Le match parfait reste un mythe dans le microcosme du football. À partir de quel seuil de performance peut-on considérer qu'une prestation a été "parfaite" ? Sous quels critères et pour quel poste ? Existe-t-il un mètre-étalon ou une référence universelle ?
Leo Messi a apporté des éléments de réponse avec sa production absolument dantesque contre Valladolid, lui qui a été impliqué sur 4 buts sur les 5 de son équipe (2 réalisations et 2 passes décisives) avec également 4 occasions créées et 4 tirs cadrés à son actif. Le natif de Rosario a d'ailleurs marqué ses 100e et 101es buts depuis qu'Ernesto Valverde a posé son auguste postérieur sur le banc du Barça. Un banc, qui sans les inspirations de La Pulga aux 619 buts en carrière, aurait eu depuis longtemps des allures de siège éjectable au mécanisme défectueux pour le coach espagnol.
Mais ce n'est pas tout. Messi en a aussi profité pour inscrire son 50e coup franc direct en carrière (44 avec Barcelone, 6 avec l'Argentine). 90 ballons touchés, 57 passes dans le camp adverse, 7 dribbles réussis dont un magnifique petit pont pour lancer un contre... Mardi soir, Messi a aussi rendu ses coéquipiers meilleurs et ce n'est pas Arturo Vidal qui ira nous contredire.
On en oublierait presque que le Barça est passé provisoirement leader grâce à ce succès, tant Messi a absorbé les débats. D'ailleurs, où serait le club catalan aujourd'hui si son lutin ne s'était pas blessé en pré-saison, ratant une grosse partie de l'entame de campagne ?
Difficile de répondre avec exactitude à toutes ces questions. Ce soir, il est même difficile de parler, de jauger, d'évoquer la prestation de Messi. Comme si rien que le fait d'essayer de coucher un trivial vocabulaire sur une telle symphonie la salirait. La galvauderait. On ne peut pas noter une telle performance. Ou plutôt si, sur du papier à musique. Les mots n'ont pas leur place. Les chiffres sont dérisoires. Les lettres ? Oui, mais de noblesse.
La meilleure réaction à un aussi vulgaire étalage de puissance nous vient peut-être d'Oscar Plano. Le numéro dix de Valladolid qui s'est carrément arrêté de jouer après avoir vu Messi partir dans son dos à la suite d'un contrôle orienté en une touche de balle se muant en petit pont. Le silence. La résignation. Parce qu'on fond, nous le savons : face à un tel joueur, il n'y a plus rien d'autre à faire.




