imaginer pire situation pour Madrid actuellement.

    Mais c’est précisément dans ce genre de contexte que les grands Madrilènes savent renaître : être dominés, encaisser sans rompre, planter un but contre le cours du jeu... et célébrer comme si c’était écrit depuis le début. Après avoir vacillé tant de fois cette saison, il serait grand temps pour le Real de signer un miracle. Peut-être que le Clasico de ce samedi sera enfin ce moment.