Adrien Rabiot, le retour de l'enfant (presque) prodigue : Quand l'AC Milan ravive les regrets de la Juventus

L'histoire d'Adrien Rabiot à la Juventus, entamée à l'été 2019, fut loin d'être un long fleuve tranquille. Arrivé libre du PSG, avec le statut de gros salaire (7 millions d'euros annuels), le "Duc" a d'abord peiné à s'adapter. Ses débuts furent laborieux, marqués par un déficit physique et des performances en dents de scie, ne disputant que 21 matches comme titulaire en championnat lors de sa première saison. Des sifflets ont parfois accompagné ses sorties, mais le Français, surnommé le "Cheval Fou" pour ses courses inlassables, a su faire preuve de résilience. Progressivement, il gagne la confiance de ses entraîneurs successifs, notamment de Massimiliano Allegri, avec qui il entretient une relation quasi "père-fils". Sous sa direction, Rabiot mûrit, prend ses responsabilités, et devient même vice-capitaine, portant le brassard pour la première fois face à… l'AC Milan, en octobre 2023. De leader vocal, il devient un leader par l'exemple, reconnu pour son "moteur différent".

L'idylle, pourtant bien entamée, va s'achever sur un malentendu et une rupture sèche. Au cœur de la discorde : la politique sportive du club et les négociations contractuelles. Rabiot, devenu un pilier avec 212 matchs et 22 buts sous le maillot bianconero, aspirait à plus. Il se sentait frustré par un recrutement jugé insuffisant et n'avait "pas le sentiment qu'il voulait construire quelque chose d'important", selon ses dires à la Gazzetta dello Sport. Les discussions pour une prolongation, un contrat de deux ans à 7,5 millions d'euros nets annuels, n'aboutissent pas. Rabiot temporise, attend des offres supérieures, et agace la direction, notamment Cristiano Giuntoli, qui se sent "utilisé". Mais le coup de grâce viendra de Thiago Motta. Arrivé à la tête de la Juventus, l'entraîneur, qui connaît bien Rabiot depuis le PSG, partage la décision de Giuntoli. Le milieu de terrain est perçu comme le symbole d'une Juventus que Motta veut "changer radicalement". Le 18 juillet 2024, il clôt le dossier d'une formule polie : « Adrien : son contrat a expiré le 30 juin, nous lui souhaitons un bel avenir ». Le brassard de capitaine, qui lui était promis, ne lui sera jamais transmis.

L'été 2024 fut un intermède étrange pour Rabiot, passé sans club, à attendre des appels d'Angleterre qui ne viennent pas. Son avenir semblait s'écrire du côté de Marseille, un compromis qui finit par capoter après le fameux pugilat en vestiaire avec Jonathan Rowe. Un épisode minimisé par le joueur mais qui a précipité son retour en Italie, direction l'AC Milan. Un choix inattendu, mais où il retrouve un certain Massimiliano Allegri. Depuis septembre, Rabiot s'est parfaitement adapté à Milan. Il s'y est déjà imposé comme un joueur clé, décisif, prouvant que son niveau est intact et que les regrets peuvent être nombreux à Turin. Ce dimanche, c'est bien en tant que pièce maîtresse de l'AC Milan qu'il retrouvera le Juventus Stadium, avec l'ambition de faire trembler son ancienne maison.

"Ce ne sera pas un match comme les autres", a-t-il admis, avec le sourire de celui qui sait qu'il a généré des "millions de regrets". Les tifosi de la Juventus, partagés, devraient lui réserver un accueil contrasté. Certains salueront l'ancien vice-capitaine qui a tout donné pendant cinq ans, offrant quatre titres au club. D'autres lui reprocheront les atermoiements de son départ et le verront comme un "traître" aux couleurs rossonere. Quoi qu'il en soit, l'ambiance promet d'être électrique. Pour Rabiot, l'émotion sera là, c'est certain, mais le professionnalisme prendra le dessus. "Je suis un joueur du Milan, je vais essayer de faire le maximum pour gagner cette partie", a-t-il affirmé. Ce match sera plus qu'une simple confrontation ; ce sera un face-à-face avec son passé, un testament d'une relation complexe, faite d'amour, de frustration et de malentendus. Un rendez-vous qui, à coup sûr, ajoutera un nouveau chapitre à l'histoire tourmentée et fascinante d'Adrien Rabiot en Serie A.