Séparés de quatre points dans un classement de Serie A que domine Naples, cette dernière et la Juventus Turin devraient se livrer un duel qui promet vendredi soir au San Paolo. Face à la sextuple championne d'italie en titre, l'équipe dirigée par Maurizio Sarri pourrait bien, comme à son habitude, ne pas spéculer dans son approche de la rencontre et chercher à prendre l'initiative devant son public. En face, la Juventus Turin, qui se montre toujours compétitive, possède un peu moins de certitudes dans son effectif, qui a dû voir Leonardo Bonnucci prendre la direction de l'AC Milan ainsi que Daniel Alves voguer vers le PSG durant l'été.
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Cet affrontement est surtout celui de deux idées diamétralement opposées. Naples, sous la direction de Maurizio Sarri, s'est toujours caractérisé par une volonté immuable de produire du jeu, d'être l'acteur du match plutôt que d'opérer dans un registre réactif. La continuité dans le projet entrepris est une valeur ajoutée indéniable dans l'optique de lutter pour un possible Scudetto, véritable objectif de l'équipe cette saison. Mertens, Callejon, Insigne, Jorginho et d'autres sont tous restés cet été afin de gagner ce championnat, ce qui serait une première depuis 1990. Naples joue de façon très intense, étant tributaire de son niveau d'inspiration général, mais le fait de jouer de mémoire l'aide à développer son jeu avec un onze type clairement défini. Si son attaque est souvent valorisée, sa défense a effecuté de grand progrès. Massimiliano Allegri, l'entraîneur de la Juve, n'a pas manqué de le souligner en conférence de presse : "Naples joue un beau football, et je dirais qu'ils ont vite appris à passer du côté défensif, ce qui, entre autres, a toujours été la force de l'entraîneur, Maurizio Sarri. Maintenant, ils ont compris que pour gagner des championnats, vous devez avoir la meilleure défense. Regardez les chiffres, vous ne pouvez pas échapper à cela. Naples est premier, a encaissé neuf buts, l'Inter est deuxième avec 10, nous sommes troisièmes en encaissant 14 buts mais il y a la Roma avec un match de moins pour nous égaler et - si je ne me trompe pas - la Roma a concédé neuf buts. C'est ce que le classement vous dit. Je le répète, les 10 dernières saisons ont toujours dit la même chose: la meilleure défense gagne le championnat."
Au niveau mental, Naples exige de grand sacrifices à ses joueurs, et il faudra pouvoir maintenir un niveau de forme adéquat afin de performer au mieux durant la saison, surtout que l'équipe, aussi bonne soit-elle avec son onze type, ne dipose pas forcément d'un banc très ample dans le but de faire tourner son effectif. Pour autant, l'équipe bénéficie d'une affection particulière. Daniel Alves, passé par la Juve, a livré son sentiment sur Naples et son impact dans le Clacio : "J’espère que la Juve comme le football italien comprendront qu’il faut changer quelque chose, parce que le football mondial l’a fait. Le niveau du foot italien a baissé, les équipes italiennes ne brillent plus sur la scène européenne. Il faut changer et s’inspirer de Naples", a-t-il indiqué à Sky Sport Italia.
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La Juventus, justement, ne performe pas autant que par le passé dans cet exercice 2017-2018. La Vieille Dame a déjà connu deux défaites, au même titre que la Roma et la Lazio pendant que Naples et l'Inter Milan sont toujours invaincus. Naples représente un football aux antipodes ce celui que l'on peut se faire du football italien. En revanche, la Juventus Turin, elle, a toujours eu dans son ADN, un sens très marqué de la victoire, peu importe la manière afin de l'obtenir. La Juventus, dans son histoire, n'a pas toujours été très performante, mais a gagné grâce à de nombreux autres aspects: le caractère, la mentalité, les règles et les joueurs forts. Dans le futur, il sera difficile de voir la Juventus jouer comme Naples parce qu'ils ont une philosophie de football différente, totalement opposée. Le but de la Juventus est clair: gagner, pas bien jouer. Avant le quart de finale aller de la Ligue des champions 2017 contre le Barça, Massimiliano Allegri avait synthétisé sa vision du football, qui s'incrit dans ce fameux ADN de la Vieille Dame : "Je suis très content pour ceux qui arrivent à faire du football un spectacle, mais en ce qui me concerne, si vous voulez voir du spectacle, vous devriez aller au cirque."
En général, pour la Serie A, c'est très positif de disposer d'autant d'équipes qui peuvent jouer à des niveaux élevés comme le font Naples, l'Inter Milan, la Roma, la Juve ou la Lazio Rome. Le niveau de Naples, compte-tenu de l'excellent travail de Sarri, ne peut être facilement atteint par n'importe qui. Mais, comme l'a fait savoir Gianluigi Buffon en octobre dernier, la Vieille Dame ne veut pas suivre et ne suivra jamais le chemin emprunté par les coéquipiers de Lorenzo Insigne : "Nous sommes deux équipes qui jouent un style de football très différent et qui avons des qualités différentes. Nous ne voulons pas jouer comme Naples, cela ne représente pas notre idée du football, et vice versa." Ces deux visions du football vont s'opposer, vendredi soir dans un San Paolo qui devait être aussi incandescent que lors de ses plus belles heures. L'objectif lui, sera commun : la victoire.




