Alessia Russo, Alexia Putellas… Qui remportera le Soulier d’or de l’Euro 2025 ?

Dans un autre contexte, Pernille Harder serait sans doute bien plus haut dans ce classement. Mais la forme incertaine du Danemark à l’approche de l’Euro 2025 limite quelque peu ses chances. La star du Bayern Munich reste pourtant l’une des meilleures joueuses de la planète. Elle sort d’une saison éblouissante où son influence a été déterminante dans le triplé domestique du géant allemand. En sélection, c’est pareil : elle est capitaine, prend les responsabilités, dynamise les offensives… et tire les penalties.

Mais voilà, le Danemark est une équipe qui répartit souvent les buts entre plusieurs joueuses. Et surtout, le tirage au sort n’a pas été clément. Dans leur groupe figurent l’Allemagne, sacrée huit fois dans la compétition, la Pologne qui devrait jouer avec un bloc bas pour piéger ses adversaires, et la Suède qui, en juin, a corrigé les Danoises sur un score sans appel de 6-1.

Harder a les qualités pour finir meilleure buteuse de l’Euro. Ce ne serait pas une immense surprise vu son niveau et son expérience. Mais pour cela, encore faut-il que le Danemark parvienne à hausser son niveau collectif et à rallier les phases finales. Car sans un parcours long et ambitieux, même les plus grandes n’ont que peu de marge pour briller dans ce classement.

Alors que le doute plane toujours autour de la condition physique de Vivianne Miedema, Lineth Beerensteyn apparaît comme une option bien plus fiable pour incarner la principale arme offensive des Pays-Bas à l’Euro 2025. L’ailière de Wolfsburg arrive en Suisse après une saison remarquable en Allemagne, bouclée avec 17 buts en 20 matchs de Bundesliga – un record cette année. En sélection, elle a également brillé, avec trois réalisations lors de ses quatre premières sorties internationales en 2025.

Mais quelques bémols subsistent. D’abord, si Beerensteyn excelle dans l’art de se créer des occasions, sa finition peut parfois lui faire défaut. Ce manque de réalisme avait d’ailleurs coûté cher lors de la Coupe du monde 2023, notamment face à l’Espagne en quart de finale, où elle avait manqué plusieurs opportunités cruciales.

L’autre incertitude réside dans le parcours que pourront réaliser les Oranje. Le groupe des Néerlandaises est l’un des plus relevés du tournoi, avec la France, l’Angleterre et le pays de Galles. Si la sélection d’Andries Jonker ne parvient pas à s’extraire de cette poule particulièrement dense, les ambitions individuelles de Beerensteyn risquent fort d’être compromises. En revanche, si elle franchit ce cap et enchaîne les matchs, sa régularité pourrait la propulser dans la course au Soulier d’or.

Si elle doit souvent laisser la place à Alessia Russo du côté d’Arsenal, Stina Blackstenius reste bel et bien l’attaquante titulaire de la sélection suédoise. Dans le système de Peter Gerhardsson, la joueuse de 28 ans est un point d’ancrage essentiel, même si la Suède alterne parfois le chaud et le froid. Les résultats récents en Ligue des Nations en témoignent : deux nuls sans saveur face au pays de Galles, suivis d’un festival offensif contre le Danemark (6-1). Et cette inconstance, on la retrouve aussi chez Blackstenius, capable du meilleur comme du plus discret devant le but.

Mais il serait dangereux de la sous-estimer. Car dans les moments qui comptent, la buteuse répond souvent présente. En mai dernier, c’est elle qui a offert la Ligue des champions à Arsenal en inscrivant l’unique but de la finale face au FC Barcelone. Une preuve de sang-froid et de talent dans les grandes occasions.

En Suisse, la Suède aura une belle carte à jouer dans un groupe où seul l’Allemagne semble pouvoir lui contester la première place. Si les Blågult confirment leur statut et atteignent les phases finales, Blackstenius aura toutes les chances d’accroître son total de buts et de s’inviter dans la lutte pour le Soulier d’or. Sa régularité sera déterminante, mais les ingrédients sont là pour une campagne prolifique.

Depuis sa finale de l’Euro 2013, la Norvège peine à répondre aux attentes dans les grands tournois, malgré une constellation de stars dans ses rangs. Entre une Ballon d’Or comme Ada Hegerberg et une finaliste comme Caroline Graham Hansen, les qualités offensives ne manquent pas. Mais cette fois-ci, l’histoire pourrait s’écrire autrement.

Le tirage a offert aux Norvégiennes ce qui ressemble au groupe le plus abordable de la compétition. La Suisse, pays hôte, n’a jamais atteint les phases finales dans un Euro. L’Islande ne compte qu’un seul succès en quatre éditions, datant de 2013. Quant à la Finlande, elle n’a plus vu les quarts depuis l’édition organisée chez elle en 2009. Autant dire que les joueuses de Gemma Grainger ont une autoroute devant elles pour rallier les huitièmes de finale, avec quelques occasions de soigner la différence de buts.

Reste à savoir qui portera l’attaque. Hegerberg et Elisabeth Terland se disputent le poste d’avant-centre, et cette incertitude rend difficile toute prédiction individuelle. Frida Maanum et Graham Hansen devraient inscrire leur nom au tableau d’affichage, mais celle qui pourrait bien créer la surprise, c’est Guro Reiten. L’ailière de Chelsea, pleinement rétablie de ses récents pépins physiques, est capable d’enchaîner les buts quand elle est en confiance. Et surtout, elle sera chargée de tirer les penalties de sa sélection, un atout non négligeable dans une course au Soulier d’or.

L’Italie aborde ce championnat d’Europe avec le statut d’outsider, une étiquette parfois encombrante tant elle semble souvent porter malheur aux équipes qui en héritent. Pourtant, il existe un vrai optimisme autour de cette sélection, logée dans un groupe abordable avec l’Espagne, la Belgique et le Portugal. Si l’affrontement face aux championnes du monde inquiète pour le classement, il pourrait au contraire inspirer les parieurs à miser sur Cristiana Girelli dans la course au Soulier d’or.

À 35 ans, l’attaquante de la Juventus sort d’une saison exceptionnelle. Dix-neuf buts en championnat pour offrir le titre à la Vieille Dame – son premier depuis 2022 –, doublés d’un doublé en finale de Coupe d’Italie face à la Roma. Une performance de vétérane, à l’image de son importance intacte avec la Nazionale, pour qui elle a inscrit trois buts lors de ses quatre apparitions en Ligue des Nations.

Les trois adversaires de l’Italie en phase de groupes sont loin d’être imperméables défensivement – l’Espagne y compris. Et si l’Italie parvient à sortir de sa poule, ce qui semble probable, Girelli pourrait enchaîner les buts dans un tournoi qui lui offre le bon tempo, au bon moment de sa carrière. Une candidate sérieuse, à ne pas négliger.

En d’autres circonstances, Marie-Antoinette Katoto aurait figuré bien plus haut dans ce classement. À 26 ans, l’attaquante tricolore n’a pas signé les statistiques impressionnantes auxquelles elle nous avait habitués au PSG cette saison. En cause, une relation tendue avec le coach Fabrice Abriel et un départ programmé qui a mis fin à onze années passées au club.

Malgré ce contexte difficile, elle a tout de même trouvé le chemin des filets à 12 reprises en seulement 16 titularisations en championnat. Et maintenant que son avenir est clarifié – elle s’est engagée avec l’Olympique Lyonnais début juin – Katoto retrouve un environnement plus stable. Ce nouveau départ pourrait libérer tout son potentiel au moment parfait : à l’approche de l’Euro.

Elle a toujours répondu présente dans les grands rendez-vous, comme en témoigne son bilan lors des Jeux olympiques de Paris 2024, avec cinq buts en quatre matchs. Si elle retrouve ce niveau d’efficacité, peu importe la complexité du groupe de la France – face aux Pays-Bas, à l’Angleterre et au Pays de Galles –, elle pourrait les porter très loin dans le tournoi. Et peut-être bien décrocher le Soulier d’or.

Classer une double Ballon d’Or aussi bas dans ce classement peut sembler étrange. D’autant qu’au vu de sa forme cette saison, Alexia Putellas pourrait bien en ajouter un troisième à son palmarès plus tard cette année, surtout si elle brille à l’Euro. Pourtant, son efficacité en sélection en 2025 laisse perplexe : seulement deux buts inscrits en Ligue des Nations, tous deux lors d’un large succès 7-1 contre le Portugal.

Cela ne signifie pas pour autant qu’il faille l’écarter de la course au Soulier d’or. La star du Barça reste une joueuse de classe mondiale, taillée pour les grands rendez-vous. L’été dernier encore, elle avait porté l’Espagne jusqu’en demi-finale des Jeux olympiques avec des prestations de très haut niveau. Capable de prendre les matchs à son compte, elle pourrait bien faire parler sa magie sur les terrains suisses.

Encore faut-il que Montse Tomé lui accorde la place qu’elle mérite. Si la sélectionneuse ne commet pas l’erreur de la laisser sur le banc, Putellas a les qualités – techniques, mentales et décisives – pour redevenir l’arme fatale de La Roja. Et dans une équipe aussi talentueuse, elle pourrait bien s’inviter dans la lutte pour le titre de meilleure buteuse.

Parier sur Alessia Russo comme meilleure buteuse de l’Angleterre à l’Euro 2025 semble plutôt sûr. Mais de là à la voir finir Soulier d’or du tournoi, c’est une autre histoire. La faute à un groupe relevé pour les Lionesses, dans lequel même le Pays de Galles – considéré comme le maillon faible – affiche une solidité défensive remarquable.

Si l’Angleterre parvient à aller jusqu’en finale, Russo fera évidemment partie des prétendantes sérieuses au titre de meilleure buteuse. Cinq ou six réalisations sur la route d’une finale ne seraient pas surprenantes venant d’elle. Mais encore faut-il que l’équipe de Sarina Wiegman survive à une phase de groupes piégeuse, ce qui est loin d’être garanti.

En somme, tout dépendra de la confiance que l’on accorde aux chances de l’Angleterre dans ce tournoi. Si l’on croit à une nouvelle épopée pour les championnes d’Europe en titre, alors Russo est un pari crédible. Mais si l’on doute de leur parcours en Suisse, mieux vaudra sans doute se tourner vers d’autres profils plus prometteurs.

Si Claudia Pina était assurée d’un statut de titulaire à l’Euro, elle figurerait probablement tout en haut de cette liste. Meilleure buteuse de la dernière Ligue des champions avec 10 réalisations en seulement six titularisations, l’attaquante du Barça a également inscrit 20 buts en championnat… tout cela sans être systématiquement dans le onze de départ.

Le même scénario se reproduit avec la Roja. Dernier exemple marquant : la victoire face à l’Angleterre. Menée 1-0, l’Espagne a renversé la situation grâce à deux buts de Pina… inscrits en dix minutes, peu après son entrée en jeu. À seulement 23 ans, la Catalane ne se contente pas de participer : elle impacte directement le destin des matchs.

Avec une Salma Paralluelo en perte de vitesse, il ne serait pas étonnant de voir Montse Tomé revoir sa hiérarchie offensive. Et même si Pina devait rester un super-sub, ses statistiques prouvent qu’elle est capable de marquer à un rythme impressionnant, peu importe le temps de jeu. De quoi rêver au Soulier d’or, qu’elle démarre ou non les matchs.

Aucune joueuse n’a marqué plus que Lea Schüller en Ligue des Nations lors de la première moitié de l’année. L’attaquante du Bayern Munich devrait logiquement mener la ligne d’attaque d’une équipe d’Allemagne au potentiel offensif impressionnant. Cinq buts en six matchs pour elle, et un total collectif de 22 réalisations : les chiffres parlent d’eux-mêmes et placent Schüller parmi les grandes favorites pour le Soulier d’or.

Le groupe de l’Allemagne laisse, en plus, entrevoir de belles opportunités de briller. Ni la Pologne ni le Danemark ne semblent en mesure de freiner durablement la puissance offensive allemande, tandis que la Suède, plus coriace, pourrait tout de même laisser quelques espaces. Avec une telle force de frappe autour d’elle et un statut de titulaire indiscutable, Schüller a toutes les cartes en main pour empiler les buts.

L’Allemagne reste l’un des grands favoris du tournoi. Si Christian Wück parvient à maintenir cette dynamique collective et que l’équipe atteint les derniers tours, il ne serait pas étonnant que sa numéro 9 termine tout en haut du classement des buteuses. Schüller est prête, et l’Europe est prévenue.